31 décembre 2009

[Abbé Meramo] Lettre ouverte à Monseigneur Fellay

SOURCE - Abbé Meramo - Virgo Maria - 31 décembre 2009

Traduction depuis le texte original en espagnol sur Radio Cristianidad

Lettre ouverte à Monseigneur Fellay

De quel droit et en vertu de quelle justice vous-même (en tant que chef de la Nouvelle Fraternité du Motu proprio) et les clercs qui vous suivent persistez-vous à me diffamer auprès des fidèles en prétendant que j’ai été expulsé pour désobéissance et manque de respect envers le Supérieur Général ? Il s’agit là d’un mensonge et d’une infâme calomnie, car si vous m’avez expulsé, c’est pour n’avoir pas gardé le silence et pour avoir dit ouvertement, sans cachotteries, les choses comme elles sont depuis que vous-même et les trois autres évêques êtes tombés dans le piège du Motu Proprio et de la levée des excommunications – prononcés par la Rome apostate et antichristique, ainsi que l’appelait Mgr Lefebvre.

Ce que vous-même et la direction de la FSSPX avez fait là revient ni plus ni moins qu’à trahir l’œuvre de Monseigneur Lefebvre, la Tradition catholique et le combat pour la défense de la Foi.

Vous avez permis que la Rome moderniste, telle la grande prostituée de l’Apocalypse (si l’on se réfère à l’exégèse de l’abbé Castellani), réussisse à détruire l’ultime bastion important de niveau mondial qui faisait encore front à son apostasie comme à celle de la nouvelle église post-conciliaire.

Vous avez provoqué l’atomisation de la résistance héroïque suscitée par Monseigneur Lefebvre et Mgr de Castro Mayer. Et vous suivez le même chemin que les abbés de Campos, qui ont failli, comme avaient failli avant eux Dom Augustin (du couvent bénédictin de Flavigny) et Dom Gérard (du convent bénédictin du Barroux), et comme faillissent aujourd’hui – à cause de vous – les moines franciscains de Morgon et les dominicains d’Avrillé, qui, de Canes Domini, se transforment en Canes Fellay, c’est-à-dire en chiens de garde de votre Excellence.

Vous avez un discours pour la Fraternité, qui nie cette faillite, et un discours pour la Rome schismatique. Ce double langage apparaît aux vu et su de tout le monde dans l’article publié le jeudi 29 octobre 2009 par Vini Ganimara, Rédacteur en chef du blog de l’Osservatore Romano, sous le titre " Forces et faiblesses de la diplomatie de Monseigneur Fellay ". On peut y lire ce qui suit :

"Monseigneur Fellay […] a su adopter peu à peu un langage mesuré, de nature à rejeter dans l’oubli les déclarations que l’intéressé faisait partout dans le passé et les discours agressifs des autres évêques de la FSSPX, ainsi qu’à désarmer l’"opinion publique" épiscopale (en Allemagne, notamment), qui prétend faire obstacle à la bonne volonté du pape. Ce troisième point – décisif, puisqu’il n’y a pas de négociation sans contreparties réciproques – met en lumière les capacités diplomatiques du prélat, mais aussi l’étroitesse de sa marge de manœuvre. Je prends un exemple : depuis la levée des excommunications, il a adressé par télécopie à tous les prieurés du monde une "Lettre aux fidèles" (du 24 janvier 2009) contenant la citation de sa lettre au cardinal Castrillón du 15 décembre 2008, qui avait permis la levée des censures : "Nous acceptons et faisons nôtres tous les conciles jusqu’à Vatican II, au sujet duquel nous émettons des réserves". Cette formule suscita une opposition si énergique que quelques jours après, une nouvelle version de la lettre en question donnait la citation suivante de la lettre au cardinal : "Nous acceptons et faisons nôtres tous les conciles jusqu’à Vatican I. Mais nous ne pouvons qu’émettre des réserves au sujet du concile Vatican II". Bien entendu, c’est la première version qu’a reçue le cardinal Castrillón. La seconde version n’est pas une falsification à proprement parler, c’est une traduction destinée à l’opinion publique de la FSSPX."

Ayez du moins l’honnêteté morale et intellectuelle d’affronter les faits tels qu’ils sont, en disant la vérité.

Cessez de dénigrer par le truchement de vos subalternes – que ce soit l’abbé Bouchacourt ou quiconque d’autre – qui, animés d’un zèle amer, accusent et persécutent tous ceux qui ne sont pas d’accord avec la Nouvelle Fraternité du Motu proprio, laquelle ne diffère en rien (si l’on y regarde de près) de la Fraternité Saint-Pierre, de l’Institut du Bon Pasteur ou des abbés de Campos, qui ont tous failli devant la Rome moderniste.

De même, il n’existe aucune différence essentielle entre la Messe de l’Indult et la messe du Motu proprio, car dans l’un et l’autre cas, la nouvelle Messe est reconnue comme l’expression bonne et légitime du rite romain et catholique. Alors que selon Monseigneur Lefebvre, la nouvelle Messe était mauvaise et bâtarde, donc dénuée de la moindre légitimité.

Excusez ma franchise, mais se taire serait faillir et entrer aussi vilainement qu’impunément dans votre jeu ; car c’est ce jeu que vous tentez de jouer, avec votre autorité et votre pouvoir qui tournent le dos à la vérité, en imposant silence à tout le monde, en expulsant ceux qui s’opposent à vous et vous contredisent, en rejetant les fidèles les plus anciens et les plus fermes, qui voient parfaitement ce qui se passe et vous résistent. Les exemples abondent, mais pour ne parler que de l’Amérique latine, il suffit de voir ce qui se fait en Argentine, où l’on exclut tout fidèle qui s’oppose, y compris des directrices d’écoles de la Fraternité (comme ce fut le cas à Buenos Aires) ou des communautés religieuses alliées à la FSSPX, telles les sœurs dominicaines d’Altagracia, à Córdoba. On dit carrément aux fidèles que si ça ne leur plaît pas ou s’ils ne sont pas d’accord, ils n’ont qu’à s’en aller, sans aucun égard pour la charité, ni la vérité sur laquelle elle repose. On envoie promener tous ceux qui ne se soumettent pas, sans même tenir compte des efforts accomplis par les fidèles, en particulier de leurs dons, qui ont permis à la Fraternité d’acquérir tous les biens qu’elle possède. Excusez-moi, Monseigneur, mais il s’agit là d’une véritable escroquerie, d’un vol pur et simple.

En outre, vous croyez être bon et vertueux parce que vous êtes le Supérieur général et que tout ce que vous faites est donc bien et juste, plus encore aujourd’hui où vous avez le soutien de la Rome apostate et adultère. Si je mens, ayez le courage de me le dire en face et publiquement, mais ne le faites pas en essayant de me discréditer auprès des prêtres et des fidèles, comme vous avez pris l’habitude de le faire.

Je vous dis cela en toute charité, laquelle ne consiste qu’en la vérité.

Que Dieu vous illumine (sans vous foudroyer pour autant). C’est ce que je puis vous souhaiter de meilleur en cette sainte Nativité.

Abbé Basilio Méramo

Bogotá, le 31 décembre 2009