3 janvier 2006

[Mgr Williamson, fsspx] "Si la crise de l’Eglise ne cesse de s’aggraver..."

Mgr Williamson, fsspx - 3 janvier 2006

La Reja, Argentine

3 janvier 2006

Réflexions , Janvier 2006

Si la crise de l’Eglise ne cesse de s’aggraver, comme c’est le cas pour le moment, il y a de plus en plus de Catholiques voulant garder la Foi que vont être tentés de se faire « sédévacantistes », c'est-à-dire, de croire qu’il n’y a plus eu de vrai Pape sur le Siège de Pierre depuis, par exemple, la mort de Pie XII en 1958. Dans l’espoir de diminuer plutôt que d’augmenter la confusion de ces Catholiques pour un avenir immédiat qui s’annonce difficile, puis-je présenter la raison double pour laquelle je n’ai jamais été moi-même sédevacantiste ?

Le problème principal, évidemment, c’est le libéralisme des cinq derniers Papes en particulier (Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I et II, Benoît XVI). Au lieu de résister au monde moderne et anti-catholique, ceux-ci ont cru bon s’adapter plus ou moins à ces erreurs. Le résultat –c’était prévisible– a été la décomposition de l’Eglise, au point où on peut craindre que dans quelques années il n’y restera plus grande chose debout. Alors comment est-ce possible que deux, trois, cinq Vicaires du Christ –Vicaires du Christ ! – aient pu être de si mauvais Pasteurs de l’Eglise Universelle ? « Ce n’est pas possible », disent les ‘sédévacantistes’. – « Ils n’ont pas pu être de vrais Papes ! »

Observons d’abord que cette réaction, souvent indignée, procède de la Foi. Si l’on ne croyait pas dans l’Eglise et dans la papauté en particulier, c’est évident qu’on n’éprouverait aucune difficulté à admettre que des Papes puissent être des fossoyeurs de l’Eglise. Mais en même temps observons que c’est identiquement le même argument qui pousse et les Catholiques libéraux à se faire Libéraux, et les Catholiques ‘sédévacantistes’ à se faire ‘sédévacantistes’ : - (Majeure) Le Pape est infaillible. (Mineure) Or, ces derniers Papes sont libéraux. (Conclusion libérale) Donc il faut se faire libéral. (Conclusion ‘sédévacantiste’) Donc ces « Papes » ne sont pas de vrais Papes.

D’où il paraît que les ‘sédévacantistes’ ne sont pas toujours aussi anti-libéraux qu’ils le pensent ! En effet, dans le cours des dernières 30 années, on a vu des ‘sedevacantistes’ éminents sombrer étonnamment dans le libéralisme, et également des libéraux sombrer dans le sédévacantisme. Un Catholique ne réfléchira jamais assez sur cette relation surprenante entre le ‘sédévacantisme’ et le libéralisme : ce sont souvent comme face et pile de la même pièce de monnaie.

Or, dans l’argument cité ci-dessus, la logique est bonne, la Mineure est bonne, alors le problème se situe dans la Majeure, en l’occurrence, l’exagération de l’infaillibilité du Pape. Et nous arrivons à ma double raison : c’est voir trop humainement les choses de Dieu que de faire tant dépendre des hommes la Vérité et l’Eglise de Dieu.

Quant à la Vérité, la vérité naturelle se lit dans la nature des choses créées, et toutes les bêtises et fantaisies des hommes ne peuvent changer ce qui s’y trouve, ce qui s’y lit. Quant à la vérité surnaturelle, elle existe depuis l’éternité, inaltérable dans l’Esprit divin ; elle n’a été que révélée par Notre Seigneur Jésus Christ qui en tant qu’homme dit à maintes reprises qu’Il lui est soumis ; elle n’est que transmise par les Apôtres depuis, avec leurs successeurs et avec les Papes en tête. « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas », dit Notre Seigneur (Mc XIII, 31).

Et alors ne nous affolons pas outre mesure si ses instruments humains, y compris les Papes, défaillent même gravement dans la transmission de cette Vérité, dans la défense de cette Eglise. Cette Vérité et cette Eglise viennent de Dieu et à Lui elles appartiennent. C’est Dieu qui a choisi de les mettre entre les mains d’hommes bien capables de les faire péricliter, mais comment pourrait-il embellir son Ciel avec les grands héros de son Eglise si en même temps d’autres ne pouvaient la trahir ? Et si d’aucuns la mettent en péril, pensons-nous que Dieu ne sait pas exactement doser le péril, du côté des pasteurs comme des brebis, pour le bien des élus ? Pour qui le prenons-nous ? « Ma main s’est-elle raccourcie et devenue si faible que ne puisse pas racheter ? » dit le Seigneur (Is. L, 2).

Patience ! Ce n’est pas parce que ces derniers Papes chancellent que nous devons absolument les suivre ni absolument les honnir. En toute tranquillité, prions pour eux, car c’est par eux au moment micro-minuté de Dieu qu’Il va intervenir pour redresser le principe d’autorité, seul capable de sauver l’Eglise et le monde.

Mère de l’Eglise, intercédez pour les Vicaires de votre Fils !