9 juin 2009

[Abbé Patrick Troadec] Le nombre et l’origine des séminaristes et des frères entrés à Flavigny

SOURCE

Chers amis et bienfaiteurs,

Alors que va s’ouvrir le 19 juin prochain une année sacerdotale, à l’occasion du 150e anniversaire de la mort du saint curé d’Ars, comme l’a annoncé le pape Benoît XVI, je suis heureux de vous donner, chiffres à l’appui, la contribution du Séminaire Saint-Curé-d’Ars à cette oeuvre capitale de la formation du clergé pour la sanctification de vos âmes et de celles des générations à venir.

Le nombre et l’origine des séminaristes et des frères entrés à Flavigny

Séminaristes français et étrangers

Période
Entrées au séminaire
Âge moyen
Nombre d’enfants
dans la famille
Mères demeurant au foyer
Issus d’une école de la FSSPX
1989-1993
102
23.5
4.2
66
22
1994-1998
93
21.5
4.8
51
52
1999-2003
79
22.2
5.8
74
63
2004-2008
87
20.9
5.9
73
68

Frères français et étrangers

Période
Effectifs
Passage dans une école de la Fraternité
1989-1998
18 frères
1 frère
1999-2008
44 frères
22 frères

Le nombre d’entrées de séminaristes à Flavigny a été légèrement plus important jusqu’en 1996 en raison du plus grand nombre de séminaristes étrangers. Le nombre de séminaristes français est toutefois relativement stable et oscille entre 12 et 14 par an, depuis 20 ans. En revanche, le nombre d’entrées de frères a plus que doublé ces 10 dernières années par rapport à la décennie précédente, avec une moyenne de plus de 4 frères par an.

Les autres paramètres permettent d’arriver aux constatations qui suivent pour ces 5 dernières années. Les séminaristes qui entrent au Séminaire ont une moyenne d’âge de 21 ans. Ils sont issus de familles nombreuses, près de 6 enfants par famille. Pour les trois quarts, la mère est présente au foyer. A titre de comparaison, dans les séminaires diocésains, les séminaristes entrent à 26 ans ; la moyenne des enfants par famille est de 3,8, tandis que 30% des mamans sont mères au foyer(1).

68% de nos séminaristes ont passé au moins une année dans une école de la Fraternité. Le taux s’élève même à 81% pour les séminaristes français entrés depuis 2001. La moitié des frères entrés ces dix dernières années sont également passés par une école de la Fraternité. La proportion s’élève à 58% pour les Français.

Quand on regarde attentivement ces quelques critères sur l’origine des séminaristes et frères, il saute aux yeux que, pour faire germer et mûrir une vocation, rien ne remplace le terreau d’une famille généreuse et fervente avec une mère présente au foyer, et d’une école foncièrement catholique. L’évolution sensible du nombre des vocations issues des écoles de la Fraternité accomplit le voeu exprimé par Mgr Lefebvre de voir nos écoles devenir un jour des pépinières de vocations. « Il est absolument certain que c’est par ces collèges [c’est-à-dire les écoles de la Tradition] que nous viendront le plus de vocations […]. Sans ouvrir des petits séminaires, nous avons des collèges qui en rempliront l’office »(2). Ce jugement ne doit pas nous étonner lorsque l’on sait qu’en 1957, en France, 74% des vocations venaient des petits séminaires(3).

Ces fruits tangibles sont un bel encouragement pour les parents qui consentent à tant de sacrifices pour donner à leurs enfants une bonne éducation. Ils récompensent également la générosité de tant de bienfaiteurs qui contribuent au développement de l’oeuvre prioritaire que représente l’éducation des enfants.

La perception de l’appel de Dieu

La vocation est une réponse à un appel de Dieu. Dieu appelle les âmes quand il veut, comme il veut. Il n’est pas tenu à prendre tel moyen plutôt que tel autre pour appeler une âme à son service. Cependant certains séminaristes ont cru discerner des circonstances particulières qui leur ont paru déterminantes dans cette décision de devenir prêtres un jour. C’est assez souvent vers l’âge de 12 ans qu’ils ont perçu le premier appel. Les circonstances de cet appel sont très diverses. Certains l’ont eu dès le jour de leur première communion ou de leur confirmation, d’autres au hasard d’une lecture, d’autres encore au moment d’un pèlerinage, à l’occasion d’un sermon, en assistant à une ordination ou en visitant le Séminaire, d’autres enfin par l’intermédiaire d’un mouvement de jeunesse ou au moment de leur conversion. Mais le nombre le plus important en proportion affirme l’avoir ressenti au contact de la liturgie, que ce soit sous la forme du service de messe ou de l’aide à la sacristie. Le premier déclic n’étant pas toujours suffisant pour entraîner une décision définitive, un deuxième appel est souvent entendu par la plupart d’entre eux après une période d’éclipse plus ou moins longue.

Il a lieu à l’âge moyen de 19 ans, notamment au cours d’une retraite ou au contact d’un prêtre. Voici un témoignage parmi tant d’autres : « C’est dans une école traditionnelle que j’ai commencé à penser sérieusement à la vocation [entre 15 et 17 ans]. Ce désir a surtout été stimulé par le don de soi que nous montraient les prêtres de mon école, par leur très grande bonté. De plus, mon contact avec la liturgie et mon rôle de sacristain ont enraciné en moi un profond attachement au culte de l’Église. Le facteur déterminant a été cependant le fait que l’Église, dans la crise actuelle, a un grand besoin de prêtres »(4).

Ces éléments extérieurs, parfois déterminants pour permettre à une âme de discerner l’appel de Dieu, peuvent être utilisés avec prudence par les parents et éducateurs lorsqu’ils voient chez tel enfant des prédispositions particulières pour une vocation sacerdotale ou religieuse.

La persévérance des séminaristes et des frères entrés à Flavigny

Périodes

Séminaristes

Frères
Séminaristes et Frères*
Effectifs
Persév.(1)
%
Effectifs
Persév.
%
Effectifs
Persév.
% Persév.
1987-1995
188
91
48%
19
4
21%
206
95
46%
1996-2004
158
77
49%
32
22
69%
182
100
55%

(1) Persévérance

* Certains séminaristes étant devenus frères, l’effectif de l’ensemble est inférieur à la somme des effectifs des séminaristes et frères.

Le tableau de persévérance des séminaristes et des frères s’arrête à la promotion de ceux qui sont entrés au Séminaire en 2004 et qui viennent de franchir le pas définitif du sous-diaconat en mars 2009, les promotions suivantes étant susceptibles de connaître de nouveaux départs.

Le tableau révèle un taux constant de persévérance au cours des dernières années : 48%(5) de persévérance étant enregistrés (depuis les prêtres ordonnés en 2002 jusqu’à ceux qui viennent de recevoir le sous-diaconat), taux sensiblement identique à celui des 9 années précédentes (49%).

Le taux de persévérance des séminaristes passés par les écoles de la Fraternité (56%) est supérieur à celui des autres (37%) pour les 9 dernières années. Dans les séminaires diocésains, le taux de persévérance est également de 50% environ(6).

En revanche, le taux de persévérance des frères a considérablement augmenté. Il est passé de 21% à 69%, si bien que, séminaristes et frères confondus, on a un pourcentage de 55% de persévérance de séminaristes et frères durant les 9 dernières années sur les 182 entrées au Séminaire, pour 46% de persévérance durant les 9 années précédentes sur les 206 séminaristes et frères entrés au Séminaire.

Il ne faudrait pas considérer tous les départs du Séminaire comme des échecs ou des infidélités à la grâce. J’ai reçu de très beaux témoignages d’anciens séminaristes sur ce que le Séminaire leur a apporté pour être dans le monde de fervents catholiques. L’un d’eux m’a écrit à l’occasion de son mariage : « L’exemple des séminaristes et des frères à Flavigny m’a édifié et la vie au Séminaire m’a fortifié. Et la Providence m’a déjà rendu au centuple ! Puisse le Seigneur nous accorder de nombreuses vocations !»

Nous serions cependant heureux de voir grandir le nombre de séminaristes et frères dans nos séminaires et diminuer le nombre des départs.

La messe pour la persévérance des vocations ecclésiastiques

Pour aider les séminaristes et les prêtres à persévérer dans leur vocation, l’Église dans sa belle liturgie a composé une messe votive dont les prières sont admirables. Ces prières décrivent les dangers que peuvent rencontrer les prêtres dans leur ministère et la manière de les surmonter.

Comme le dit saint Thomas d’Aquin, il existe principalement deux causes de chute chez l’homme, l’attrait des plaisirs et la crainte des maux (II-II, q. 138, a.1).

Pour éviter de se laisser subjuguer par les faux plaisirs du monde, l’épître de la messe pour les vocations renferme les paroles de saint Jean : « Frères très chers : je vous écris, jeunes gens, parce que vous êtes forts et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin. N’aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. Car tout ce qui est dans le monde, la concupiscence de la chair, la concupiscence des yeux et l’orgueil de la vie, ne vient pas du Père, mais du monde. Le monde passe et sa concupiscence aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jn 2, 14-17). Ainsi saint Jean invite le prêtre à être dans le monde sans être du monde.

A l’attrait des plaisirs s’ajoute la crainte des maux. La vie sacerdotale est parsemée d’épreuves. Pour aider les prêtres à les surmonter, Notre-Seigneur dans l’évangile de la messe pour la persévérance des vocations donne l’image de la vigne et du sarment : « Tout sarment qui porte du fruit, dit Notre- Seigneur, Dieu le Père l’émonde afin qu’il en porte davantage » (Jn 15, 2). Cette taille de la vigne symbolise les tribulations de la vie présente, nous dit saint Jean Chrysostome. Celles-ci sont destinées à rendre les prêtres plus forts et plus vigoureux. Pour cela, ils doivent rester unis au cep : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments ; celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit : car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Loin de se décourager devant les épreuves, le prêtre doit voir à travers elles une part de la Croix du divin Maître et le gage de la fécondité de son apostolat.

Pour ne pas se laisser contaminer par l’esprit du monde et pour ne pas reculer devant les sacrifices inhérents à la sublime vocation sacerdotale, le prêtre a spécialement besoin de pratiquer deux vertus que mentionne la collecte de la messe : « Réveillez, Seigneur, en votre Église l’esprit de piété et de force ».

Pour trouver son bonheur en Dieu, le prêtre doit être un homme de prière, et pour surmonter l’attrait des plaisirs et la crainte des maux, il doit faire preuve de force. On comprend dès lors la place que le saint sacrifice de la messe doit occuper dans sa vie. En effet, où le prêtre alimentera-t-il son esprit de piété et de force ?

Ce sera spécialement à l’autel. En contemplant Notre-Seigneur sur la Croix, le prêtre a sous les yeux l’exemple le plus parfait de prière persévérante et de force héroïque.

Prions pour nos séminaristes et nos prêtres, spécialement en cette année du sacerdoce. Que Notre-Seigneur leur donne l’amour de leur sublime vocation et les éclaire sur les moyens à mettre en oeuvre pour l’accomplir saintement. Soyez vivement remerciés pour vos prières et pour vos dons en faveur du Séminaire.

Abbé Patrick TROADEC, Directeur
le 31 mai 2009, en la fête de la Pentecôte.

Notes

(1)—Statistiques des années 1975 à 2002 (Documentation catholique, 2297, août 2003).
(2)—C’est moi, l’accusé, qui devrais vous juger ! (p. 58).
(3)—Documentation catholique, 2297, août 2003.
(4)—Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du Séminaire Saint-Curé-d’Ars, 52.
(5) — Le taux de persévérance des séminaristes entrés à Flavigny entre 1996 et 2004 atteint 62% si l’on intègre ceux qui ont persévéré dans la vie religieuse ou sacerdotale, dans la Fraternité Saint-Pie X (frères) ou en dehors.
(6) — Documentation catholique, 2297, août 2003.