9 mars 2009

[Abbé Méramo] Lettre à Mgr Fellay en réponse à la seconde monition canonique

SOURCE - Virgo Maris - 9 mars 2009

LETTRE A MONSEIGNEUR FELLAY EN RÉPONSE À LA SECONDE MONITION CANONIQUE.

Monseigneur,

Étant donné que, le 2 mars 2009, j’ai été convoqué au siège du district pour y recevoir la seconde monition canonique verbale qui m’a été remise pour n’avoir pas accepté de me rétracter, au moins sur la forme, et que de plus, sans même aller au fond, des excuses m’étaient demandées pour l’envoi de ma lettre du 26 janvier 2009, je vous écris pour vous faire savoir que :

1 – VU la gravité de la manière dont vous avez agi en déposant la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X aux pieds de la Rome apostate - ainsi qu’en son temps l’a qualifiée Monseigneur Lefebvre -, l’héroïque résistance initiée par Monseigneur Lefebvre et Monseigneur de Castro Mayer dans le combat contre le modernisme et l’œuvre d’autodémolition de l’Église s’en trouve désactivée, introduisant de ce fait le même processus au sein de la Fraternité pour y accomplir l’œuvre de son autodémolition,

2 – VU que vous reconnaissez - au moins implicitement et tacitement - qu’en quelque sorte les excommunications furent valides, du fait que vous avez « sollicité à nouveau la levée des excommunications » et avez accepté « le retrait du décret d’excommunication » ainsi qu’il ressort du décret de la Sacrée Congrégation pour les Évêques, signé par le cardinal Giovanni Batista Ré, daté du 21 janvier 2009, et cela alors que Monseigneur Lefebvre et la Fraternité les ont toujours considérées comme nulles et non avenues de plein droit, puisque la Tradition ne peut jamais être excommuniée. Voilà bien la preuve - le corps - du délit. C’est ainsi que vous faites -que vous continuez de faire - le jeu de la Rome adultère, qui, de son côté, demeure ferme et fidèle à l’esprit œcuménique de Vatican II,

3 – VU que vous jouez sur les mots afin de camoufler votre capitulation lorsque vous vous prêtez au jeu de la Rome Moderniste, et que vous tombez dans ses filets en acceptant les faits et en louant la magnificence, la paternité et le courage de Benoît XVI. Il ne manque plus que de le déclarer traditionaliste, alors qu’il s’agit d’un esprit totalement déformé par la dialectique de la pensée moderne qui est profondément gnostique,

4 – VU que - consciemment ou inconsciemment - vous désactivez la résistance ferme et combattive contre la Rome protestantisée et voulez nous faire accepter la coexistence pacifique pour avoir un autel avec la Messe Traditionnelle dans le panthéon œcuméniste des fausses religions, en trouvant acceptable que la Messe Tridentine ait reçu le droit d’être le rite extraordinaire au côté de la Nouvelle Messe comme rite ordinaire, rites tous deux légitimes et bons. Voilà qui crie vers le Ciel contre cette abominable farce et votre imposture,

5 – VU que vous voulez étouffer toute légitime réaction en écrasant de votre autorité et de votre pouvoir toute juste et légitime résistance à votre action inopinée qui détruit la Fraternité fondée par Monseigneur Lefebvre,

6 – VU que vous ne croyez pas au complot contre l’Église ni à la Révolution Antichrétienne opérée par les hommes d’Église (Papes et Cardinaux) agissant en plein accord avec le Modernisme et le Concile Vatican II - que vous acceptez à 95% - et que vous n’y voyez qu’erreurs d’interprétation dans vos dernières déclarations, comme par exemple dans votre Lettre aux fidèles du 24 janvier 2009 dans laquelle vous vous limitez à «émettre des réserves »,

7 – VU que, par contre, vous croyez que moi, un simple prêtre, seul, sans ressources, qui dit en face ce qu’il pense, je suis en train d’ourdir un complot contre la Fraternité, alors que je ne désire qu’une seule chose, c’est montrer la grave et mortelle erreur dans laquelle vous nous avez entraînés,

8 – VU que vous voulez inverser le cours de la crise - la Révolution à l’intérieur de l’Église - en totale méconnaissance de l’histoire, mais aussi de la théologie de l’histoire, au sein de laquelle se situe cette irréversible crise de la Foi. Une crise dont un Saint Pape comme Saint Pie X lui-même ne pourrait aujourd’hui supprimer le mal qui a presque tout pourri, au point que la possibilité même d’arrêter ce processus révolutionnaire échapperait au pouvoir d’un Pape énergique et saint. Et puis ce n’est pas par des dialogues ni des discussions, fussent-elles théologiques, que ceci peut être résolu. Car la Foi est question d’adhésion inconditionnelle et absolue ; elle exige la profession de Foi. Tout le reste vient du malin,

9 – VU que vous vous réjouissez de la levée du décret portant sentence d’excommunication en l’accueillant par des louanges pour la magnanimité, la paternité et le courage de Benoît XVI (une reconnaissance qui va jusqu’à, par le truchement de l’abbé de Cacqueray, signer la lettre de soutien écrite par un groupe de fidèles derrière lesquels se trouvent des prêtres de la Fraternité, dont un particulièrement connu). Vous y prétendez que ce fut un cadeau et une bénédiction du Ciel, de Notre Dame, alors qu’en réalité le malheur s’est abattu sur Écône le onze février, avec la mort tragique et épouvantable de trois séminaristes et un quatrième gravement blessé, chose jamais vue et justement le jour de la Fête de N.D. de Lourdes - comme s’il s’agissait d’une pure coïncidence -. La croisade du bouquet de Rosaires a été lancée depuis le pèlerinage international à Lourdes. Et encore, comme par un pur hasard, c’est justement ce jour-là que je reçois la première monition canonique en vue d’expulsion. Je crois sincèrement devant Dieu, Monseigneur, que vous n’êtes pas gratifié de l’appui du Ciel, ni de la Sainte Vierge Marie comme vous le prétendez, mais tout au contraire… Or votre dévouement et votre engagement envers la Rome Apostate sont tels que vous ne pouvez et ne pourrez le voir, car vous êtes allé très loin et il est trop tard,

10 – VU que pour vous l’excommunication n’est plus un honneur et un signe d’orthodoxie face à l’Église Postconciliaire, comme le disait Monseigneur Lefebvre, mais bien un affront, une étiquette infamante et un stigmate. Vous ne distinguez plus non plus l’Église officielle de l’Église visible, comme le faisait aussi Monseigneur. Vous avez une attitude de confiance, alors que la méfiance de Monseigneur allait toujours croissant. Vous croyez avoir affaire à des gens honnêtes et Monseigneur disait que c’étaient des gens malhonnêtes et des brigands. Vous leur attribuez un esprit paternel, magnanime, alors que Monseigneur parlait d’un « esprit adultère ». Enfin tant de choses au sujet desquelles vous dites le contraire de ce que disait Monseigneur Lefebvre,

TOUT CELA ÉTANT, votre seconde monition demeure sans effet, sans valeur ni fondement, tout autant que la première. Il est évident que votre monition canonique secrète et verbale manque de matière juridique pour m’expulser. Car il est question d’un problème théologico-religieux et non d’un problème juridico-disciplinaire (désobéissance, rébellion, orgueil, protagonisme, entêtement, etc…) et vous prétendez étouffer la dénonciation publique de l’erreur que vous avez commise et de la vérité que vous avez trahie. Nous voyons maintenant où vous a conduit votre expression « si on m’appelle c’est en courant que je vais à Rome ». Et tout ceci est la conséquence logique de ce que vous-même reconnaissez comme étant la ligne de conduite que vous vous êtes fixée depuis 2001, après le fameux Jubilé de l’année 2000. La faute ne vous en incombe peut-être pas en totalité. En réalité vous n’avez fait que suivre et exécuter (du fait de votre réélection) la ligne directrice tracée par l’abbé Schmidberger - votre prédécesseur dans cette charge -, l’ami de celui qui était alors le Cardinal Ratzinger, aujourd’hui Benoît XVI. Cela faisait longtemps déjà que, du vivant de Monseigneur Lefebvre, il le tenait à l’écart de ses conversations avec le Cardinal Ratzinger. Il suffira, pour preuve du fait que je ne mens ni exagère, de mentionner le fait qu’une fois, étant encore séminariste au séminaire d’Écône, Monseigneur Lefebvre, alors que je l’interrogeais au sujet de la situation et de ce qui se passait avec Rome à ce moment là, me répondit : « Que voulez vous que je vous dise. Il y a un an que j’ignore tout ; je ne suis pas tenu au courant. Vous savez, chaque fois qu’il va à Rome, l’abbé Schmidberger rencontre le Cardinal Ratzinger et comme ils parlent allemand entre eux et se comprennent, je ne sais pas ce qu’ils se disent » Si ceci n’est pas la vérité, que l’abbé Schmidberger le nie, s’il l’ose. Voilà le complot qui a débuté du vivant de Monseigneur Lefebvre et dont nous voyons les résultats aujourd’hui. Il s’est réalisé graduellement et secrètement. Tout comme nous avons l’autodémolition de l’Église par la voie hiérarchique, nous nous trouvons maintenant face à l’autodémolition de la Fraternité Saint Pie X par la voie de sa hiérarchie, même si les conséquences ne se manifestent pas immédiatement. C’est à l’image d’un énorme pétrolier dont les turbines sont éteintes ; il ne s’arrête qu’après avoir parcouru de nombreux kilomètres, du fait de la force de son inertie.

Voilà pourquoi je ne puis céder par mon silence sans trahir Monseigneur Lefebvre, la Fraternité, l’Église et la Vérité. Il est nécessaire qu’au moins un membre de la Fraternité dise les choses comme elles sont, sans détours ni dissimulation, sans se laisser étouffer par la loi du silence sous le poids de l’obéissance et de l’autorité mal comprise.

Tout cela me rappelle les paroles de Monseigneur Lefebvre prononcées devant Rome qui le jugeait et l’accusait de rébellion, présomption, orgueil, schisme, etc… : « C’est moi, l’accusé qui devrait vous juger ».

Que Dieu vous éclaire.
Basilio Méramo Prêtre
Orizaba, 9 mars 2009.

P. S. Si je rends publique cette lettre, tout comme la précédente, c’est pour la simple raison que mon – injuste - expulsion de la Fraternité Saint Pie X ne doit pas s’effectuer dans le silence et l’obscurité, comme on prétend le faire au moyen de ces monitions. Car les fidèles qui me connaissent, dans de nombreux pays du monde où j’ai exercé mon ministère sacerdotal, ont le droit de connaître la vérité. Les choses doivent être claires et transparentes. On ne peut pas expulser injustement un prêtre, qui est membre de la Fraternité depuis vingt-neuf ans, par une porte dérobée, en silence et dans l’impunité. Si on me chasse, il faut qu’il soit bien clair pour tous les fidèles que c’est parce que je ne suis pas d’accord avec vos néfastes agissements et les capitulations dissimulées au point de désactiver, sournoisement, la résistance face à la Rome pervertie et corrompue, telle la grande prostituée de l’Apocalypse de Saint Jean.