31 décembre 2004

[Aletheia n°68] Bons points et coups de règle

Aletheia n°68 - 30 décembre 2004
Bons points et coups de règle


Dans Le Sel de la Terre, la revue trimestrielle éditée par le couvent de la Haye-aux-Bonshommes (49240 Avrillé), on trouve toujours des articles qui retiennent l’attention. Ainsi, dans le dernier numéro paru, n° 51, hiver 2004-2005, 14 € le numéro, on peut lire un intéressant dossier, d’une soixantaine de pages, consacré au P. Fahey (1883-1954), spiritain irlandais, théologien du Corps mystique et de la royauté sociale du Christ.
Mais ce même numéro contient aussi, en fin de livraison, huit pages anonymes, qui, sous le titre “ Informations et commentaires ”, sont une distribution de bons points et de coups de règle sur les doigts. Tour à tour, sont cités à comparaître devant les sévères juges d’Avrillé, Olivier Pichon, directeur de la rédaction de Monde et Vie ; Jean Madiran, directeur de la rédaction de Présent ; enfin, le seul et unique rédacteur de cette pauvre Aletheia. On laissera aux deux éminents directeurs des publications citées, le soin de répondre – s’ils en ont le temps et le goût –  à l’honorable rédacteur anonyme.
Concernant Aletheia, l’anonyme du Sel de la Terre me reproche d’être allé “ à la rescousse d’Emile Poulat ”. L’honorable anonyme se récrie : personne n’a jamais laissé entendre qu’Emile Poulat était franc-maçon ou proche de la franc-maçonnerie.
De qui se moque-t-on ? Quand on cite neuf noms, qu’Emile Poulat est le premier nom cité, et qu’après avoir énuméré les neufs noms on poursuit : “ tout ce monde [1] est, d’une part plus ou moins influencé par les idées de Julius Evola ou de René Guénon et d’autre part souvent lié à la franc-maçonnerie ”, il y a bien amalgame et approximation.
Quand on traite de ce genre de sujet par allusion, sous-entendu et amalgame, on n’est pas loin de la calomnie et de la médisance. Le paragraphe accusateur de Christian Lagrave dans Lecture et tradition a été repris textuellement par Le Sel de la terre, puis par Sous La Bannière puis par Action Familiale et Scolaire. On aimerait, pour l’honneur d’Emile Poulat et de Jean Borella, que ces revues publient des rectificatifs sinon des excuses.
Au début du siècle déjà, quand la campagne antimoderniste et antilibérale avait pris une tournure trop personnelle, les Etudes (janvier 1914) avaient publié un article retentissant, “ Critiques négatives et tâches nécessaires ”. La célèbre revue jésuite, qui se revendiquait, elle aussi, au rang des “ catholiques intégraux ”, s’était indignée :
 “ Quelle pitié de voir ravaler ainsi à des questions de personnes les questions doctrinales de la plus haute gravité ! (…) Chaque semaine, le lecteur attend avec impatience son numéro, en se disant : A qui le tour ? Il ne s’inquiète plus guère de ce qu’est le modernisme ou le libéralisme. Foin des graves problèmes, du souci des précisions et des questions de nuances ! L’important est d’enrichir de quelques noms sensationnels la galerie des suspects ! ”.
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Revue des revues
. La presse s’est fait l’écho du “ Communiqué ” de Mgr Bruguès, évêque d’Angers et président de la Commission doctrinale de l’épiscopat, consacré aux ouvrages de Jacques Duquesne et du P. Dominique Cerbelaud. Ce communiqué a été suivi d’une “ Note doctrinale ”, beaucoup plus développée, consacrée au livre de Jacques Duquesne et d’un “ Résumé ” de cette analyse critique. Ces deux dernières interventions de la Commission doctrinale ne sont, pour ainsi dire, jamais citées. On trouvera le texte de ces trois interventions doctrinales dans la Documentation catholique (3 rue Bayard, 75008 Paris – 4,50 € le numéro), n° 2326, du 19 décembre 2004. Une note doctrinale sur le livre du P. Cerbelaud “ devrait paraître ultérieurement ”.
. J’ai rappelé, dans le dernier numéro d’Aletheia, plusieurs articles et études critiques qui avaient été consacrés au premier, et important, livre de Jean Borella, La Charité profanée. Le P. Lous-Marie de Blignières nous rappelle qu’il avait consacré une “ recension respectueuse et critique ” à un autre livre de Jean Borella, Le Sens du surnaturel. Effectivement, cette longue étude critique, de vingt pages, peut se lire dans le n° 61, automne 1997, de Sedes Sapientiæ (53340 Chémeré-le-Roi).
. Dans le numéro de janvier 2005 de La Nef (B.P. 48, 78810 Feucherolles, 6 € le numéro), on peut lire un très important débat consacré à “ La France : mort, déclin ou renaissance ? ”. Y ont pris part Mgr Brincard, évêque du Puy-en-Velay, Paul-Marie Coûteaux, député européen “ souverainiste ”, Patrice de Plunkett et Jean Raspail. Dans ces huit pages très denses, on relèvera, entre autres, ces analyses de Mgr Brincard : “ il y a une crise grave, cette crise est à la fois intellectuelle et spirituelle. Comment sortir de cette crise ? Sera-t-elle l’occasion d’un retour non pas au passé mais aux sources, ou ouvrira-t-elle le chemin au déclin ? Pour ma part, je pense qu’il y aura un renouveau mais, comme tout renouveau profond, il passera par la croix ”.
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Rappels 
. Le dernier livre de Jean Madiran, La trahison des commissaires, publié aux éditions Consep, est disponible aussi à Aletheia au pris de 10 € franco de port.
. Un “ abonnement-liberté ” au quotidien Présent est possible par un prélèvement automatique mensuel de 27,45 € par mois (formulaire à demander à Présent, 5 rue d’Amboise, 75002 Paris).
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Au seuil de cette nouvelle année, je fais mien ce vœu exprimé par Mgr Brincard : “ Retrouvons l’espérance en faisant ce qui, avec l’aide de la grâce de Dieu, dépend de nous ”.
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[1] Souligné par moi.

15 décembre 2004

[Abbé Christophe Beaublat, fsspx - Le Bachais] "Parfois Détruire, Souvent Construire, Toujours Servir!"

Abbé Christophe Beaublat, fsspx - Le Bachais - Novembre - Décembre 2004

"Parfois Détruire, Souvent Construire, Toujours Servir!"
LE BACHAIS
Bulletin du prieuré Saint Pierre-Julien Eymard n°56
Novembre - Décembre 2004
« Le grand mal des temps, c'est qu'on ne va pas à Jésus-Christ..., et surtout à Jésus dans l'Eucharistie. » Saint Pierre-Julien Eymard

Chers Amis et Bienfaiteurs,
Il me semble qu'en cette période de ténèbres, où la Cité de Dieu est attaquée de toutes parts, il est bien nécessaire de faire nôtre cette belle devise du Génie, en lui trouvant des applications dans le combat quotidien.
1) Parfois Détruire
« Interdire au prêtre, parce qu'il est prêtre, l'invective, c'est accepter une image conventionnelle et artificielle du prêtre, qui a son origine ailleurs que dans l'Evangile et dans l'Eglise, étant l'image moderne du prêtre ou plutôt sa caricature bénisseuse, onctueuse, efféminée. Je ne veux pas ressembler à cette caricature dégradante ; je veux garder à portée de ma main le fouet dont s'est servi le Souverain Prêtre, seul vrai modèle des prêtres ministériels »  (Abbé Berto, La Pensée Catholique, n°45-46).
La Cité de Dieu, disais-je, est attaquée de toutes parts : de l'extérieur et de l'intérieur.
De l'extérieur : la découverte récente d'un complot chez nos confrères d'outre-Rhin. Le Cardinal Dario Castrillon Hoyos, engeance de vipère, a été pris la main dans le sac, tramant un ralliement, très limité rassurez-vous, de prêtres allemands, un peu dans le genre de ce qu'il a misérablement obtenu à Campos. La tentative a échoué, et c'est tant mieux : tenons-nous sur nos gardes. Prions pour ces gens-la, bien sûr, discutons avec eux, éventuellement... mais qu'ils évitent de nous prendre pour des benêts !
De l'intérieur : le développement, chaque jour un peu plus facile à constater, d'une maladie qui nous ronge, le cancer gnostique, avec ses tumeurs néopaïennes ou ésotériques. Le fouet, il va donc falloir le manier un peu, sur l'échine des blasphémateurs néo-païens et de leurs affidés, et vous trouverez en pages 4-6 des modèles de tracts à diffuser sans modération.
2) Souvent Construire
7 messes le dimanche, 3 messes avec prédication en semaine, la direction et l'aumônerie d'une école de 54 élèves, l'aumônerie d'une 2e école, des cours de catéchisme pour enfants et adultes, une conférence mensuelle, trois sessions d'étude pour la formation des adultes, un Cercle de Formation des Animateurs mensuel (cadres MJCF, un déplacement mensuel dans les Hautes Alpes (Briançon et ND du Laus), la Croisade Eucharistique, les directions spirituelles, les préparations au mariage et les visites aux   malades (dispersés un peu partout dans les montagnes). Tout cela nous le faisons pour vous, chers amis, car nous aimons vos âmes et que notre plus cher désir est de vous emmener avec nous au Ciel, si Dieu veut.
Je recommande à vos prières notre excellent confrère, Monsieur l'Abbé Juan-Carlos Cériani (du métal dont on fait des épées !), maintenant à Dijon (desservant Besançon), notre 5e mutation en 2 ans (mais ici il n'y a ni pleur, ni grincement de dents : un pet de lapin dans un ciel serein... quoique nous souhaitions tous un peu plus de stabilité...).
Et je vous demande de bien prier pour la nouvelle équipe : Messieurs les Abbés Bruno Duthilleul, Dominique Lagneau, Vincent Grave, et votre serviteur. J'en profite pour manifester ma gratitude pour le soutien des Foyers Adorateurs.
3) Toujours Servir
Oui, chers amis, avec la grâce de Dieu nous nous efforçons de servir. Servir !e Christ-Roi, bien sûr, non pas « servir la soupe » à Alain de Benoist ou Emile Poulat...
« Forteresses missionnaires » (Mgr Tissier de Mallerais), «Bastions de la foi et phares de la chrétienté» (Mgr Lefebvre) : voici ce que sont nos prieurés, et Meylan ne fait pas exception, vous l'imaginez bien, « Le prieuré idéal se trouvera, non en pleine ville, mais à la périphérie et déjà à la campagne, pour garantir au prêtre le recueillement nécessaire et le prémunir contre des visites incessantes de fidèles. La chapelle, située en ville, sera au contraire le lieu privilégié de l'apostolat » (Mgr Tissier de Mallerais, nous Iivrant la pensée du fondateur, in Marcel Lefebvre, une vie, p, 539).
Et vous aussi, chers amis, vous devez vous protéger, vous-mêmes et ceux qui vous sont chers ; « II y a une préservation, un éloignement, une séparation donc un renoncement qui est inévitable si on ne veut pas être contaminé par l'esprit du monde. C'est comme s'il y avait la peste qui se généralise. Une fois qu'on a attrapé la peste, c'est très difficile de s'en sortir. Le meilleur remède, c'est de ne pas l'attraper, de l'éviter. Et pour l'éviter, iI faut prendre des mesures. Eh bien, ici c'est la même chose ! Plus le temps passe, plus la solution pour persévérer, pour nous maintenir c'est l'éloignement, la séparation de ce monde » (Mgr de Galarreta, Sermon des Ordinations, Ecône, 29.06.04, donné in extenso dans Le Sel de la Terre n° 50, automne 2004, pp. 222-228). Et que les esprits superficiels, mondains et libéraux, évitent de dire que cela nuit à l'apostolat, car l'expérience prouve le  contraire : les âmes assoiffées de vérité vont spontanément vers ceux qui leur proposent l'intégralité du message évangélique, sans atténuation ni amoindrissement. Elles se méfient à juste titre des imitations et exigent l'authenticité.
« Intégrisme : si l'on entend par là le respect de l'intégralité du dogme, du catéchisme, de la morale chrétienne, du Saint Sacrifice de la messe, alors oui nous sommes des intégristes. Mais je ne vois pas (...) ce que peut être un catholique qui ne serait pas intégriste dans ce sens-là » (Mgr Lefebvre, in Lettre ouverte aux catholiques perplexes, p. 216, 4 juillet 1984).
Sous l'étendard de l'Immaculée, forte comme une armée rangée en bataille,
Je vous bénis !
Abbé Christophe Beaublat.

Avertissement : le texte qui suit procure, nous l'espérons l'occasion de réduire un peu la morosité.
Néanmoins, dans des cas très rares, il est possible qu'apparaissent des petits signes d'irritation (tremblement, papillotement des paupières, voix saccadée, regard instable, gestes vifs et maldaroits,...). Si cela persiste au-delà d'une semaine, consulter son médecin traitant.

Annexe :
Nous venons de, recevoir un follicule jaune-canari, intitulée Paul Sernine répond à ses lecteurs, aux Éditions du Zébu (!).  Il faut beaucoup d'efforts pour y voir un début de contrition. Le Zébu se garde bien d'aborder le fond de son livre, pour ne considérer que la forme, sur laquelle il aurait été injustement attaqué. J'invite aimablement Sernine, Gricha, Zébu, et pourquoi pas Bozo le clown, Rantanplan ou Casimir (le monstre gentil), à noter les points suivants :

1) dans nos montagnes, aucun arrêté préfectoral n'interdit la chasse au zébu. Or, nous avons enregistré deux messages forts dans Fideliter :
a) La Paille et le Sycomore n'a reçu aucune approbation particulière des autorités du District de France au en tout cas, pas plus et pas moins que Les galipettes de Petit-Ange (cf. Fideliter n°161, septembre-octobre 2004, p. 39).
b) Le débat doit continuer (ibidem, p. 40).
2) A l'occasion du décès de Jean Vaquié (1992), la presse amie, unanime, salua le départ d'un grand monsieur, valeureux combattant anti-libéral et spécialiste incontesté de la Contre-Révolution (entre autres, Monde et Vie, dans son n° 542, texte reproduit par Le Sel de la Terre, n° 50,  2004, pp. 252-253).
3) Dans son sac à malice, Sernine met Jean Vaquié au rang des plus grands pécheurs, responsable des pires corruptions intellectuelles et morales, de ces criminels dont on n'ose à peine prononcer le nom. Tout juste s'il ne propose pas une cellule d'aide psychologique, pour les malheureuses victimes qui auraient été en contact avec l'ignoble psychopathe. Relire très précisément les pages 9, 53-57, 155, 164-166, 174-177, et 183.
4) En pages 179-133, Sernine accuse Jean Vaquié (adversaire irréductible du néo-paganisme) d'être complice de la Nouvelle droite (qu'il dénonce a juste titre comme anti-chrétienne, en donnant plusieurs exemples), et là nous formulons deux hypothèses :
a) C'est du Kolossal humour au 33e degré (peu vraisemblable).
b) C’est, à l'état chimiquement pur, le plus bel exemple de mauvaise foi qu'on puisse trouver, un monument d'hypocrisie ; à découper, agrandir, encadrer, et afficher au mur du Musée de la Désinformafion. Il y a du Voltaire chez cet homme, et ce fameux texte devra figurer en bonne place dans une anthologie du pharisaïsme.
5) Sernine aborde le problème de la Nouvelle Droite, et il semble avoir le haut-le-coeur en imaginant -quelle horreur- une éventuelle collaboration avec ces monstres ! Pourtant...
a) II fait éditer son livre par un ami intime d'Alain de Benoist, chef de file de cette fumeuse école de pensée.
b) Cet ami intime pourfend les «complotistes» et défend Sernine, en plagiant Alain de Benoist (cf. Lecture et Tradition, n" 324, février 2004, pp. 32-34).
c) Les adversaires farouches de Sernine sont tous des bons connaisseurs de la Nouvelle Droite, qu'ils combattent depuis longtemps.
d) Les quelques recensions très favorables dont Sernine a bénéficié sont toutes le fait de «pIumitifs grenouillant» dans la mouvance Nouvelle Droite. On relira avec profit le très instructif chapitre 34 du Libéralisme est un péché (réédité par Avrillé), car Sernine nous apporte un cas d'école idéal NB : «Jamais plus qu'aujourd'hui la lecture de ce livre est nécessaire pour tous ceux qui veulent se désintoxiquer des erreurs du Libéralisme», écrivait Mgr Lefebvre, dans la préface accompagnant l'édition de 1975.
e) Herr professor, Alain de Benoist himself, fin connaisseur, n'a pu que décerner des louanges à son élève. Lisons attentivement ce que, plein d'admiration, il a écrit dans le livret scolaire de ce dernier : «Catholique traditionaliste lui aussi, mais d'une tendance plus raisonnable, Paul Sernine (...) n'a pas de mal à démontrer que ce délire repose sur une «énormité psychologique». Il le fait avec une réjouissante alacrité, assise sur une documentation impeccable» (Éléments, printemps 2004, citation complète reproduite par Le Sel de la Terre, n° 49, été 2004, pp. 201-202). On n'est jamais trahi que par les siens !
6) Après le Bâchais n° 54, j'avais été prié de remettre l'épée au fourreau, ce que j'avais fait immédiatement. Avec le recul, il me semble qu'il y avait eu une petite confusion sur la composition de lieu. En effet la référence scripturaire n'était pas St Mathieu XXVI, 51, mais plutôt Daniel XIII. Alors ?... Sycomore, chêne ou lentisque?
7) Avec l'esprit talmudique qui a soufflé dans La Paille et le Sycomore, il est possible de faire un procès stalinien aux meilleurs d'entre nous . Prenons un exemple tout simple : le dernier catalogue Clovis (novembre 2004, n° 45, pp, 9 et 23). Une intelligence tordue pourrait relever deux faits et les présenter comme « étonnants et inquiétants » :
a) «Voyons donc attentivement cette encyclique Humanum genus, à laquelle nous devons accorder quelque attention, parce que si l'on étudie bien ce qu'est la maçonnerie à l'exemple des papes, on tient la clef de tout ce qui se passe actuellement» (cf. C’est moi l'accusé qui devrais vous Juger, p. 67).
b) La présence d'un auteur, Régis Bayer, bien connu pour ses convictions néo-païennes, et surtout... directeur de collection au Porte-Glaive (cf. Les droites nationales et radicales en France, p, 455), maison d'édition que personne ne connaissait, avant que Sernine n'en dénonce la perversité ! (cf. La Paille et le Sycomore, p. 180)...
8) Nous ne désirons qu'une chose : la Justice. Tant que justice n'aura pas été rendue, avec la réparation proportionnée au scandale occasionné, il y aura une guerre inexpiable. J'ai déjà célébré plusieurs fois les saints mystères pour la conversion de Sernine (motu proprio, ou à la demande de certains fidèles), et je continuerai à le faire. J'attends toujours, avec calme et confiance, le règlement prochain de cette lamentable querelle qui divise la Tradition.

12 décembre 2004

[Aletheia n°67] Mgr Rey : "On ne peut être catholique et franc-maçon"

Aletheia n°67 - 12 décembre 2004
Mgr Rey : “ On ne peut être catholique et franc-maçon ”
Après la claire intervention de Mgr Brincard, évêque du Puy, en 2002[1], un nouvel évêque français, Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, rappelle la position traditionnelle de l’Eglise sur la franc-maçonnerie et explique pourquoi l’appartenance à la franc-maçonnerie est interdite aux catholiques. Il le fait dans un long entretien à la revue La Nef, en conclusion d’un important dossier qu’il avait suggéré lui-même à la revue de réaliser.
Mgr Rey explicite trois raisons principales qui rendent condamnable la franc-maçonnerie au regard de la doctrine catholique :
-          Elle diffuse un enseignement de type gnostique : “ Elle prétend donner à ses adeptes une formation ésotérique, enseignement secret qui révèlerait le sens caché de l’univers. Tous les rituels font miroiter aux yeux des initiés l’acquisition d’une soi-disant “ Tradition primordiale ”, et d’une “ Lumière ” qui, au mieux, est celle de l’intelligence humaine, mais en aucun cas celle de la Transfiguration en Christ ”.
-          “ Le maçon soutient le primat et l’autonomie de la raison par rapport à toute vérité révélée ”.
-          “ Elle rejette tout dogme. Elle prône le relativisme, au prétexte de la tolérance absolue. Relativisme religieux qui met toutes les religions sur le même plan, les considérant comme des tentatives concurrentes pour exprimer la vérité sur Dieu qui, en soi, est inatteignable. […] D’autre part, la franc-maçonnerie prône le relativisme moral. Aucune règle morale n’est pour elle d’essence divine, donc intangible. La morale doit évoluer au gré du consensus des sociétés ”.
Dans son entretien avec Christophe Geffroy, Mgr Rey ne s’en tient pas à l’analyse doctrinale et à la mise en lumière des principes erronés et dangereux de la franc-maçonnerie. Il est lucide sur l’influence de la franc-maçonnerie dans la société française : “ Par l’entremise de cercles de pensées et de réseaux d’influence, bien des projets de lois votés par le Parlement ont été préparés dans le silence du temple. ”
D’autres points de cet entretien de trois pages mériteraient d’être relevés, notamment quand, parmi les “ réponses pastorales pertinentes ” à la franc-maçonnerie, l’évêque de Fréjus-Toulon invite les catholiques “ à investir le vaste champ politique, comme le rappelle si souvent le pape Jean-Paul II, à inventer de nouveaux modes d’apostolat sur des terrains autrefois occupés par les mouvements de type Action catholique, mais qui sont aujourd’hui déserts. ”
Le constat sur le “ désert ” et les nécessaires “ nouveaux modes d’apostolat ” ouvre la perspective sur la mission des laïcs. Vaste question où Mgr Rey, là aussi, fait preuve d’une lucidité réconfortante qui tranche avec les discours convenus de l’épiscopat français. 
Le dossier de 12 pages sur la franc-maçonnerie comprend les articles suivants [2] :
. Michel Toda, La franc-maçonnerie hier et aujourd’hui.
. Yves Chiron, Les rituels francs-maçons.
. Paul Airiau, L’Eglise et la franc-maçonnerie.
. Michel Toda, Les chimères du Père Riquet.
. Entretien avec Mgr Dominique Rey : “ On ne peut être catholique et franc-maçon ”.
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Pour l’honneur de Jean Borella et d’Emile Poulat
Plusieurs revues, relayées ou inspirées par des folliculaires internautiques, répandent la rumeur qu’Emile Poulat aurait des accointances avec la franc-maçonnerie. C’est sa direction de la revue Politica Hermetica et son dernier livre, Notre laïcité publique (Berg International, 2003), qui ont suscité cette campagne où l’amalgame rivalise avec l’approximation. Comme je l’ai déjà relevé[3], d’autres collaborateurs de Politica Hermetica ont eux aussi été mis en cause, leur point commun serait d’être “ souvent lié à la franc-maçonnerie ” (on appréciera l’imprécision !), et parmi eux, Jean Borella, collaborateur éphémère de P.H.
Le bon et sérieux dossier de La Nef sur la franc-maçonnerie est l’occasion de prendre à nouveau la défense de ces deux auteurs qui sont aussi des lecteurs bienveillants et attentifs d’Aletheia. Une rumeur non démentie ou une insinuation répétée deviennent des fausses vérités que l’on croit établies.
Jean Borella, philosophe et chrétien, a été un lecteur attentif et critique de René Guénon. Sa recherche spéculative l’a amené à produire des ouvrages importants sur le symbolisme, l’ésotérisme et le surnaturel. On peut contester certains aspects de sa pensée[4]. Mais laisser croire qu’il est franc-maçon est une calomnie et une mauvaise action. À la suite de ma précédente évocation de cette affaire, le Professeur Borella m’avait adressé une lettre dont je crois utile de reproduire la claire affirmation suivante :
Les insinuations de Ch. Lagrave concernant mon éventuelle appartenance à la F.M. sont évidemment fausses. La seule “ organisation ” à laquelle j’ai appartenu et appartiens toujours, c’est l’Eglise catholique, apostolique et romaine. Et, s’il plaît à Dieu, je lui appartiendrai toujours. Je me suis intéressé à la F.M., à son histoire et un peu à sa symbolique. Mais je n’ai jamais remis en cause les condamnations de Rome à son encontre.
Émile Poulat, lui, a protesté, auprès de deux revues qui le mettaient en cause, par des lettres qui apportent des rectifications et précisions propres à faire taire les calomnies. On aimerait que les revues en question publient, par honnêteté intellectuelle, les lettres d’Emile Poulat. Il écrit, entre autres affirmations claires : “ je n’ai et je n’ai jamais eu aucun lien, aucune accointance avec la franc-maçonnerie ”.
Émile Poulat, dans une de ces lettres, revient aussi sur la question de la laïcité et de la loi dite de séparation de l’Eglise et de l’Etat du 9 décembre 1905. À l’approche du centenaire de cette loi, il n’est pas inutile de citer l’état factuel de la question qu’il dresse en réponse à un de ses contradicteurs[5] :
Cette loi dite de “ séparation ”, qui l’a lue dans son texte publié au Journal officiel et aujourd’hui introuvable en librairie ? A-t-elle été condamnée ? Oui, par Pie X trois fois, et une fois par Pie XI en 1924. La condamnation a-t-elle été levée ? Non. L’interdit jeté par Pie X sur les associations cultuelles a-t-il été levé ? Oui, par Pie XI en 1924, au terme de longues négociations et sous la forme d’associations diocésaines. La loi de 1905 est-elle modifiable ? Oui, et déjà une dizaine de fois, la dernière en 1998. Ces modifications ont-elles été condamnées. Non : un modus vivendi jugé satisfaisant à Rome et en France a donc été trouvé dans le cadre d’une loi qui reste condamnée, mais dont la plus grande partie se trouve désormais sans objet et dont le reste a été amendé, interprété ou complété. La réalité qui nous gouverne, c’est le régime issu de cette loi, et d’autres, régime qui, lui, n’a pas été condamné. Le mot séparation lui-même ne figure dans aucun texte de loi et n’a aucune valeur légale : seulement rhétorique.
Sur cette question de la laïcité, le premier mérite d’Emile Poulat est d’être allé aux faits. Comme il l’a fait, depuis quarante ans, dans ses travaux sur le modernisme, sur l’intégrisme et sur l’antilibéralisme de l’Eglise. Ces travaux sont devenus des ouvrages de référence, salués aussi bien dans le milieu historique universitaire que dans les milieux traditionalistes (ou “ intransigeants ” comme disent les Italiens et Emile Poulat). Pourquoi, aujourd’hui, dans une frange de ces mêmes milieux traditionalistes, jette-t-on le soupçon voire la calomnie sur cet auteur ?  N’est-ce pas là une preuve de plus de l’affaissement intellectuel qui touche tous les milieux, y compris les milieux traditionalistes ?
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Mises au point sur Fatima (suite)
Les “ Mises au point sur Fatima ” publiées dans un récent numéro d’Aletheia (n° 65, 21 novembre 2004) ont suscité des réactions diverses. Philippe Maxence, rédacteur en chef de L’Homme Nouveau, me précise que le débat sur la question reste ouvert dans les colonnes de son journal, qui a publié, depuis, des courriers de lecteurs, contradictoires, sur le sujet[6].
M. l’abbé Aulagnier, directeur du site item.snoozland.com, rappelle qu’il avait publié un dossier sur le sujet et il a reproduit mon article du 21 novembre en le résumant ainsi : “ L’article d’Yves Chiron se veut apaisant et nous encourage à nous “reposer sur nos deux oreilles“. […] “Peuples, dormez en paix ! Rien de “ méchant ” ne se prépare à Fatima “ ”.
Le cher abbé, outre qu’il invente des expressions d’un langage familier que je ne permettrais pas d’utiliser dans un écrit, fait un résumé par trop cavalier de mes analyses.
Un lecteur belge, lui, m’accuse de vouloir “ cacher ” (sic) à mes lecteurs un article de Nouvelles de chrétienté (n° 89, septembre-octobre 2004), article de Vincent Garnier “ Les hindous à Fatima ”[7]. Loin de moi l’idée de cacher quelque article que ce soit sur le sujet. Mais, je n’ai pas vocation, ici, à établir des bibliographies exhaustives.    
Depuis, le dossier s’est enrichi d’une nouvelle pièce, une nouvelle “ mise au point ” publiée par Jeanne Smits dans le quotidien Présent, le 4 décembre dernier. Cette fois, elle publie le texte d’un communiqué, important, de Mgr Serafim de Sousa Ferreira, évêque de Leiria-Fatima, qui sonne comme un “ désaveu ” de ce qui s’est passé à Fatima le 5 mai dernier.
Pour clarifier la controverse, qui a pris une dimension internationale, et qui porte sur plusieurs points, on peut, je pense présenter les faits en trois étapes en les plaçant sous leur vrai jour :
- un congrès interreligieux a bien eu lieu à Fatima en octobre 2003. Déjà, au moment des faits, la FSSPX avait mobilisé ses prieurés et ses écoles pour faire prier contre ce “ nouveau scandale d’Assise ”. L’honnêteté pourtant commande de ne pas assimiler les deux événements. À Assise, en 1986, il y eut une réunion interreligieuse, à l’initiative et en présence de Jean-Paul II, pour prier, séparément. À Fatima, il y a eu un congrès d’études, organisé par le sanctuaire, en présence de diverses hautes autorités ecclésiastiques, mais cela ne s’est point fait à l’initiative du Saint-Siège ni sous son patronage. On doit convenir que plusieurs des interventions faites au cours de ce congrès étaient en contradiction flagrante avec la doctrine catholique mais aussi que les déclarations faites en la circonstance par le P. Guerra, recteur du sanctuaire, ont été déformées.
- Un groupe hindou (et non bouddhiste, comme l’écrit par détraction une des publications citées) est venu en pèlerinage à Fatima le 5 mai dernier. Des participants ont pu accéder à l’autel de la Chapelle des Apparitions. Mais, a précisé plus tard le recteur du sanctuaire : “ Le prêtre [hindou] a chanté une prière pendant quelques minutes. Il n’a fait aucun geste, n’a effectué aucun rituel sur ou en dehors de l’autel. ” C’était une prière pour la paix. Même ramené à cette dimension, l’événement reste choquant (on peut en voir des images sur le site du mensuel catholique américain Catholic Family News : www.oltyn.com). Et c’est lui qui, semble-t-il, a suscité la plus grande réprobation du Saint-Siège[8].
- La construction d’un nouveau sanctuaire a bien commencé à Fatima. Ni la chapelle construite sur le lieu des apparitions ni la basilique actuelle ne seront détruites ou abandonnées, le troisième édifice cultuel en construction est dédié à la Sainte Trinité. Reste un point à éclaircir, signalé par Jeanne Smits dès son article du 28 août et rappelé, à juste titre, par M. l’abbé Aulagnier dans son dernier article sur le sujet : un autre bâtiment, appelé “ Centre Paul VI ”, sera construit face à la nouvelle église. Il sera voué, dit le projet, à la “ documentation interreligieuse ”. Le mot peut recouvrir des choses très diverses. Si le futur Centre Paul VI organisait des réunions interreligieuses, et non pas de simples colloques ou congrès, il y aurait un risque de confusion très dommageable pour la foi.
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[1] Mgr Brincard, “ Il faut combattre la franc-maçonnerie ”, entretien accordé à Radio-RCF-Le Puy, reproduit intégralement dans Aletheia, n° 28, 16 avril 2002.
[2] La Nef (B.P. 48, 78810 Feucherolles), n° 155, décembre 2004, le numéro 6 euros.
[3] Aletheia, n° 62, 18 septembre 2004, p. 2-3.
[4] Son premier livre, La Charité profanée, publié en 1979, aux Editions du Cèdre du regretté abbé Lefèvre, avait fait l’objet de deux longues recensions louangeuses, et parfois questionnantes, de Louis Salleron et de Marcel De Corte dans Itinéraires (n° 234, juin 1979, p. 209-218, — photocopie à la disposition des lecteurs qui le souhaiteraient). Quelques années plus tard, j’ai publié un long entretien avec Jean Borella sur ce livre, et sur d’autres sujets, dans la revue L’Age d’Or (n° 5, 1986, p. 16-27, — photocopie à la disposition des lecteurs qui le souhaiteraient). L’abbé Basilio Meramo, de la FSSPX, a publié, lui, Les hérésies de la Gnose du professeur Jean Borella, Editions les Amis de St François de Sales (C.P. 2016 — 1950 Sion 2, Suisse), 1996, une brochure de 42 pages préfacée par Mgr Tissier de Mallerais.
[5] Arnaud de Lassus, “ Emile Poulat et la laïcité ”, Action Familiale et Scolaire (31 rue Rennequin, 75017 Paris), n° 175, octobre 2004.
[6] L’Homme nouveau, 10 rue Rosenwald, 75015 Paris, 4 euros le numéro.
[7] Nouvelles de Chrétienté, Etoile du Matin, 57230 Eguelshardt, 3,50 euros le numéro.
[8] Depuis septembre, la presse portugaise évoque un prochain remplacement du P. Guerra et de l’évêque de Fatima, remplacements que le Saint-Siège aurait instamment demandés.

5 décembre 2004

[Abbé Bonneterre, fsspx - Bulletin de Sainte Germaine (FSSPX)] "Pour la Sanctification des prêtres..."

SOURCE - Abbé Bonneterre, fsspx - Bulletin de Sainte Germaine (FSSPX - Paris) - 5 décembre 2004

Une année eucharistique...

(octobre 2004 - octobre 2005)
... vécue pour la Sanctification des prêtres
Le Saint Père appelle toute l'Eglise à consacrer cette année à la Sainte Eucharistie. Il l'a fait par la lettre apostolique « Mane nobiscum Domine» du 7 octobre dernier. D'une faiblesse doctrinale plus grande que son encyclique « Ecclesia de Eucharistia vivit » (17 avril 2003), le document est « une invitation pressante à s'émerveiller devant ce grand mystère »

Nous ne manquerons pas de souligner les lacunes ou les déviances de tel ou tel passage, cependant nous voulons réaliser les vœux du Père commun : « Puisse l'année de l'Eucharistie être pour tous une précieuse occasion pour devenir toujours plus conscient du trésor incomparable que le Christ a confié à son Eglise » (p.29 de « Mane nobiscum »). Et encore : « En cette année, puisse l'adoration eucharistique en dehors de la Messe constituer un souci spécial des communautés paroissiales et religieuses! Restons longuement prosternés devant Jésus présent dans l'Eucharistie, réparant ainsi par notre foi et notre amour les négligences, les oublis, et même les outrages que notre Sauveur doit subir dans de nombreuses parties du monde »

Voilà pourquoi nous organisons, à Sainte Germaine, une adoration eucharistique tous les jeudis de l'année de 17 h 45 jusqu'à la Messe de 18 h 30, à partir du 1er jeudi de décembre.

Cette adoration. nous l'offrirons pour la sanctification des prêtres

Il y a un temps pour se taire, et un temps pour parler.

Un dernier bulletin paroissial largement répandu prétend qu'il existe dans la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X une « vision surnaturaliste du sacerdoce qui instaure un clivage entre la finalité réelle de la vocation, le ministère auprès des âmes et le but qu'on voudrait lui substituer: la sainteté (qui n'est plus) sacerdotale »

Une double erreur n'aura pas échappé au lecteur attentif de l'article.

l. La reprise de la doctrine de Vatican II exprimée dans le décret sur les prêtres. Le texte conciliaire, largement influencé par le Cardinal Marty (cf. le livre de son fils spirituel, Mr Gilson, sur les prêtres), inverse les finalités du Sacerdoce. Traditionnellement, le prêtre est ordonné pour l'Eucharistie, et ensuite pour la Mission (ministère dans tout son ensemble). Vatican II prétend que le but premier du Sacerdoce est la Mission, et que la Messe apparaît en second, plus comme un moyen de réalisation de l'animation spirituelle du peuple de Dieu. Je cite un seul des passages où ce prêtre exprime une pensée qu'il croit traditionnelle : « Le prêtre est ordonné pour: 1) enseigner la doctrine de la foi, 2) communiquer l'espérance à toute âme, 3) remettre les péchés, 4) offrir le sacrifice et 5) répandre par la prédication et 6) les sacrements, le feu de la charité. L'expression est gagnante, mais dans le désordre! Ce sinistre désordre qui a fait perdre aux prêtres le sens réel de leur identité dans la déroute postconciliaire.

2. La deuxième erreur est le mépris affiché par ce prêtre de toutes les mises en garde des dangers de l'activisme. Personne n'a jamais enseigné dans la Fraternité que le ministère sacerdotal éloignait le prêtre de sa sanctification. Mais il est vrai que le Magistère et les auteurs spirituels ont constamment mis en garde les prêtres contre la surcharge du ministère qui ne peut qu'entraîner l'affaiblissement de la vie intérieure du prêtre et de la -fécondité de son apostolat. Et de cela, les supérieurs de la Fraternité ne peuvent faire fi.

Le Magistère d'abord:

Il y a bien sur la condamnation de « l'américanisme. par Léon XIII dans la lettre « Testum benevolentiae » à l'Archevêque de Baltimore où le Pape fustige ceux qui méprisent les vertus réputées passives et surnaturelles (l'obéissance et l'humilité particulièrement), et qui exaltent les vertus actives: les « maudites œuvres » dont parlent tant et tant d'auteurs spirituels.

Il y a ensuite tous les documents pontificaux réunis dans « Notre Sacerdoce» par Mgr Pierre Veuillot : tout l'enseignement des papes de Saint Pie X à Pie XII (Fleurus 1954).

Le pape Jean-Paul II lui-même dans son livre écrit pour ses cinquante ans de sacerdoce, « Ma vocation, don et mystère» : « Oui, le prêtre doit être avant tout un homme de prière, convaincu que le temps consacré à la rencontre intime avec Dieu est toujours le mieux employé, parce que non seulement il lui est utile, mais il est utile pour sa tâche publique. Si le concile Vatican II parle de la vocation universelle à la sainteté, dans le cas du prêtre, il faut parler d'une vocation spéciale à la sainteté. Le Christ a besoin de saints prêtres! Le monde actuel demande de saints prêtres! Seul un saint prêtre peut devenir un témoin transparent du Christ et de son Evangile dans un monde toujours plus sécularisé.»

Les auteurs spirituels sont unanimes à se faire l'écho des dangers de la dissipation d'un ministère suractif, à commencer par Don Chautard, dans « L'Ame de tout apostolat »

C'est toute la doctrine du Cardinal Mercier dans ses conseils à ses séminaristes et dans ses retraites sacerdotales : « Mes bien chers confrères, cette vie intérieure, pour votre sanctification personnelle et pour l'édification du peuple chrétien, vivez-la; par votre exemple et par votre ministère, propagez-la. » (La vie intérieure, appel aux âmes sacerdotales).

C'est tout l'enseignement de Mère Marie Claret de la Touche dans « Le Sacré-Cœur et le Sacerdoce », approuvé dès 1910 par le Cadinal Merry del Val.

C'est aussi toute la théologie et l'expérience du R.P. Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus : « Même le sacerdoce ne confère pas la sainteté, bien qu'il confère une grâce suffisante pour l'exercice de la fonction donnée au prêtre (...) L'apôtre qui a reçu une fonction et une grâce, a donc le devoir de se perfectionner lui-même. il ne peut pas compter absolument sur la grâce qu'il a reçue: il ne doit pas croire qu'il est devenu saint dans l'exercice de sa fonction publique, sous prétexte qu’elle est très importante et très urgente. Il n'a pas le droit de s'y lancer avec témérité sans prendre de précautions, sans se préoccuper des dangers qu'il court (...) On a cru qu'on pouvait se lancer dans cette tâche, et il est arrivé malheureusement ce qui était arrivé à Pierre. Nous avons donc le devoir de sauvegarder notre vie intérieure, de nous perfectionner, de développer cette grâce qui est en nous. » (Recueil de conférences des années 40-50 - «Au souffle de l'esprit» Ed. du Carmel).

Citons même le Cardinal Liénart, qui écrivait en 1952 à l'abbé Courtois:

Dans le tourbillon qui emporte actuellement les prêtres engagés dans l'apostolat actif, il est bon, que dis-je ! il est de toute nécessité que chaque jour, ils enrichissent leur vie intérieure, qu'à chaque instant, ils se rappellent qu'ils sont prêtres et qu'ils doivent en toute occasion agir comme tels. La retraite exposée sous le titre « Qui manet in me » Il est à cet égard d'une grande efficacité. Celui qui s'appliquerait d’en réaliser la doctrine peut être sûr de sa sanctification personnelle et de la fécondité de son action. C'est une promesse de notre Seigneur qui a ajouté : « Et ego in eo, hic ferit fructum multum ».

Ce que rugissait Léon Bloy : « Prêtre, si tu ne te crois pas appelé à la sainteté, à quoi donc te crois-tu appelé, misérable? »

Mais revenons à Monseigneur Lefebvre. Il est surprenant que l'auteur de cet article ne cite que l'ancien archevêque de Dakar. Il y a aussi, - et il y a surtout - le fondateur de notre Fraternité sacerdotale.

Les statuts de la Fraternité, au Chapitre III, §1, sont clairs à propose de la formation sacerdotale: « On veillera à ce que la formation atteigne le but principal: la Sainteté du prêtre en même temps qu'une science suffisante. »

Le Directoire du Séminaire, §3 : « Qui veut la fin, veut les moyens. Celui qui se croit appelé au sacerdoce divin de Notre Seigneur doit mettre tout en œuvre pour devenir un autre Christ et se rendre digne de la grâce et du caractère sacerdotal qui sont donnés par le sacrement de l'ordre. »

S'efforçant de définir l'esprit de la Fraternité (Article 4 - Cor unum 1981-82), Mgr Lefebvre écrivait: « C'est un grave souci pour les supérieurs de Sociétés missionnaires comme la nôtre (...) de constater que certains membres, prêtres en particulier, dévorés par le zèle de l'apostolat extérieur, en arrivent à abandonner le zèle de l'apostolat de la prière, ferment et source de l'apostolat extérieur...

L'apostolat de l'oraison, de la prière, est l'apostolat essentiel qui unit à Notre Seigneur, seule source de grâces de rédemption. L'apostolat extérieur, catéchismes, réunions, conférences, etc.. . deviendront vite stériles, sans l'apostolat fondamental qui maintient une union constante avec Notre Seigneur. »

La phrase finale de « l'Itinéraire spirituel », son testament : « Ce qui importe, c'est que de notre part, nous évitions, dans notre vie sacerdotale, tout ce qui peut être un obstacle à l'efficacité de notre apostolat et spécialement l'abandon de la prière et l'union à Dieu. » (p. 85).

Non, la Fraternité ne change pas, quoique prétendent quelques penseurs égarés par l'esprit d'indépendance, indépendance de leurs supérieur qui les pousse à l'indépendance vis-à-vis du Magistère de l'Eglise, des maîtres de la vie intérieure et de notre vénéré fondateur.

Le seul but du présent article est que cette bouée jetée à la mer leur parvienne. Elle est lancée par un ami qui a déjà vu trop de confrères partir à la dérive, et faire de leur dérive une funeste théorie. Qu'ils sachent, ces frères dans le sacerdoce, que la petite Chapelle Sainte Germaine priera pour eux et pour tous les prêtres de la Sainte Eglise en cette année de l'Eucharistie.

D. BONNETERRE, Prieur

29 novembre 2004

[Aletheia n°66] Jean Madiran interpelle les évêques de France

Aletheia n°66 - 28 novembre 2004
Un nouveau livre de Jean Madiran
Jean Madiran interpelle les évêques de France
Le titre – La trahison des commissaires – rappelle la célèbre Trahison des clercs de Julien Benda. Le mot “ commissaires ” peut sembler renvoyer aux systèmes idéologiques totalitaires et à leur “ police de la pensée ”,   mais il peut aussi être pris à la lettre, au sens étymologique : “ personne chargée d’une mission publique ou privée ”. En effet, c’est la Commission doctrinale de la Conférence des évêques de France que Jean Madiran interpelle.
Cette Commission doctrinale est de création récente dans l’histoire de l’Eglise de France. Elle est une des formes qu’a prises l’exercice collégial du ministère épiscopal. Jean Madiran fait remarquer d’emblée : “ L’institution récente de commissaires doctrinaux dans l’Eglise de France n’avait pas pour but, en tout cas elle n’eut pas pour effet de rectifier les erreurs et de corriger les dérives ”.
Jean Madiran en fournit une démonstration, d’une acuité sans pareille, en examinant, l’une après l’autre, les trois interventions de la Commission doctrinale au cours des quatre premières années du XXIe siècle : le communiqué qui a approuvé la nouvelle traduction de la Bible publiée aux éditions Bayard (août 2001), la note doctrinale sur le film La Passion de Mel Gibson (mars 2004) et celle qui a critiqué et approuvé à la fois l’émission télévisée L’origine du christianisme (mars 2004).
Ce que la Commission doctrinale enseigne ou valide officiellement par ces déclarations est une “ nouvelle religion ” estime Jean Madiran. Une religion chrétienne qui ne se veut plus “ une vérité révélée par Dieu à son Eglise ” (p. 10).
La Bible éditée chez Bayard, par ses traductions nouvelles et par ses annotations critiques, a répandu dans un très vaste public des “ extravagances hypercritiques et négationnistes ”, notamment celle qui distingue entre le “ Jésus de l’histoire ” et le “ Jésus de la foi” .
Jean Madiran, qui est le contraire d’un esprit manichéen, reconnaît que deux évêques ont, plusieurs mois après le communiqué de la Commission, jugé très sévèrement cette Bible : Mgr Guillaume, évêque de Saint-Dié, dans un article paru au début de l’année 2002[1], et Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon, dans un message pastoral à ses diocésains. “ La Bible Bayard est une œuvre littéraire, elle n’est pas une Bible chrétienne, encore moins catholique ” a dit le premier, “ Non, cette Bible n’est pas celle de l’Eglise ! ” a déclaré le second.
Mais ces deux interventions, isolées, ne furent suivies, remarque Madiran, d’ “ aucune mise au point rectificatrice ”. La Bible Bayard continue à être diffusée avec l’affirmation que son appareil hypercritique et négationniste “ permet d’inscrire cette traduction dans la tradition vivante de la foi catholique ” (termes employés par la Commission doctrinale).
La note doctrinale sur les émissions de Prieur et Mordillat consacrées à L’origine du christianisme est tout aussi terrible pour les chrétiens. Elle disserte sur le “ conflit d’interprétations ” (lecture juive/lecture chrétienne) et affirme : “ Que l’une ait raison n’entraîne pas que l’autre ait tort ”.
Jean Madiran s’indigne de cet abandon : “ [La Commission] abandonne le public au milieu des “difficultés“ qu’elle lui a retransmises. Elle ne donne aucun repère, allant jusqu’à recommander “ces émissions“… ”.
À force de “ questionnement ”, on se demande s’il y a encore des certitudes chez ceux qui ont rédigé cette Note doctrinale. On nous dira que la Commission doctrinale n’est pas l’expression unique et univoque de l’épiscopat français et l’on mettra en contrepoint les deux déclarations épiscopales citées plus haut. Mais ce que Madiran appelle “ l’unité de façade ” est maintenu. Il y a parfois des réactions individuelles, il y a aussi des corrections subreptices[2], mais il n’y point de rétractation ou de clarification officielles.
Au-delà du texte de ces trois documents officiels de la Commission doctrinale de l’épiscopat français, Jean Madiran pointe avec une acribie sans pareille cette nouvelle religion qui s’est répandue et se répand : “ Du rang de vérité révélée, enseignée au nom de Dieu avec une rigueur dogmatique impliquant des exigences morales inébranlables, la religion catholique en France, dans ses expressions officielles, est en train de glisser à celui de mythe fondateur d’une idéologie humanitaire accompagnant souplement la diversité évolutive des consciences individuelles. ”
Ce nouveau livre de Jean Madiran est “ une réclamation qui s’adresse principalement à la hiérarchie catholique ”. Sera-t-elle entendue ? Le livre sera-t-il même lu par ceux à qui il s’adresse en premier ? Depuis longtemps déjà, il y a, dans l’épiscopat, un mépris, intellectuel et spirituel, à l’égard de Jean Madiran[3]. “ Mépris intellectuel ” parce qu’ils ne perçoivent pas que cette voix est celle d’un “ beau défenseur de la foi ” (l’expression fut employée par saint Pie X à propos d’un autre laïc français, il y a quelque cent ans). “ Mépris spirituel ” parce qu’ils ne s’imaginent pas que cette voix est d’abord animée par un grand amour de l’Eglise qui se soucie de la foi des petits, des humbles.
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[1] L’article parut dans le n° 1 de la revue Kephas, janvier-mars 2002, revue publiée avec les “ encouragements ” du cardinal Ratzinger.
[2] J. Madiran rappelle (p. 60-62) l’affaire du Nouvel missel du dimanche où, de 1970 à 1976, figura un “ rappel de la foi ” qui niait le caractère sacrificiel de toute messe. À partir de l’édition de 1976, ce “ rappel ” fut subrepticement retiré de ce même missel des dimanches.
[3] “ Comme des chiens. Voilà comme ils nous traitent ” écrivait Madiran, il y a quarante ans déjà ( ” Les Chiens ”, Itinéraires, janv. 1965, n° 89). La réponse de l’épiscopat, si l’on peut dire, fut la “ Mise en garde ” de juin 1966 contre Itinéraires et d’autres publications de la “ minorité [qui] conteste, au nom d’une fidélité au passé, les principes du renouveau entrepris ” (l’expression est celle qu’employait le Conseil permanent de l’épiscopat français dans sa mise en garde).

21 novembre 2004

[Aletheia n°65] Mises au point sur Fatima - Vient de paraître...

Yves Chiron - Aletheia n°65 - 21 novembre 2004


La transformation du sanctuaire de Fatima en un centre inter-religieux a été annoncée comme un projet avéré et certain, mis en œuvre par les autorités actuelles du sanctuaire de Fatima et avec l’approbation du Saint-Siège. Un premier pas de cette “ évolution ” du grand sanctuaire marial aurait été “ un service religieux hindou ” qui se serait déroulé dans la chapelle même des Apparitions le 5 mai dernier.
Cette double information a fait l’objet de plusieurs articles dans des publications catholiques qui s’en scandalisent. Il y aurait, de fait, matière à scandale si le projet était bien celui que l’on annonce. Le site fatima.be a lancé une “ Pétition contre le projet de construction d’un sanctuaire interconfessionnel à Fatima ”, pétition “ à envoyer au Saint-Père ”. La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X annonce un pèlerinage à Fatima, sous forme de “ Journées de réparation ” du 20 au 22 août 2005.
En s’en tenant aux seuls articles récents, on signalera trois protestations :
- un article de l’abbé Charles Tinotti, dans L’Homme nouveau daté du 5 septembre 2004, intitulé : “ Tempête et subversion. Les religions de Fatima ”. Il y annonce que “ le sanctuaire doit être reconverti en un centre pluri-confessionnel ”. Il y évoque, pour s’en indigner, “ un service religieux hindou [qui] s’est tenu dans la chapelle des apparitions ”.
- la “ Lettre du Supérieur Général ” de la FSSPX, parue dans le numéro de septembre de la Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du District de France de la FSSPX. Mgr Fellay déplore l’annonce de “ la construction d’un nouvel édifice pluri-religieux ” à Fatima et dénonce la “ provocation ” qu’a représentée la cérémonie hindouiste du 5 mai dernier.
- une pleine page de l’hebdomadaire Rivarol, le 12 novembre dernier, sous la signature de Jérôme Bourbon. Sous le titre “ Offense faite à la Vierge…et à l’Europe : Fatima livrée aux rabbins et aux gourous ! ”, Jérôme Bourbon annonce que Fatima est appelé à devenir “ un centre où toutes les religions du monde se rassembleront pour rendre hommage à leur(s) dieu(x) respectif(s) ”. Il voit là un épisode de plus de l’ “ apostasie radicale ” de “ la Rome moderniste et [de] l’Eglise conciliaire ”.
Or, un article très important de Jeanne Smits, sur la transformation du sanctuaire, est paru le 28 août dans Présent. Je l’avais signalé alors (Aletheia, n° 61, 1.9.2004) car il apportait des éclaircissements et des rectifications convaincantes. Jeanne Smits avait enquêté sur place et avait établi que “ tout est parti d’un unique article paru dans l’hebdomadaire Portugal News, journal anglophone édité dans l’Algarve (côté sud du Portugal) ”. J. Smits citait aussi les démentis apportés par le P. Luciano Guerra, recteur du sanctuaire, dans la revue officielle Voz de Fatima.
L’article de Jeanne Smits dans Présent aura donc échappé au dernier protestataire en date (J. Bourbon). En revanche, cet article de Jeanne Smits (et peut-être la recension qui en a été faite dans Aletheia) n’auront pas échappé, semble-t-il, à la rédaction de L’Homme nouveau. En effet, le numéro suivant du bimensuel, daté du 19 septembre, contenait une sorte de rectificatif. Sans faire référence à l’article de l’abbé Tinotti qui avait été publié à la même place dans le numéro précédent, était publié, cette fois, un “ document ” important qui venait tout simplement le contredire. Il s’agit, sous le titre “ Semper idem ”, de la traduction d’un article du P. Guerra, publié dans Voz de Fatima le 29 juin 2004. Le recteur du sanctuaire y fait de nouvelles mises au point. Mise au point sur le “ pèlerinage ” hindouiste du 5 mai et mise au point sur le futur sanctuaire : “ nous n’avons pas et n’avons jamais eu l’intention de réaliser dans l’église en construction des célébrations qui ne soient pas prévues par les directives de l’Eglise catholique ”.
Le recteur du sanctuaire de Fatima aura donc fait trois mises au point en moins d’un an (13 janvier, 29 juin et 13 juillet 2004). S’il a dû les faire, c’est que certaines de ses déclarations ont été ou déformées, ou mal comprises ou maladroite. Mais aussi, si une rectification n’a pas suffi, s’il a dû les répéter, c’est que les rumeurs et les fausses informations circulent plus vite et mieux que les éclaircissements et les démentis.
Rappelons encore que cette église en construction est dédiée à la Très Sainte Trinité – nom guère “ inter-religieux ” ! – et que Jean-Paul II a offert “ un petit morceau de marbre qui provient de la tombe de l’apôtre Saint-Pierre à Rome ” comme première pierre de l’édifice[1]. L’inauguration est prévue pour le 13 mai 2007.



Vient de paraître
Égards, la “ Revue de la résistance conservatrice ” au Canada (5122, Chemin de la Côte-des-Neiges, C.P. 49595 Montréal, Québec, Canada, H3T 2A5 ; le numéro 10 $) publie dans son numéro V, entre autres articles intéressants, une étude de Jean Renaud sur “ L’idéologie homosexuelle ” (p. 59-70). L’auteur appelle “ idéologie homosexuelle ”, non pas seulement l’éloge de l’homosexualité, mais une “ symbolique ” qui “ a pénétré l’ensemble des mœurs et des doctrines modernes ” : “ le moi, la subjectivité ” deviennent “ un critère universel ”. Le narcissisme est une des caractéristiques principales de la modernité anomique. Marcel De Corte, cité par l’auteur, avait fait remarquer, il y a quarante ans : “ la philosophie contemporaine est homosexuelle de fond en comble : l’autre en tant qu’autre est banni, et il n’existe plus pour elle que l’autre en tant que moi, en tant que construction de la pensée autonome ” ( “ Une définition de la droite ”, Ecrits de Paris, juillet-août 1964).
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NOTE
[1] Les Bienheureux François et Jacinthe Marto, bulletin officiel de la Postulation, juillet-septembre 2004, p. 4

25 octobre 2004

[Aletheia n°64] Une lettre inédite d’Etienne Gilson sur Teilhard de Chardin et sur la crise de l’Eglise - et autres textes

Aletheia n°64 - 25 octobre 2004

Une lettre inédite d’Etienne Gilson sur Teilhard de Chardin et sur la crise de l’Eglise

En 1967, Etienne Gilson publiait, aux éditions Vrin, Les Tribulations de Sophie, un ouvrage de 167 pages qui rassemblait diverses études consacrées, entre autres, à l’ “ Actualité de saint Thomas d’Aquin ”, au “ cas Teilhard de Chardin ” et aussi des “ Divagations au milieu des ruines ”, les ruines dont il est question étant “ les ruines que l’après-concile accumule autour de nous ” (p. 162).

Cette même année 1967, Etienne Gilson acceptait que la revue Itinéraires de Jean Madiran publie une nouvelle édition de Christianisme et philosophie, ouvrage paru pour la première fois en 1936[1].Pour cette réédition dans cinq numéros de la revue de Jean Madiran, Etienne Gilson avait rédigé un nouvel “ Avant-propos ” où il expliquait pourquoi lui, chrétien réputé de gauche, il acceptait de paraître dans une revue apparemment éloignée de ses vues temporelles. Etienne Gilson voulait qu’on interprète la publication d’un de ses ouvrages dans la revue de Jean Madiran comme “ une volonté d’union sur l’unique nécessaire en un temps où plusieurs de ceux qui en ont la garde semblent le perdre de vue et paraissent même vouloir nous en détourner. ” Il écrivait aussi : “ On ne peut rien faire d’utile pour l’Eglise à moins de s’établir d’abord dans un climat de foi commune, de grâce et d’amitié. ”

Etienne Gilson a eu un sens aigu de la crise de l’Eglise. Dans la préface aux Tribulations de Sophie, datée du 30 avril 1967, il estimait : “ Le désordre envahit aujourd’hui la chrétienté ; il ne cessera que lorsque la dogmatique aura retrouvé son primat naturel sur la pratique. ”

Deux ans après la parution des Tribulations de Sophie, un prêtre, religieux marianiste, le P. Boulet écrivait à Etienne Gilson pour s’étonner de sa “ modération ” et de son “ indulgence ” à l’égard de Teilhard de Chardin[2]. Le philosophe lui répondit par une lettre, intéressante, que nous publions pour la première fois, avec l’autorisation bienveillante de son destinataire[3].

Etienne Gilson exprime, sans fard, son sentiment sur l’œuvre de Teilhard de Chardin et sur la crise que traverse l’Eglise.

89 – Vermenton
12 mai 1969

Monsieur l’abbé

Votre lettre m’a beaucoup amusé, car je reçois d’ordinaire des protestations indignées contre les mauvais traitements que j’ai fait subir au pauvre P. Teilhard, alors que vous me reprochez le contraire.

Mon excuse pour tant de modération est que je sens pour son œuvre une détestation si profonde, une révulsion si exaspérée que je dois me pencher en sens contraire pour ne pas laisser la violence prendre le dessus.

Une autre raison est que ces détestations totales sont généralement le signe d’une présence réelle, de quelque chose qui est là et demande qu’on lui fasse droit. J’ai remarqué cela dans les arts : Stravinsky et Picasso n’auraient pas provoqué, jadis et naguère, des réactions si violentes si l’un et l’autre n’avaient été quelqu’un. Mon horreur morbide pour Hegel me fait craindre de manquer un bien que je n’ai pas la perspicacité de découvrir. Et justement, Teilhard… que j’abomine, me revenait hier à la mémoire en relisant Darwin, The Descent of Man. Il m’est soudain venu à l’esprit : au moins, Teilhard aurait écrit “The Ascent of Man “. Que l’évolution, si elle est plus que simple changement, soit une montée plutôt qu’une descente, que le singe soit monté vers l’homme plutôt que l’homme ne soit descendu du singe, lui du moins l’aura vu. Il faut lui en savoir gré.

Et puis, j’ai eu des violences, je les ai toutes regrettées tôt ou tard.

Ou simplement, je deviens vieux. Plus exactement, je le suis devenu ; il est très vrai, comme vous le dites, que les esprits qui trouvent dans Teilhard de quoi justifier leur sentiment d’être chrétiens se font illusion. Mais j’en connais personnellement au moins deux. Ce sont des “ scientifiques ” ; hors de leurs spécialités, ils raisonnent comme des enfants, mais j’en suis venu à me demander si ces enfants-là aussi ne sont pas de ceux que Jésus veut qu’on laisse venir à lui ? Je ne sais pas. Aussi suis-je d’autant moins exigeant pour les autres que je le suis plus pour moi-même. On ne peut attendre que l’Eglise ne se compose que de saints Thomas d’Aquin… La contestation actuelle qu’évoque la fin de votre lettre ne me semble pas due à Teilhard, même en partie, car lui fait partie des symptômes de ce cancer généralisé. Des fous demandent aujourd’hui la réhabilitation de Luther, et je ne serais pas autrement surpris qu’on introduisît la cause de sa béatification en Cour de Rome. Alors le pauvre Teilhard, avec son optimisme larmoyant, fera figure d’un petit François d’Assise en comparaison avec l’apôtre du Pecca fortiter. Je crains que nous ne voyions pire à brève échéance.

Mais je vous remercie de votre aimable lettre ; nous ne sommes pas seuls à souffrir de ce qui se passe et je reconnais que des réactions plus violentes que les miennes sont sans doute bienfaisantes, nécessaires même. Il y en a d’ailleurs. Il y en a même de parfaitement objectives et équilibrées, je plaide donc coupable. Teilhard a désormais d’éminents avocats dans la Commission romaine e théologiens : nous n’en sommes pas, nous autres laïcs, à exiger la rigueur théologique, en un temps où notre hiérarchie s’amuse à fronder le pauvre pape Paul VI, qu’ils ont littéralement crucifié.

Et prions Dieu que tous nous veuille absoudre ![4]

Avec mes remerciements, veuillez agréer l’assurance de mes sentiments respectueusement dévoués.

Etienne Gilson

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La controverse sur l’anaphore de Addaï et Mari

L’anaphore de Addai et Mari, en usage chez les Nestoriens, est une anaphore qui a la particularité de ne pas comporter de récit de l’Institution. Une “ Note ” du Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des Chrétiens, publiée le 20 juillet 2001, a autorisé comme “ valide ” l’utilisation d’une telle anaphore dans la liturgie catholique. Cette décision a suscité une controverse publique, en même temps qu’elle rencontrait de vives critiques dans certains milieux romains.

Divinitas, revue internationale de recherche et de critique théologique publiée au Vatican sous la direction de Mgr Gherardini, publie un numéro spécial de 296 pages entièrement consacré à ce sujet[5]. Le fait même est significatif du non-monolithisme qui règne désormais au Vatican.

La perspective des études publiées est scientifique et doctrinale mais les douze articles historiques, théologiques ou liturgiques laissent s’exprimer des avis très divergents sur la question.

Après une traduction intégrale en italien de l’anaphore et la publication de la note du Conseil pour l’Unité des Chrétiens, on trouve les articles suivants :

A. Gurati, A proposito degli “Orientamenti“.

Yves Chiron, La réception de l’Anaphore de Addaï et Mari en France.

Enrico Maza, Che cos’è l’anafora eucaristica ?

Bonifacio Honings, Addai e Mari : l’anaphora della Chiesa d’Oriente.

Robert F. Taft, Messa senza consacrazione ? Lo storico accordo sull’Eucaristia tra la Chiesa cattolica e la Chiesa assira d’Oriente promulgato il 26 ottobre 2001.

Cesare Giraudo, L’anaphora degli apostoli Addai e Mari : la “ gemma orientale ” della Lex orandi.

Enrico Mazza, Le récent accord entre l’Eglise Chaldéenne et l’Eglise Assyrienne d’Orient sur l’Eucharistie.

Brunero Gherardini, Le parole della Consecrazione eucaristica.

David Berger, “Forma huis sacramenti sunt verba Salvatoris ” – DieForm des Sakramentes der

Eucharistie.

Thomas Marschler, Neues und Altes zur Eucharistischen Sakramentenform.

U.M. Lang, Eucharist without Institution Narrative ? The Anaphora of Addai and Mari revisited.

Renzo Lavatori, Il contesto mariologico nella liturgia della Chiesa siro-orientale.

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Vient de paraître

. Michel de Penfentenyo, Turquie : Un national-islamisme au cœur de l’Europe ?, Éditions de L’Homme Nouveau (10 rue de Rosenwald, 75015 Paris), 2004, 32 pages, 6 euros franco.

Michel de Penfentenyo, qui a été secrétaire général de la Cité catholique, puis vice-président et directeur de l’Office, publie une brochure pour accomplir, dit-il, un “ double devoir : devoir de mémoire et devoir de lucidité ”. À l’heure où l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne est l’objet d’un large débat public dans différents pays —rappelons, pour mémoire, la position prudente et inquiète de l’épiscopat allemand et celle, négative, du cardinal Ratzinger — , Michel de Penfentenyo apporte, principalement par une évocation très détaillée du génocide arménien de 1915, des réponses aux questions suivantes : “ D’où vient la nation turque ? Quels ont été ses comportements habituels, ses traditions, son atavisme, ses caractères propres en tant que nation ? Quelle est la nature de l’islam turc ? ”.

. Paul Sernine répond à ses lecteurs, Editions du Zébu (J.B. Chaumeil, 16 rue Brézin, 75014 Paris), 2004, 32 pages, 6 euros franco.

Le livre de Paul Sernine (abbé Grégoire Celier), La Paille et le sycomore, publié il y a un an, a suscité une vive controverse. Il établissait une critique des thèses d’Etienne Couvert sur la “ gnose ”, thèse diffusée depuis vingt ans maintenant par différents livres : De la gnose à l’œcuménisme (1983), La gnose contre la foi (1989), La gnose universelle (1993), La vérité sur

les manuscrits de la mer Morte (1995), La gnose en question (2002)[6].

Les ouvrages d’Etienne Couvert — et ses thèses nouvelles, sur les origines du bouddhisme, par exemple – n’ont pas retenu l’attention des revues scientifiques ; pareillement, la controverse lancée par Paul Sernine s’est principalement limitée au milieu traditionaliste.

Dans la brochure publiée aujourd’hui, qui se présente comme un entretien avec Philippe Vilgier, Paul Sernine répond aux arguments qui lui ont été opposés par les partisans des thèses d’Etienne Couvert.

Les réponses de Paul Sernine sont d’ordre formel et factuel. Une autre réponse à Etienne Couvert et à ses partisans est parue : signée Anselme Farigoule (Un dossier sur la gnose, 40 pages), elle aborde diverses questions de fond et de méthode. Mais cette étude, pour l’instant, n’est pas diffusée dans le public.

. Bulletin Charles Maurras (16 rue du Berry, 36250 Niherne), n° 24, octobre-décembre 2004, 40 pages, 8 euros.

Ce numéro contient un dossier consacré à “ Pie XI, Maurras et l’Action Française ” dont voici le sommaire :

- Charles Maurras, Le grand deuil de l’Eglise (reproduction de l’article paru dans L’Action française le 11 février 1939).

- Yves Chiron, Pie XI et Maurras.

- Abbé Guillaume de Tanoüarn, La grandeur de Pie XI.

- Théophane Breton, Le “Pie XI“ de Yves Chiron.

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NOTES

[1] Margaret McGrath dans Etienne Gilson.A Bibliography/Une Bibliographie, Toronto, Pontifical Institute of Medieval Studies/Institut Pontifical d’Etudes Médiévales, 1982, p. 14, mentionne la réédition du livre en 1946 et les traductions japonaise et polonaise, mais elle ignore cette réédition de 1967 qui comportait un nouvel avant-propos et des “ retouches de détail ”.

[2] Page 97, à propos de Teilhard de Chardin, Gilson avait écrit : “ je ne vois aucun péril en la demeure… ”. Mais il avait commencé par dire : “ La pensée du P. Teilhard de Chardin ne me semble avoir jamais atteint le degré de consistance minimum requis pour qu’on puisse parler à ce propos d’une “doctrine“, c’est pourquoi je parlerai seulement du “cas“ Teilhard de Chardin. ” Il avait écrit aussi : “ …marécage doctrinal où l’on est certain de s’enliser si l’on s’y hasarde, la théologie teilhardienne est une gnose chrétienne de plus, et comme toutes les gnoses, de Marcion à nos jours, c’est une Theology-fiction. ”

[3] Le Père André Boulet est l’auteur de plusieurs études consacrées aux rapports de la science et de la foi. En 1995, il a publié Création et Rédemption, aux éditions C.L.D. ; en 2003, La Genèse au risque de la science, un ouvrage de 76 pages disponible chez l’auteur (Résidence Chaminade, 44 rue de la Santé, 75014 Paris), 5 euros franco de port.

[4] Souligné dans le texte.

[5] Divinitas, anno XLVII, Numero speciale 2004, Palazzo dei Canonici, 00120 Vaticano.

[6] Tous ces ouvrages ont été publiés, à compte d’auteur, par les Editions de Chiré, B.P. 1, 86190 Chiré-en-Montreuil.

17 octobre 2004

[Mgr Richard Williamson, FSSPX] Homélie, messe dominicale de 10h30 à Saint Nicolas du Chardonnet

Mgr Richard Williamson, FSSPX - 17 octobre 2004

« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ainsi soit-t-il.

Chers confrères, chères sœurs, chers fidèles. C’est monsieur l’abbé Beauvais, votre curé, qui m’a invité à vous offrir une messe pontificale lorsqu’il a su que je serais là pour le symposium et comme la journée d’aujourd’hui est … c’est peut être providentiel parce que Saint Nicolas, et la Fraternité en général, fait face à une crise qui est depuis quelques semaines dans le domaine public ; donc je risque de ne pas scandaliser les gens si j’en parle en public et je pense que la crise est assez grave pour nécessiter une parole d’évêque.

Je peux toujours me tromper sur la façon de dire, mais venant de l’extérieur, et durant plusieurs jours où il fallait préparer le symposium, participer au symposium et ensuite attendre samedi et dimanche, pour Marseille et Paris, j’ai eu le temps et la possibilité de me familiariser avec certains aspects de cette crise qui menace la Fraternité, et c’est pour cela que je prends sur moi d’en parler. Si ce n’était qu’une petite chose, je n’en parlerais pas. Mais c’est quelque chose qui, à mon avis, ne se règlera pas par la voix d’autorité. L’autorité et l’obéissance sont corrélatives, mais les deux servent la vérité. Et si l’autorité et l’obéissance sont séparées ou sont détournées de la vérité, on a un problème qui ne se règlera pas rien qu’avec l’obéissance et l’autorité.

L’autorité catholique est là pour la Vérité catholique. Le proverbe espagnol dit quelque chose de ce genre : « L’obéissance ne sert pas l’obéissance. L’obéissance sert la Foi »  et l’obéissance catholique est relative à la foi et à la Vérité catholique. Et si   comme a fait le Concile, alors  N’est-ce pas parce que le Concile, les conciliaires ont piétiné les questions de vérité au nom de l’obéissance ?… Et c’est pour cela que tant d’âmes catholiques sont encore égarées sur une voie qui mène pas du tout au Ciel, parce qu’ils pensent toujours obéir. On leur inculque une notion d’obéissance qui a fait que, on n’avait qu’à s’écraser. Les catholiques n’avaient qu’à s’écraser. On dit en anglais, en américain : «  Pray, pay and obey. »  Ils n’avaient qu’à payer, prier et obéir. Et c’est pour cela que nous en sommes dans cette épouvantable crise de l’Eglise universelle.
Et maintenant la même chose devrait se répéter à l’intérieur de la Fraternité ? Et bien non ! La Fraternité a été créée par Mgr Lefebvre qui a su discerner entre la vraie obéissance et la fausse obéissance. Et l’obéissance qui n’obéit plus à Dieu et qui n’obéit plus à la Foi est une fausse obéissance. Et il nous a dégagés de cela, et nous l’avons suivi et nous avons eu raison. Mais le diable est toujours à l’œuvre. Il faut admirer comment le diable a agi cette fois ci. Il faut vraiment l’admirer. La tentation a été subtile ; la tentation n’a pas été sous espèce de bien (sub specie boni) la tentation a été sous apparence du mieux (sub specie optimi).

Revenons en arrière. A la fondation de la Fraternité Saint Pie X. Donc, Mgr Lefebvre, poussé par la Providence, et coopérant en fonction de sa grande sagesse, sa sainteté sans doute, il coopère avec la Providence pour fonder la Fraternité Saint Pie X, qui, dans ses débuts, est complètement à l’intérieur de l’Eglise. Il ne fait pas un séminaire sauvage comme ses ennemis l’en accusent. Il a fondé un séminaire tout à fait selon les lois de l’Eglise, parce qu’il a obtenu l’approbation de l’évêque de Genève et Fribourg en mai 1970 et pour Monseigneur, c’était très important. Pour Monseigneur, c’est évident que ce n’était pas un acte de désobéissance. Il voulait obéir aux lois de l’Eglise ; mais lorsque ces lois détruisaient, subvertissaient la Foi, alors là il a dû dire « non ». Il a dit la suprême loi c’est le salut des âmes, et cela c’est toujours vrai. Et alors il a fondé cette Fraternité mais la Fraternité a été faible depuis le début avec une faiblesse intrinsèque, qui est toujours là et dont nous sommes incapables de nous débarrasser. Cette faiblesse n’est pas notre faute et nous n’y pouvons rien ; et elle est dans la fabrique, dans la nature même de la Fraternité parce que la Fraternité a été fondée, c’est-à-dire après deux, trois, quatre ans la Fraternité n’a plus eu le Pape derrière et au-dessus : derrière pour appuyer tout ce qui est catholique, pour soutenir, appuyer, et au-dessus pour fournir le sommet d’une hiérarchie qui, dans le temps, avant le Concile, protégeait tous les catholiques ; lorsque, au niveau de l’Eglise, lorsque les autorités agissaient, le Droit Canon assurait toutes sortes d’instances et de possibilités d’appel et, tout un mécanisme pour assurer que cette force et autorité … parce que l’autorité catholique est forte, elle impose aux gens dans la mesure où elle le peut, d’aller au Ciel. Donc, l’autorité catholique est forte ; elle vient de Dieu ; c’est une autorité de Vérité : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie.» Et cela étant, puisque Notre Seigneur a choisi de confier cette autorité si forte à des hommes, et non pas à des anges, il est évident que les pauvres hommes que nous sommes, tous, que nous sommes tous mes chers amis, nous autres pauvres hommes, nous pourrions défaillir, et alors, pour assurer que la force de l’obéissance catholique n’écraserait pas, à aucun niveau, il y avait tout un système d’appels, de possibilités d’appel, qui assurait la justice à côté de la vérité. Et c’est la Justice et la Vérité catholique qui assurait l’autorité catholique. Donc, par exemple, Mgr Lefebvre dans l’effondrement conciliaire, comment s’est-il fait l’autorité qu’il s’est faite ? Est-ce seulement en disant : « Moi, je suis évêque, vous devez obéir ! » ? Non, Non, Non, Non. Rarement je l’ai entendu . il croyait en l’autorité… Il n’entendait pas que dans la Fraternité on crée la pagaille. Non, non. Il n’aimait pas la désobéissance, c’est sûr et certain. Mais lorsqu’il y avait un problème, disait-il « C’est moi l’évêque ! » ? Non. Il disait : « Actuellement voici mes raisons. » Il disait calmement et tranquillement : « Voici mes raisons. Si vous avez des raisons, je vous écoute. Si vous avez raison, nous irons comme vous, vous proposez. Si vous reconnaissez que c’est moi qui ai raison, allons comme moi je propose. »

Et si comme aux Etats Unis, en 1983, si les prêtres faisaient une révolution, c’était effectivement cela, sub specie boni sans aucun doute, nous ne mettons pas en doute les intentions ; mais les prêtres étaient là, et en 1983 j’étais là, et j’ai témoigné : Sa façon de faire, c’était de discuter, de raisonner, raisonner avec ces prêtres effectivement révolutionnaires. Et, lorsqu’il s’est avéré que les discussions étaient inutiles, il disait finalement : « Chers messieurs les abbés, la discussion est inutile. » - « Ah ! non, nous discutons » - « Non, Non c’est inutile. Vous avez vos idées et nous avons les nôtres. Et nous n’allons pas changer. Il faut nous séparer. »

« Jusqu’ici » - remarquez l’humilité ! « Jusqu’ici le Bon Dieu semble avoir béni la Fraternité. » De 1970 à 1983, cela faisait 13 ans déjà l’histoire de la Fraternité. Il disait : « Jusqu’ici » C’est-à-dire dans le passé mais il ne disait pas dans l’avenir et combien c’est juste ; et combien quelqu’un de sensé va écouter quelqu’un qui parle comme cela. « Jusqu’ici » disait-il, « le Bon Dieu SEMBLE avoir béni la Fraternité », « semble » … mais il ne disait pas : « Le Bon Dieu est avec nous … il n’est pas avec vous autres ». Non, non, non, non et non. Ecoutez ceci, il ajoutait, - j’étais là je l’ai entendu de mes propres oreilles, il a ajouté : « Jusqu’ici le Bon Dieu semble avoir béni la Fraternité. Mais si vous savez mieux faire, que le Bon Dieu soit avec vous. »
 ça c’est un grand homme ! ça c’est un grand homme de Dieu! Il se rend bien compte qu’il y a, qu’il peut se tromper, que ce qu’il fait c’est pour l’amour de Dieu, il le croit pour des raisons tout à fait sérieuses, il continuera de faire ce qu’il fait, mais il se rend compte que ce n’est pas lui qui est « la Voie, la Vérité et la Vie ».

Monseigneur Lefebvre, à côté de cette spiritualité du XVII ème siècle qui lui est parvenue par l’Ecole Française <à la recherche du moi ?>, à coté de cela, il avait un BON SENS et une HUMANITE qui est absolument nécessaire pour tempérer cette spiritualité du XVII ème, et si le bon sens manque, cette spiritualité tourne à la tartufferie et au Jansénisme. Que nous fassions attention dans la Fraternité ; il faut non seulement la … contenir et spiritualité. Je déteste ce mot. Pourquoi est ce que je le déteste ? Parce que très souvent il y a trop de la recherche de soi mêlée à la recherche de Dieu. Nous sommes de pauvres bougres, il ne faut pas l’oublier. Il faut chercher Dieu, et foncer vers Dieu. Et sainte Thérèse d’Avila de dire : « Le Bon Dieu préfère les âmes généreuses aux âmes sans défauts ». Eh oui ! Parce que la générosité finira par avoir le dessus sur les défauts. Mais le « sans défaut » ne garantira pas la générosité. Saint Pierre était généreux, il était fougueux. Il faisait des gaffes. Il se trompait, et qu’est-ce qu’a fait Notre Seigneur avec son cœur ? Notre Seigneur a permis que St Pierre le renie trois fois. Au moment du grand besoin de Notre Seigneur, qu’est-ce que cela a fait ? St Pierre pensait que lui avait raison. Lui connaît tout, lui seul, moi je suis fort, moi je suis champion. J’y vais, et puis un moment plus tard il tombe, et le diable l’a eu. Par où ? Par le respect humain. C’était le point faible de Saint Pierre. Mais à partir de ce moment-là, St Pierre se rendait parfaitement compte qu’il n’était qu’un pauvre bougre mais un pauvre bougre pouvait faire un bon pape. Et un sans défaut qui s’admirait comme étant sans défaut ne pourrait pas faire un bon pape. Il ne comprendrait pas les hommes. Il n’aurait pas la compassion qu’il faut pour nous autres hommes, . Et, la leçon, St Pierre ne l’a jamais oubliée. On dit qu’il a pleuré jusqu’à la fin de sa vie. Mais ses larmes ont été une partie essentielle de sa papauté, de sa sainteté pour diriger l’Eglise, et pour protéger la naissance et premiers jours .

Alors cette spiritualité du XVII ème, comme moi je la dis , elle est bonne, elle sans doute, je vous dis « Sub specie boni », mais ce n’est pas « sub specie boni », c’est sub specie optimi. C’est en voulant être spirituel qu’on oublie d’être humain. Mgr Lefebvre a toujours été humain. Mais il est bien plus facile d’imiter l’extérieur pour se dire spirituel, que d’imiter cette fusion de la spiritualité avec l’humanité. Que je vous raconte aussi brièvement que possible la pièce de Shakespeare « Mesure pour mesure » :

C’est un jeune prince qui est tellement droit, tellement parfait, tellement correct, qu’il ne se connaît pas. Alors, le diable lui envoie, pour plaider une cause, une jeune sainte qui est belle. Elle veut entrer au couvent ; elle est très bonne. Isabelle, elle est tout à fait vertueuse. Alors devinez ce qui se passe. A la rencontre entre les deux, Isabelle plaide pour la vie de son frère, emprisonné par Angelo, le prince, et Angelo finit par lui faire une très mauvaise proposition. Parce que celui qui était si correct, si bien, si admirable, parce qu’il ne se connaissait pas, il était inhumain. Il a payé le prix. Là, Shakespeare, il n’était pas bête. Quel est le nom de ce jeune prince ? « Angelo » C’est à dire le petit faisait de l’angélisme, au nom sans doute de la rectitude, de tout ce qui est bon, de tout ce qui est correct. C’est le XVII ème siècle, c’est le Jansénisme, mes chers amis. En Angleterre, c’était le puritanisme. Sous apparence de bien, … et à force d’essais, à force de se croire sans se souvenir qu’on est aussi bête, on tombe dans les bêtises et les abêtissements les plus terribles, et on bascule de l’un à l’autre, et le diable le sait pertinemment bien : le Jansénisme a basculé dans le libéralisme et la révolution française. Et le puritanisme en Angleterre a basculé dans le libéralisme, répandu maintenant dans toute l’Europe.
Alors faisons attention et soyons humbles. Et n’oublions pas que nous sommes des êtres humains, et le Bon Dieu, Notre Seigneur - c’est mystérieux - Il a voulu faire pour les ministres de son Eglise, pour sauver les âmes - Il a choisi les hommes et non pas les anges. Il aurait pu faire, Il aurait pu choisir pour ses prêtres des anges, Il ne l’a pas fait. Il a choisi nous autres pauvres hommes, et dès le début voilà avec Saint Pierre : « Rappelle-toi St Pierre, que tu n’es qu’un homme. Tu es toujours un homme et tu auras toujours besoin de moi, et tu auras toujours besoin de la compassion pour les autres êtres humains comme toi. » « Pardonnez-nous Seigneur, comme nous pardonnons ceux qui nous ont offensés » Et il faut le pardon. Et ça, c’est la sagesse de cette pièce de Shakespeare. C’est une leçon très catholique. C’est un drame profane, je veux bien, mais la leçon en est certainement catholique.

pour empêcher que les actions aillent en pire, et à la fin Angelo reconnaît qu’il a fauté, et fauté gravement. Et il reconnaît qu’il mérite de mourir. Mais le duc, son chef, l’épargne. Le duc l’épargne, le duc lui pardonne, parce-qu’il reconnaît qu’il est en faute.

Il est dans la nature de la Fraternité d’être comme un canot de sauvetage ; un canot de sauvetage est vulnérable ; il est là, le grand transatlantique a sombré, et on a mis sur les flots de l’océan un canot de sauvetage, et l’océan aujourd’hui est en furie. L’océan est déchaîné. Alors un petit canot de sauvetage, il n’est pas fait pour durer longtemps. Et les canots que l’on a mis sur les eaux, à partir du Titanic, encore une nuit, et probablement les passagers à bord de ces petits canots seraient morts de froid. Heureusement d’autres navires étaient là le lendemain matin et ont pu ramasser les canots et sauver ceux qui étaient dans les canots, mais ceux qui étaient dans la mer, même si ils avaient un veston de sauvetage – je ne connais pas le mot en français – s’ils avaient un veston de sauvetage, ils mouraient de froid dans la mer glacée. Et si, mes chers amis, vous et moi, nous faisions chavirer la Fraternité Saint Pie X par nos agissements, par nos guerres, nos querelles justes et toujours sous apparence de bien … alors si nous nous battons au nom d’une bonne cause, si nous nous battons, supposons contre le Jansénisme ou contre la tendance jansénisante, car c’est plus subtil, c’est plus subtil encore avec chaque décennie aujourd’hui, depuis des centaines d’années, les tentations deviennent de plus en plus subtiles. Et Dieu sait si les tentations du Concile ont été subtiles pour tromper une foule de catholiques, une foule, la grande masse des catholiques, trompés sous apparence de bien, sous apparence de raison. Alors, cette fois-ci, des passagers à bord du canot peuvent très bien dire : « la Justice, moi on me refuse mes droits, moi il ne peut  être question seulement d’obéissance » - il a raison, il a raison, il a raison - pour cela ils vont se battre et faire chavirer le canot, en sorte que tous meurent dans les eaux glacées ! Méfions-nous, mes chers frères, méfions-nous !  Méfions-nous de nous-mêmes ! Méfions-nous de nous-mêmes ! Nous sommes tous de pauvres êtres humains et toujours nous pouvons tous nous tromper. Seul Notre Seigneur est infaillible, parce qu’Il est Dieu. Et Il reste dans le destin des êtres humains d’être faillibles, que voulez-vous ! Et c’est pour cela que l’Eglise catholique, dans le temps, avec une telle sagesse maternelle … la Sagesse maternelle est inscrite sur tout le Code du Droit Canon. Moi, je ne suis pas du tout canoniste, mais par contre, revenons au canot de sauvetage. Peut-il y avoir une instance d’appel à bord du canot ? C’est très difficile. Ce n’est pas facile, parce que l’instance à bord du canot, et à bord du canot on a besoin d’un capitaine, d’une autorité. Alors, qu’est-ce qui en ressort, comme conclusion ?

Eh! bien, de la part des passagers, il faut savoir se maîtriser, et ne pas partir en guerre même si le capitaine se trompe, parce que, si on est trop convaincu de son droit et si on est trop fougueux, et si on est trop plein de défauts, il est très , on risque non seulement sa propre vie, la vie de tous les passagers dans le canot ; il est difficile, à bord du canot, d’organiser une instance d’appel, parce que là, il y aurait toujours le risque, un certain risque, de deux têtes, d’un animal avec deux têtes, ce serait le risque. Il faudrait de la sagesse pour l’éviter. A tout bout de chemin, mes très chers amis, il faut la sagesse humaine et le bon sens. Ne l’oublions pas : le surnaturel sans le naturel fait du surnaturalisme tout comme le naturel sans le surnaturel fait du naturalisme.

On brandit beaucoup l’accusation de naturalisme, eh! bien que l’on commence un peu à brandir le nom de surnaturalisme. Est-ce que c’est pousser au relâchement ? Que Dieu nous en défende ! Mais voyons comment Notre Seigneur a voulu nous autres pauvres pour ses ministres. Alors pour les passagers, qu’ils ne se déchaînent pas ; qu’ils ne se déchaînent pas, qu’ils sachent se maîtriser. Nous sommes dans une crise extrêmement grave, extrêmement grave, <… ?> parce qu’il y a une question de vérité, il y a une question de fausse spiritualité, et cette question de fond ne se règlera pas avec l’obéissance et l’autorité. Et, tout capitaine va exercer l’autorité, c’est ce que faisait Mgr Lefebvre, je viens de vous le dire, Mgr Lefebvre s’est rarement appuyé seulement sur son autorité pour faire valoir ce qu’il voulait faire valoir. Il donnait des raisons, il raisonnait. Alors que le capitaine à bord essaie que la congrégation de la Fraternité n’est pas dans une situation normale. Dans une situation normale le capitaine peut frapper et faire ce qu’il veut, parce qu’il sait que s’il fait de l’arbitraire, il y aura toujours une instance au-dessus de lui. Dans la grande structure de l’Eglise, il faut sauver la victime de son arbitraire, de l’arbitraire du capitaine ; donc le capitaine peut, peut y aller, s’il le veut. Mais dans le canot de sauvetage, on ne peut pas y aller comme ça, c’est différent. Alors faire semblant que dans le canot de sauvetage, tout est comme dans une congrégation ordinaire, dans les temps ordinaires de l’Eglise, c’est se faire des illusions sur la réalité. Alors, que les autorités y aillent doucement, comme Saint Pierre. Je suis sûr que Saint Pierre avant ses larmes, avant sa chute, s’il n’était pas tombé, n’aurait pas compris. «  Angelo », il fallait bien qu’il tombe et tombe gravement, pour qu’il arrive à se remettre. On ne souhaite pas que ces jeunes de la Fraternité tombent pour qu’ils arrivent à la connaissance d’eux-mêmes et pour qu’ils arrivent à la compassion. On ne le souhaite pas, bien sûr, parce que cela serait pêché mortel, si vous voulez. Mais, s’il fallait cela … aïe ! , aïe ! , on ne veut pas le mal pour que le bien en sorte, Notre Seigneur ne voulait pas que tombe Saint Pierre, mais Notre Seigneur a bien voulu permettre que St Pierre tombe pour qu’un plus grand bien en sorte. Avant que les autorités y aillent, qu’en pense la tête ? Suivons le modèle de Mgr Lefebvre, et si on veut suivre l’exemple de Mgr Lefebvre, qu’on ne suive pas seulement sa spiritualité, . Qu’on sache reconnaître et suivre aussi son humanité et ceux d’entre nous qui l’avons connu <…> Dieu sait si nous savons qu’il était humain. Il était humain, très humain. Et son humanité et sa spiritualité étaient très bien fusionnées, très bien. Mais l’un est plus facile à imiter que l’autre, l’extérieur est plus facile à imiter que la fusion intérieure. Toujours sub specie optimi ; mais c’est pour cela, mes très chers amis, qu’on dit … vous connaissez le dicton latin peut-être «  Lupus est homini lupus, mulier est mulieri lupior, sacerdos est sacerdoti lupissimus ». «  L’homme est pour l’homme un loup, la femme est pour la femme encore plus louve, mais le plus loup de tous c’est le prêtre pour prêtre ». C’est une caricature, mais c’est vrai. Parce que de chaque côté les prêtres sont persuadés qu’il y va des intérêts du Ciel, de l’Eternité, du salut des âmes, et dans le fond, en effet, c’est pour cela que les disputes entre prêtres peuvent tellement s’envenimer. Chers amis, priez pour vos prêtres, priez pour vos prêtres et ne les attisez pas d’un côté ni de l’autre quand ils se mettent à se battre, quand ils ont envie de se battre. Mais <… ?>, mes chers amis, du bon sens, du bon sens. Que l’on n’oublie pas le BON SENS. Mgr Lefebvre avait du bon sens. Et c’est cela qui va tempérer le danger jansénisant de cette spiritualité. Et s’il manque le bon sens, on a un problème. Et quant aux autorités, qu’elles y aillent doucement, que nous autres les autorités que nous y allions doucement, et que les passagers y aillent de leur côté aussi doucement.

Donc à coté du mot ‘spiritualité’ que je déteste, je déteste aussi le mot ‘charité‘. Je déteste le mot à cause de tout ce qu’on met dessous aujourd’hui : de sentimentalité et d’humanitarisme et tout ce qui fait vomir un être sain. Toujours sous le mot « charité » ; mais aujourd’hui, chers amis, la vraie Charité, il la faut. Et qui peut posséder la Vérité s’il la brandit sans la Charité ? <…> Le Bon Dieu est patient. Mais à la longue, il peut punir en lui faisant perdre la vérité. Notre Seigneur Lui-même, c’est la Voie, le Vérité, la Vie ; mais il dépendait de la vraie Charité. <… ?> Vous et moi, mes chers amis, nous pouvons tomber, tomber, tomber, tomber, tomber, et voilà que Notre Seigneur nous pardonne, pardonne, pardonne, pardonne, jusqu’à 70 fois 7, et encore plus. Voilà l’Esprit de Notre Seigneur et c’était aussi l’esprit, l’esprit de Mgr Lefebvre. Une grande compassion. Et d’abord dans cette épouvantable crise de l’Eglise, mes chers amis, en premier, nous partageons tous la Vérité : Dieu à la place de Dieu, Dieu nous a donné la Foi ; vous et moi, par la grâce de Dieu, nous voyons clair. nous voyons des catholiques bien meilleurs que nous, apparemment, dans , qui ne voient pas clair. C’est une grâce, c’est une élection. Nous sommes sous cet angle-là, mes chers amis, des élus, que nous persévérions pour être des élus du Ciel. <… ?>
Alors, l’humilité. Alors Humilité et Charité !

La confusion va augmenter. Il n’est pas difficile de le prédire, de le prévoir et de le prédire. Rome ne revient pas, ne se repent toujours pas, ne donne aucun signe, ni de comprendre, ni de vouloir comprendre. Rome fonce toujours dans la même fausse direction. Alors, la confusion dans les âmes ne peut que . Lorsque le sel de la terre s’affadit volontairement, et lorsque la lumière du monde s’aveugle volontairement, bien sûr on est dans les ténèbres et dans la corruption. Alors, mes chers amis, quand on pense à la faiblesse de nous autres, êtres humains, ayons de la compassion pour ceux qui souffrent de cette confusion. Ayons de la compassion, de la Charité, de la vraie Charité, les uns pour les autres. Et surtout, comme dit St Paul, pour ceux qui appartiennent à la maison de la Foi. Et nous autres, nous sommes tous, par la grâce de Dieu, au moins pour le moment, des membres de la Maison de la Tradition. Si vous voulez, c’est la maison de la Vérité. Et si nous exerçons, pratiquons, prêchons cette Vérité de manière à assommer nos semblables, nous risquons de perdre la Vérité. Nous l’avons, sous un certain angle, déjà perdue. Beaucoup de Charité et, mes chers amis, plus la confusion va augmenter demain, plus la Charité va être nécessaire. Il faut un grand esprit de tolérance, la bonne tolérance, parce que nous ne sommes pas coupables de cette confusion, qui règne à la tête de l’Eglise. Ce n’est pas en quelque sorte notre faute de nous tous, parce que c’est un châtiment bien mérité pour nous tous, le châtiment de Dieu, cette confusion. Mais, ayons de la compassion donc pour les « Saint Pierre », pour, que sais-je, pour  … pour les musulmans, pour les juifs, pour les communistes, pour les athées. Notre Mère, la Sainte Vierge, est mère de tous ces pauvres.

Alors première conclusion : la Charité. La vraie, pas la sentimentale, ni la charité qui s’aveugle pour être gentille. Non, non. Il faut bien voir, voir clair. Mais, si on voit clair comme Notre Seigneur, à ce moment-là nous aurons aussi la Compassion de Notre Seigneur lui-même. Pour ceux, qui, ce n’est pas par leur propre faute, ne voient pas clair.

Ensuite, une crise semblable est une épreuve, tout comme la crise de l’Eglise universelle, l’Eglise du Concile, a été une épreuve pour tous les catholiques, une épreuve dont certains catholiques ont su tirer le bien. Croyez-moi, nous sommes <… ?>.S’il n’y avait pas toute cette crise, serions-nous, aurions-nous la ferveur, telle que nous l’avons, s’il n’y avait pas eu toute cette crise ? Si nous avions continué notre petit train-train des années 50 ? Il est possible de supposer que non.  Alors, le bon Dieu a permis maintenant peut-être une épreuve à supporter parce que tout catholique universel méritait l’épreuve du Concile. Peut-être la Fraternité a-t-elle aujourd’hui mérité cette épreuve-ci, et alors, sachons en tirer le bien, parce que

Troisièmement, Dieu sait ce qu’Il fait. Nous, nous ne savons pas ce qu’Il fait. Nous ne savons pas ce que nous faisons. Mais Lui, Il sait ce qu’Il fait. Et s’Il permet ces épreuves, c’est pour notre bien, et même pour notre spiritualité. Mais la vraie , à condition de reconnaître la main de Dieu dans les épreuves. Il sait ce qu’Il fait, et même quand Il permet l’augmentation de cette confusion, que la confusion croît toujours, eh bien, Il sait toujours ce qu’Il fait. Et un grand bien peut en sortir. Alors patience ! CHARITE, HUMILITE et PATIENCE. Et confiance en Dieu. Et puis, on sent que si Dieu, et c’est en soi complètement possible, la Fraternité étant si fragile, il est tout à fait possible que la Fraternité se casse la figure. Je le dis au Etats Unis depuis des décennies. Voilà longtemps que je dis, dans la nature des choses, il n’y a rien qui garantit la survie de la Fraternité, jusqu’à, jusqu’à l’intervention de Dieu. Parce que Dieu va intervenir dans la situation que nous vivons aujourd’hui. Alors ne nous disons pas : La Fraternité est infaillible, la Fraternité est forte, la Fraternité est un navire normal de l’Eglise. Ce n’est pas le cas. C’est un canot de sauvetage. Et enfin, ayons cette confiance aussi, que si la chère Fraternité venait aussi à sombrer - ce n’est pas impossible, étant donné que nous sommes tous des pauvres êtres humains - si elle venait à sombrer, n’ayez pas peur, petit troupeau. N’ayez pas peur. « C’est moi », dit Notre Seigneur, s’approchant de ses apôtres sur les eaux. « C’est moi » Et Notre Seigneur n’abandonnera jamais ses brebis, ce n’est pas possible. Au moment du Concile, on a pu penser que Notre Seigneur était en train d’abandonner ses brebis ; eh bien NON ! Voilà qui est maintenant dans le monde entier. Et si la chère Fraternité, par ses misères humaines, venait à sombrer comme l’Eglise conciliaire, eh bien le bon Dieu sauverait quand même les brebis qui ne voudraient pas, qui ne voudraient toujours pas abandonner Dieu. Saint Augustin : « Dieu n’abandonne jamais une âme qui n’a pas la première abandonné Dieu » le Concile de Trente. Donc Dieu est toujours là. Prions : la Charité, l’Humilité, la Patience et la Confiance en DIEU. Et priez, priez, priez, mes chers amis, pour vos prêtres. Je ne dis pas seulement pour vos prêtres de la Fraternité, non, non. Priez pour tous les prêtres dans le monde entier, que notre cœur s’élargisse, notre cœur, Notre Seigneur, pour embrasser dans notre prière tous les prêtres faisant <… ?> Et c’est à l’intérieur de la Fraternité, et à l’extérieur.

Et prions bien sûr la très Sainte Vierge Marie, prions la Bonne Mère pour cela. Elle est la mère des prêtres, prêtres … Elle a été confiée par Notre Seigneur à St Jean au pied de la Croix. Elle est le Siège de la Sagesse. Demandez-lui en priant le chapelet ce que Elle, Elle pense, ce que Elle, Elle souhaite. Dans quelle direction Elle nous dirigerait vers son Fils. Et je suis persuadé que si tous, nous avons vraiment son esprit, l’esprit maternel de sa sagesse maternelle, eh bien, les problèmes, les désaccords se résoudraient sans trop de difficultés.

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. »