23 juillet 2009

[Abbé de Tanoüarn / FC] Pourquoi tant de passions

SOURCE - 23 juillet 2009

"Beaucoup plus qu'aider l'Eglise". La formule n'est pas de moi, elle est d'Ennemond dans un post récent. Apparemment elle n'a pas été relevée. Je crois qu'elle est très symptomatique, pourtant, du différend qui existe entre les supporters inconditionnels de Mgr Tissier (ceux qui sont prêts à le suivre jusque dans les catacombes)et les gens sincèrement attachés à la FSSPX comme je le suis, mais qui ne la voient pas sans peine se livrer à toutes sortes de surenchères ou de mufleries et qui ne peuvent se résoudre à la voir perdre petit à petit, par la voix de ses représentants autorisés, toute crédibilité.

Pourquoi ces surenchères et ce durcissement ?

Parce que, pour ces gens-là, comme dirait Jacques Brel, "la Fraternité fait beaucoup plus qu'aider l'Eglise".

Dans ma perplexité, j'ai cherché ce que pouvait être ce "plus".

J'ai trouvé deux solutions : soit "la Fraternité fait beaucoup plus qu'aider l'Eglise" parce qu'elle EST l'Eglise. Soit la Fraternité fait beaucoup plus qu'aider l'Eglise, parce que c'est l'Eglise qui va aider la Fraternité à entretenir la foi dans le monde. Mais peut-être Ennemond éclairera-t-il ma lanterne sur ce que signifie ce "plus qu'aider".

Quant à moi - je le dis parce que certains, dans le très long fil qu'a provoqué mon récent appel au savoir vivre dans l'Eglise, veulent me faire passer pour un dangereux ennemi de la Fraternité - en l'exhortant au savoir vivre, je la souhaite la plus efficace possible pour remplir la Mission que la Providence de Dieu lui a dévolue et je ne me résigne pas à la voir changer et se durcir.

J'ai été membre de cette Fraternité pendant près de 25 ans ; je n'ai jamais renié cet engagement ; mais j'ai toujours pensé (et j'ai écrit naguère dans Certitudes) que la résistance respectueuse de la Fraternité aux réformes post conciliaire était sa manière d'aider l'Eglise, en agissant modestement comme une partie dans l'Eglise. Je n'ai jamais pensé, au cours de ce quart de siècle, que nous faisions "plus qu'aider l'Eglise".

Je parle en mon nom propre. Mais - et j'écris cela pour répondre à une question de XA - je crois que l'abbé Laguérie a été le premier à s'offusquer publiquement de l'absence des formes élémentaires du respect dans le discours de Mgr Tissier de Mallerais sur le pape, que lui "Tissier" a appelé à plusieurs reprises "Ratzinger", sans qu'il faille forcément tirer de là une théologie sédévacantiste, mais plutôt cette simple et suicidaire absence de savoir vivre que j'ai voulu pointer, non pas en insultant un évêque, mais en constatant qu'il avait, avec la Hiérarchie ecclésiale, un comportement de mufle.

Je crois que des laïcs ne peuvent pas forcément comprendre ce que l'on éprouve pour un homme qui a été à la fois votre directeur de séminaire et l'évêque de votre ordination. Je n'ai AUCUNE ENVIE d'insulter Mgr Tissier, comme certains l'ont écrit en me diffamant. Mais sa manière récurrente de traiter le Saint Père me fait craindre la façon dont il pourra traiter avec lui, dans la Commission théologique dont il est, selon sa propre formule, l'un des quatre superviseurs.

A propos de superviseurs, c'est encore un enseignement de cet Entretien de La Vie : les quatre évêques (Mgr Williamson compris donc) auront mission de "superviser" le débat pour la Fraternité...

C'est sans doute ce que la Fraternité appelle : mettre toutes les chances, oui toutes, de son côté !

Evidemment si je n'aimais pas le combat de la Fraternité pour aider l'Eglise, une telle disposition me laisserait parfaitement indifférent.