11 octobre 2009

[Max Barret - Courrier de Tychique] Une neuvaine à l’abbé Henry La Praz

SOURCE - Max Barret - extrait du Courrier de Tychique n°305 - 11 octobre 2009


Une neuvaine à l’abbé Henry La Praz

Les discussions doctrinales entre la FSSPX et le Vatican vont débuter, si ce n’est déjà fait. Or, plusieurs indiscrétions récentes nous font craindre qu’un accord soit rapidement obtenu, au prix de concessions dont nous aurions tout à redouter.

C’est pourquoi il est peut-être opportun d’entreprendre une neuvaine de prières pour que nos craintes ne deviennent pas une certitude. Et c’est vers M. l’abbé La Praz que nous pourrions l’adresser. Sa courte vie – il mourut à 34 ans – ne fut qu’un long martyre. Il supporta plus de cent interventions chirurgicales dont un certain nombre sans anesthésie « Il dut même rester près de six mois le ventre ouvert, en raison des nombreuses interventions que nécessitait son cas… » nous dit son ami M. l’abbé Michel Koller dans un ouvrage bouleversant (1) où l’on découvre certaines photos difficilement supportables ! Il avait inscrit sur son image d’ordination ces deux mots de St Jean de la Croix : « Todo-Nada » : tout ou rien ; tout pour Dieu, rien pour moi !

« Son apostolat, il l’exerça surtout de son lit d’hôpital en raison de son état de santé. On venait de loin pour lui parler et il ne parlait pas de lui. Beaucoup de communautés, de prêtres et de fidèles ont prié pour lui sans le connaître. Pour lui, seul comptait le salut des âmes par le don total de sa personne et l’offrande permanente de ses souffrances pour les autres et pour l’Eglise. »


« Je demande instamment la grâce de faire l’offrande de ma vie sous forme de souffrances, d’humiliations et d’opprobres –
disait-il – je ne demande que la grâce pour tout offrir, tout accepter, afin de ne rien perdre de ce que Dieu m’enverra ! » (Postface de l’ouvrage)

Voici le texte de la neuvaine à faire (récitation privée) :

« O Vous, cher abbé qui étiez si proche du Coeur de Jésus, qui vous êtes consumé d’amour pour la propagation de son règne, nous avons recours à vous ; vous qui avez participé si intimement à sa Passion, au point de revivre dans votre chair des souffrances si cruelles, qui avez même participé à sa Résurrection par un miracle ineffable de la grâce, nous sommes certains de votre puissance sur ce Coeur si bon et si compatissant à nos faiblesses. Nous qui vous croyons au ciel obtenez-nous (grâce à demander) mais avant tout continuez à protéger la Fraternité St Pie X. Que ses membres adoptent et pratiquent votre si noble et si surnaturelle devise : « Fiat – Todo – Nada » et s’écartent de tout compromis et accord avec les erreurs du Concile Vatican II. Que votre sang versé jusqu’à la dernière goutte ne se perde pas et qu’il suscite de nombreuses vocations éprises d’un idéal sacerdotal à la mesure de votre zèle sublime pour la gloire de Dieu, la sainteté et le salut des âmes. Ainsi soit-il. » Pater – Ave – Gloria.

A la lecture de cette prière, on comprendra qu’elle soit particulièrement adaptée à la situation actuelle.

L’Appel du Christ-Roi !

Tout d’abord, il semble nécessaire de rappeler que ce prêtre crucifié, ce prêtre martyre, retrouva la foi à San Damiano ! « Le bon Dieu l’attendait par l’entremise de sa très sainte Mère. Au cours d’un voyage à San Damiano, en Italie, il retrouva la grâce de la prière qu’il avait négligée depuis un certain temps. Je ne dis pas qu’il avait perdu la foi, mais il laissait les doutes s’installer dans son coeur et avait quasiment abandonné toute piété. C’est donc à San Damiano qu’il reçut la grâce de retrouver le goût de la prière. » (op.cit. p. 23)

L’abbé « gardait toujours ancrée dans son esprit cette partie des Exercices spirituels de saint Ignace qui se situe à la suite des confessions et qui s’intitule « L’appel du Christ-Roi » ! (op.cit. p. 18) Et il se comparait à un soldat se donnant totalement à un chef militaire ! « Ce sont précisément ces qualités d’honneur, de bravoure, de don de soi, incarnées chez le vrai soldat que notre abbé transposait dans sa vie spirituelle. » (op.cit. p. 18) Mais alors, pourquoi les retraitants de St Ignace, et les autres, ne transposeraient-ils pas cet « appel du Christ-Roi » dans leur vie temporelle ? Pourquoi continuent-ils à s’en désintéresser, laissant aux ennemis de la Chrétienté la liberté d’y faire régner Satan à la place du Christ-Roi ?

« Une âme de chevalier. »

Dans le livre qu’il lui a consacré, l’abbé Michel Koller raconte, sous ce titre, cette anecdote :

« En ce samedi après-midi de novembre, le temps est froid et maussade. Mais la grisaille n’éteint pas les coeurs ardents ; celui d’Henry en faisait partie. Ce jour-là, Henry avait invité plusieurs de ses camarades au 6ième étage de la rue Guye à Genève.

Cet appartement familial devenait trop exigu pour recevoir tous ces jeunes hommes, âgés de 15 à 20 ans. Après une bonne poignée de main, quelques joyeuses réflexions, Henry impose le silence et prend la parole. Son discours sonne comme des trompettes. Simple, ferme, il se veut convaincant. On voit que lui est convaincu. En bref : « La situation politico-religieuse est grave – il donne quelques exemples – on ne peut pas rester les bras croisés, demeurer d’éternels spectateurs… Nous devons nous former et transformer notre entourage. Une seule étincelle peut enflammer une forêt. Nous devons être ces étincelles et enflammer le monde ! » Henry propose alors de former des petits groupes de travail. Chaque groupe doit trouver des actions concrètes pour constituer une équipe forte. » (op.cit.p.78)

Les anciens de la « Cité catholique » s’y retrouveront ! …

« Dans la discussion, Henry me propose alors de fonder un groupe à l’image des chevaliers. Mais ce groupe ressemblera aux chevaliers des derniers temps. « Nous serons, propose-t’il, les « Chevaliers de St Nicolas de Flüe » (patron de la Suisse). Ces « chevaliers » devront être pleins de l’ardeur d’un feu de conquérant » ! (op.cit. p.79). Il avait 18 ans !

Or, que voyons-nous ? Qu’est devenu notre combat ?

Si les chrétiens, dans leur immense majorité, vivent dans une apathie invraisemblable et se laissent porter par le flot dominant des opinions fluctuantes, les plus réactifs et les plus déterminés d’entre eux passent leur temps à s’entredéchirer au lieu de répondre concrètement à « l’appel du Christ-Roi ». Notre objectif, celui du laïcat chrétien comme celui des clercs, est de militer pour la restauration de la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est pourquoi, si tous les contre-révolutionnaires courageux, engagés et déterminés s’unissaient – sedevacantistes et anti-sedevacantistes – pour mener ce combat sur le terrain, faisant taire leurs inimitiés, la victoire ne nous paraîtrait plus si éloignée !

Mgr Lefebvre avait écrit : « évitant de nous poser la question sur ce qu’ils sont, posons-nous la question sur ce qu’ils font. » (postface de « Pierre m’aimes-tu ») Et donc dénonçons ce que font les ennemis du Christ-Roi ! Pas ce que font ceux qui devraient être nos camarades de combat ! Ne perdons pas de vue que ces ennemis sont partout ! Ils sont dans l’Eglise comme dans toutes les communautés religieuses dés l’instant où elles prennent une dimension trop dangereuse pour eux ! Toutes ! Il n’y a que les naïfs pour en douter encore ! C’est donc partout qu’il faut les combattre, à commencer dans ce qui semble le plus anodin, voire le plus méprisable pour certains : les plus humbles petites associations profanes : bibliothèques municipales, oeuvres caritatives, comités des fêtes (mais oui ! combien de mauvais spectacles seraient évités !) et autres clubs ou associations diverses ! C’est le tissu qu’il faut refaire, on a trop tendance à l’oublier ! Qui, parmi nos plus pointilleux doctrinaires, se sont-ils investis dans la vie de leur village, de leur quartier, de leur voisinage ? C’est sans doute peu glorieux et ça paraît utopique à vues humaines ! Mais c’est ce que Dieu attend de nous parce que, tout simplement, c’est ce qui est le plus immédiatement réalisable… Combien d’actions qui paraissaient impossibles à l’origine, ont été couronnées de succès parce qu’il s’est trouvé quelqu’un qui avait osé !

Or, ce n’est pas ce que nous avons fait ! Les places que nous n’avons pas prises ont été occupées par nos ennemis. Ils y diffusent leur idéologie, tranquillement, sans obstacle. Et, les ayant laissé agir, nous sommes ensuite invités à aller battre le bitume de nos villes – en chantant « Parle, Commande, Règne » – pour protester contre le désastre universel que nous aurions pu éviter si nous avions fait ce que Dieu attendait de nous ! Ce qui nous vaut, en France, d’avoir un Ministre d’état qui évoque dans un livre (« La mauvaise vie ») ses « expériences de tourisme sexuel » en Asie ! Et qui reste en place avec la « bénédiction » de son Président ! Le président de la « France : Fille aînée de l’Eglise » !...
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(1) « Henry La Praz prêtre crucifié » – Editions « Clovis » – 15 € – A lire et à faire connaître.