1 septembre 2004

[Aletheia n°61] Informations

Aletheia n° 61 - 1er septembre 2004
Informations
. Est parue dans Présent (5 rue d’Amboise, 75002 Paris), les 11, 14, 18, 19 et 21 août, une série de cinq articles de Jean Madiran intitulée “ L’épiscopat de 2000 à 2004 face au piège de la laïcité ”. Ces cinq pleines pages de journal constituent une démonstration qui mérite de retenir l’attention.
Il y a une conception catholique de la laïcité, fondée sur l’Evangile : “ Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ”. Cette laïcité au sens catholique implique la distinction entre les deux pouvoirs, temporel et spirituel (l’Etat et l’Eglise), “ sans les opposer ni les séparer, écrit Jean Madiran, mais en les invitant au contraire à coopérer ”.
Il y a, par ailleurs, singulièrement en France, un autre sens du mot “ laïcité ”, entendu comme “ séparation de la religion et de la société civile ” (selon la définition du Littré rappelée par Jean Madiran). C’est aussi la définition qu’en donnait Ernest Renan dans son discours de réception à l’Académie française (1882) : “ l’Etat neutre entre les religions, tolérant pour tous les cultes et forçant l’Eglise à lui obéir sur ce point capital ”.
Le débat sur la laïcité qui dure depuis plusieurs années et qui est encore en cours, et à laquelle la Conférence épiscopale français tente de participer, est piégé par le sens restrictif et déformé du mot et par l’intention qui met le pouvoir politique. Jean Madiran fait une longue analyse des déclarations des politiques comme de l’épiscopat. Nous y renvoyons les lecteurs.
En relevant encore de quelle façon l’épiscopat français maintient de bonnes relations avec le pouvoir politique : “ Finalement l’épiscopat se contente de négocier en tapinois quelques aménagements pratiques, quelques dispositions réglementaires, quelques exemptions fiscales. En dehors de quoi, les notes doctrinales, communiqués et déclarations épiscopales se bornent à des exposés psychosociologiques inspirés des “sciences humaines“ plutôt que d’une révélation divine, et présentés comme des opinions parmi d’autres dans le débat démocratique. ”
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À signaler, néanmoins, que l’épiscopat, en certains de ses membres, n’est pas ignorant ou dédaigneux de “ l’influence de la franc-maçonnerie ”. Il y a deux ans, Mgr Brincard, évêque du Puy-en-Velay, avait fait des déclarations très fermes et clairvoyantes sur le sujet[1]. Cette fois, c’est un autre évêque, Mgr Rey, évêque de Toulon, qui a demandé à un mensuel catholique de préparer un dossier sur la franc-maçonnerie et “ son influence dans le monde ”. Le numéro paraîtra en décembre.
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. À propos des liens entre l’Association pour la famille et l’Opus Dei (Aletheia n° 59), un lecteur spécialiste du milieu associatif catholique nous écrit : “ Les responsables de l’Association pour la promotion de la famille (APPF) sont tous de l’Opus Dei. Ce qui est vrai, c’est que l’œuvre entend toujours ne pas être confondue avec les initiatives prises par ses membres, afin d’éviter les amalgames dont ses adversaires sont friands (par exemple en parlant des “banques“ de l’Opus Dei…). Toutefois, je pense qu’une certaine ambiguïté subsiste dans la mesure où les membres de l’œuvre acceptent une direction spirituelle extrêmement directive, dans tous les domaines de leur vie, — engagements “temporels“ inclus. De plus, François Gondrand, le précédent responsable de la communication de l’Opus Dei en France, que j’avais interrogé sur l’APPF, avait reconnu l’origine opusienne des animateurs de cette association (fondée face à l’inertie des AFC), tout en affirmant son indépendance vis-à-vis de l’Œuvre ”.
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. Dans le débat actuel sur la “ gnose ” et la valeur des travaux d’Etienne Couvert, l’helléniste et latiniste Gérard Bedel a publié, sous le nom de Philologus, une utile mise au point sémantique sur les mots gnose, théosophie et ésotérisme [2].
À propos du livre de Paul Sernine, La Paille et le sycomore, l’abbé de Cacqueray, supérieur du District de France de la FSSPX, explique dans le dernier numéro de Fideliter[3], pourquoi il en a autorisé l’édition et la diffusion : “ je pense que de tels débats, comme il en a toujours existé dans l’histoire de l’Eglise, sont à même de servir la recherche de la vérité par la confrontation des arguments, l’approfondissement des convictions justes. (…) Cette autorisation ne signifie pas pour autant l’approbation du livre : elle se limite à garantir que cet ouvrage ne contient rien de contraire à la foi et aux mœurs (bien qu’une erreur soit évidemment toujours possible). Que le livre soit maladroit, confus ou inutile appartient au débat public des idées, et l’autorité ecclésiastique, en permettant la parution d’un tel livre, ne s’est pas engagée sur sa valeur intellectuelle. ”
L’abbé de Cacqueray indique aussi en quel sens, limité, les notions de “ contre-Eglise ” et de “ complot ” peuvent être utilisées pour qualifier le combat mené par certains contre l’Eglise et sa doctrine.
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. Le dimanche 22 août, M. l’abbé de Cacqueray, supérieur du district de France de la FSSPX, est venu à l’église Saint-Eloi de Bordeaux annoncer la mutation de l’abbé Laguérie, prieur de l’église. Cette mutation, au Mexique, est refusée par l’intéressé qui a fait appel de la décision.
L’hebdomadaire Minute, dans son numéro du 25 août, a consacré un très long article à l’affaire sous le titre : “ La succession de Mgr Lefebvre en jeu — Du rififi chez les cathos tradi ”. L’article, signé Céline Pascot, explique : “ L’auteur a commis une faute de lèse-majesté en alertant dans un premier temps Mgr Fellay [Supérieur général de la FSSPX], et dans un second temps une trentaine de prêtres de la Fraternité, auxquels il a adressé une copieuse étude statistique sur la situation des séminaires de la Frat’ ”. L’auteur de l’article analyse la crise qui est survenue comme une lutte d’influence à l’approche du prochain Chapitre général de la FSSPX, en 2006, qui devra élire un nouveau Supérieur général ou confirmera l’actuel dans ses fonctions.
Deux autres prêtres, les abbés Héry, de Bordeaux, et de Tanoüarn, directeur des publications Pacte et Certitudes, ont pris la défense de l’abbé Laguérie. L’abbé de Tanoüarn estime qu’il ne s’agit pas d’une question de personnes mais d’une question de doctrine qui porte sur la nature de la vocation et la conception du sacerdoce.
Le Figaro, le 27 août, a évoqué l’affaire sous le titre “ Les catholiques lefebvristes se déchirent ” et a reproduit des propos de Mgr Fellay au sujet des trois prêtres visés : “ Ils ne sont pas exclus, mais ils en prennent le chemin. S’ils s’obstinent dans la rébellion, la sanction légitime va tomber, et vite. Ils troublent l’ordre. J’appliquerai donc le droit et je n’ai pas l’esprit de dictature. S’ils reviennent dans la voie de la vérité, alors à tout péché miséricorde, mais il faudra réparation. ”.
Puis était mis en circulation, par courrier et sur internet, un libelle anonyme intitulé : “ FSSPX : L’enjeu du “bras de fer“ de la Saint-Louis 2004 ”. On peut y reconnaître, je crois, le style et l’argumentation bien connue de Louis-Hubert Rémy, l’auteur sédévacantiste de L’Eglise éclipsée. Il évoque l’existence d’un “ clan Tanoüarn-Laguérie-Celier-Héry ”, les qualifie de “ mutins modernistes ”, relie l’épisode à l’affaire Sernine et interprète cette nouvelle affaire comme une “ offensive contre les autorités de la Fraternité ”.
Je ne fais que rapporter ici les positions des uns et des autres sans me mêler à la controverse.
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. Un projet d’aménagement du sanctuaire de Fatima est à l’étude. Selon certaines informations, il s’agirait d’en faire un “ centre inter-religieux où les religions du monde se réuniront pour rendre hommage à leurs dieux ”. Plusieurs publications traditionalistes se sont fait l’écho, ces derniers mois, de ce “ nouveau scandale de Fatima ”.
Jeanne Smits, qui a mené une enquête sur place, fait dans Présent (5 rue d’Amboise, 75002 Paris) le point sur la question. Tout est parti d’un article paru dans un hebdomadaire anglophone, Portugal News. Les démentis, apportés par la suite, dans l’organe officiel du sanctuaire et par le recteur du sanctuaire, le P. Luciano Guerra, n’ont pas été repris par la presse qui avait annoncé la fausse nouvelle.
Le grand article de Jeanne Smits, “ Quoi de neuf à Fatima ” (28.8.2004), a le mérite d’apporter des éclaircissements et des rectifications convaincantes. Reste à savoir si les publications traditionalistes qui s’étaient alarmées et avaient dénoncé une “ nouvelle trahison du message de Fatima ” signaleront à leurs lecteurs ce rétablissement de la vérité des faits.
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. Vient de paraître : Grégoire Celier, Libéralisme et antilibéralisme catholiques, Editions Clovis (B.P. 88, 91152 Etampes Cedex), 78 pages, 10,50 euros :
Ch. I : Le libéralisme.
Ch. II : Le libéralisme catholique.
Ch. III : L’école de l’antilibéralisme catholique.
Ch. IV : Nous sommes les fils des saints.
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Vient de paraître
Yves Chiron
Pie XI (1857-1939)
Introduction
1.      L’enfant de la Brianza
2.      Un jeune prêtre studieux
3.      De l’Ambrosienne à la Vaticane
4.      Nonce en Pologne
5.      De Milan au siège de Pierre
6.      Le Règne du Christ
7.      Le pape des missions
8.      Le pape de l’Union
9.      L’Action catholique : “ refaire la société chrétienne ”
10.  Face à Mussolini
11.  Les affaires de France
12.  Pour une Europe nouvelle
13.  Face à Hitler
14.  “ Il terribile triangolo ”
15.  “ La Pâques des trois encycliques ”
16.  “ Nous sommes tous spirituellement des sémites ”
Sources et bibliographie
Index
Remerciements

Un volume de 432 pages.  Éditions Perrin.
Prix en librairie : 23, 50 euros. Disponible au même prix, chez l’auteur (franco de port).
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[1] Texte intégral de l’entretien qu’il avait accordé à RCF-Le Puy dans le n° 28 d’Aletheia, 16 avril 2002 (envoi contre deux timbres).
[2] “ Le coin du philologue ”, Legenda, in Lecture et Tradition (n° 327, mai 2004, B.P. 1, 86190 Chiré-en-Montreuil, 3 € le numéro).
[3] “ Pour un débat contre-révolutionnaire ”, entretien avec l’abbé de Cacqueray, Fideliter (n° 161, septembre-octobre 2004, B.P. 88, 91152 Etampes Cedex, 7,50 € le numéro).