1 janvier 2005

[Jean-Paul Parfu] "...l'attitude que la Fraternité St Pie X doit avoir, non seulement vis-à-vis des autorités romaines, mais aussi vis-à-vis 'des ralliés'..."

SOURCE - Jean-Paul Parfu, avocat à la cour - 1er janvier 2005

Mesdames, messieurs,

S'agissant de la "crise" au sein de la Fraternité St Pie X, il me semble qu'elle a deux causes:

1) d'une part, la cohabitation, au sein de la Fraternité St Pie X, de deux mentalités différentes. 
Ce phénomème est d'abord passé inaperçu, bien que présent dès l'origine. Cependant, plus les évènements et le contexte qui étaient directement à l'origine de la fondation de la Fraternité s'éloignaient, plus le problème est petit à petit remonté à la surface.

A l'origine, en effet, Mgr LEFEBVRE avait créé la Fraternité, afin de réunir différents prêtres hostiles aux réformes concilaires et post-concilaires et qui, de ce fait, étaient isolés. Il s'agissait aussi de permettre aux prêtres ordonnés par lui et qui ne pourraient être incardinés dans un diocèse, de trouver un débouché et de ne pas, eux non plus, se retrouver totalement isolés.

Or, avec le temps, et compte-tenu des circonstances, la Fraternité St Pie X est devenue, et d'ailleurs sans aucune faute de sa part, une sorte d'ordre religieux, même plus moins militaire.

Il y a donc deux cultures au sein de la Fraternité St Pie X: celle "des curés de campagne" qui en sont membres à cause des circonstances que l'on connaît et dont nous souffrons tous, et celle de ceux qui sont entrés dans la Fraternité, comme on entre dans un ordre religieux, chez les Jésuites ou même autrefois chez les Templiers.

Le problème des séminaires est donc à considérer de ce point de vue également: la Fraternité "produit-elle" de futurs curés de campagne ou des moines-soldats?

C'est "ce malentendu culturel", si c'en est un, qui a éclaté au grand jour, et de manière un peu désagréable, il faut bien le dire, devant des fidèles médusés!
2) d'autre part, l'attitude que la Fraternité St Pie X doit avoir, non seulement vis-à-vis des autorités romaines, mais aussi vis-à-vis "des ralliés", au sens le plus large et le moins péjoratif que l'on peut donner à ce terme.
D'abord, il est compréhensible que la Fraternité St Pie X ait été réservée dans ses négociations avec Rome et qu'elle ait assez durement ressenti le ralliement de certains.

En effet, c'est seulement l'existence de la Fraternité St Pie X et la pression qu'elle exerçait (et qu'elle continue d'exercer) à l'extérieur du système qui a finalement conduit Rome à faire "aux traditionnalistes" des propositions.

Les ralliés s'illusionnent lorsqu'ils croient qu'ils ne doivent qu'à eux-mêmes, à leur foi, à leur piété à leur intelligence de ce que serait l'Eglise, la place qui leur est -timidement- octroyée aujourd'hui.

Il est compréhensible également que la Fraternité "l'ait eu mauvaise", quand de surcroît, certains de ces ralliés la traitèrent (et continuent de la traiter) de tous les noms d'oiseaux possibles.

Mais, la Fraternité St Pie X doit-elle, notamment vis-à-vis de ces ralliés, s'en tenir à l'ingratitude de certains, à son amertume et même à son attitude de mépris vis-à-vis d'eux? Serait-ce bien chrétien?

Il serait peut-être bon, pour elle, de voir les choses de plus haut, en quelque sorte.

Il est en effet possible que la Providence ait permis ces ralliements pour que les uns fassent pression de l'extérieur, tandis que les autres investiraient la maison de l'intérieur.

En un mot, la Fraternité St Pie X et les ralliés ne devraient-ils pas considérer que leurs choix réciproques sont légitimes et qu'il concourt au bien commun des traditionalistes et de l'Eglise?

Nous le savons, c'est une tactique de certains mouvements, de créer, d'une part une structure qui joue le jeu des institutions, "une vitrine légale", et d'autre part, une structure militaire "secrète" pour des opérations "plus musclées", alors que tout le monde sait qu'il s'agit, en réalité, d'une unique organisation et que les représentants "démocratiques" sont aussi souvent les chefs militaires de l'organisation (voir les consorts Alec Mac GUINESS et Géry ADAMS en Irlande).
Puissent peut-être les enfants de lumière être parfois aussi habiles que les enfants des ténèbres!

En tout état de cause, il me semble non seulement disproportionné, mais également faux de prétendre qu'il y aurait, entre les uns et les autres, membres de la Fraternité d'un côté et membres de la Fraternité et ralliés de l'autre, des oppositions telles, doctrinales ou autres, qu'elles ne pourraient jamais être dépassées.

Rappelons-nous l'un des messages de Noël:
"Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté".
D'avance, je vous remercie de votre patiente lecture de ces modestes réflexions qui aimeraient contribuer à la pacification des esprits, et vous prie de croire, Mesdames, Messieurs, en l'expression de ma considération distinguée.