12 octobre 2011

[Jean Madiran - Présent] Est-il bon de cacher ce qui s’est passé ?

SOURCE - Jean Madiran - Présent - 12 octobre 2011

La plupart des catholiques n’étaient évidemment point, le 27 octobre 1986, présents dans la ville d’Assise, et même s’ils en ont entendu parler à la télévision ou dans leur journal, ils n’ont pas toujours su au juste, et avec précision, ce qui s’y est réellement passé.

Au début de cette année, la Correspondance européenne que dirige Robert de Mattei a publié un témoignage collectif sur « Assise 1986 ». On y lit notamment :

« Nous nous souvenons des représentants de toutes les religions réunis dans une église catholique, l’église Sainte Marie des Anges, avec un rameau d’olivier à la main : comme pour signifier que la paix ne passe pas par le Christ mais, indistinctement, par tous les fondateurs d’un credo quel qu’il soit (Mahomet, Bouddha, Confucius, Kali, le Christ…). »

Tel est bien l’essentiel de ce qui est mis en cause.

« L’esprit d’Assise souffle déjà », nous annonce La Croix : elle nous décrit la mise en place, un peu partout, d’un programme de processions religieuses polyvalentes, un rameau d’olivier à la main, et de « lecture des textes sacrés des différentes religions », bien sûr « en lien » (anticipé) avec la commémoration du 27 octobre.

En somme l’« esprit d’Assise » nous est présenté comme l’obligatoire croyance commune des hommes de bonne volonté, tandis que Jésus-Christ devient facultatif, une croyance particulière parmi les autres.

Mais justement, poursuivons notre lecture du témoignage paru dans la Correspondance européenne, venons-en aux faits du 27 octobre 1986 :

« Nous nous souvenons de la prière des musulmans à Assise, la ville d’un saint qui avait fait de la conversion des musulmans l’un de ses objectifs.

« Nous nous souvenons de la prière des animistes, de leur invocation aux esprits des éléments, et de celle d’autres croyants ou représentants de “religions athées” comme le jaïnisme. »

Voici plus grave encore :

« Nous nous rappelons avec consternation les poulets décapités sur l’autel de Sainte-Claire selon des rituels tribaux, et le sanctuaire de l’église Saint-Pierre profané par une statue de Bouddha placée sur l’autel, au-dessus des reliques du martyr Vittorino… Nous nous rappelons les prêtres catholiques qui se sont prêtés à des rites d’initiation d’autres religions… »

Plus anciennement Michel De Jaeghere, envoyé spécial de son journal, avait écrit :

« Je peux en parler en témoin oculaire. J’ai vu de mes yeux des choses qui sont objectivement scandaleuses, comme la profanation des églises par des cultes païens : le dalaï-lama dansant devant le tabernacle qu’on avait surmonté d’un bouddha ; les Indiens d’Amérique invoquant les quatre vents, leurs frères, dans l’église Saint-Grégoire ; les sorciers animistes mis sur un pied d’égalité avec le vicaire du Christ ; l’occultation du crucifix ; la messe catholique seul rite exclu (…). Telle qu’elle s’est déroulée, la journée d’Assise a été un scandale public, une offense au premier Commandement… »

Ces bacchanales n’ont pas, à notre connaissance, été officiellement dénoncées, ni même regrettées. Que l’on sache, elles n’ont pas fait l’objet de cérémonies réparatrices. Peut-être faut-il s’attendre (mais rien ne l’annonce) à ce que la commémoration prévue pour le 27 octobre prochain soit enfin l’occasion d’une célébration solennelle de réparation. Continuer à cacher ce qui s’est réellement passé relève d’une pastorale très aventurée.

Quoi qu’il en soit, pour éviter le pire, la moindre des précautions sera, semble-t-il, de garder durant cette journée du 27 octobre toutes les églises d’Assise rigoureusement fermées.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 7452 de Présent du Mercredi 12 octobre 2011