21 novembre 2006

La liturgie : noeud de la paix dans l'Eglise ?
21 novembre 2006 - lesalonbeige.blogs.com
C'est le constat de la réunion qui s'est tenue lundi soir à la Mutualité, pleine à craquer pour l'occasion, à l'initiative de l'Institut du Bon Pasteur. La crise post-conciliaire a exacerbé les passions entre "traditionalistes" et "progressistes". Aujourd'hui, et particulièrement en France, l'élection de Benoît XVI, la création de l'Institut du Bon Pasteur, la question de l'accueil des traditionnalistes au menu de la conférence épiscopale française et les rumeurs persistantes de 'libéralisation' du missel de 1962, font revenir la question de la réconciliation entre les catholiques au coeur de l'actualité. L'Eglise dite "du silence" (en Occident) fait désormais la une. C'est déjà une victoire. Au cours de cette réunion, qui a vu se succéder de nombreux intervenants, était particulièrement attendu le débat entre l'abbé Laguérie et Jean-Pierre Denis (photo), rédacteur en chef de La Vie, le dernier n'ayant pas été tendre avec le premier. Jean-Pierre Denis a affirmé accepter de venir pour, au-delà des polémiques, clarifier l'essentiel : aujourd'hui qu'est-ce qu'être catholique ? Que signifie évangéliser ? Selon lui, on ne peut pas refuser le Concile Vatican II d'emblée, même si on est en droit d'en récuser son interprétation. Car pour l'interpréter, il convient d'abord de l'accepter. Toujours selon lui, la question la plus controversée de ce Concile, entre les "tradis" et les "progressistes", est la question de la définition de la liberté religieuse ainsi que du rapport entre l'Eglise et l'Etat.
L'abbé Laguérie s'est réjoui de cette réunion qui nous fait sortir de la crise des années 1970, au cours desquelles il était impossible de se parler franchement. Reprenant le discours du Pape à la Curie le 22 décembre 2005, il a affirmé que l'interprétation du Concile est différente de son "esprit" et que les jugements portés sur le Concile sont aujourd'hui caduques. Et donc, que l'on ne peut se lier à un texte qui ne serait pas normatif. L'abbé Laguérie et JP Denis sont tombés d'accord sur le fait que, tant que la liturgie ne sera pas le lieu de la réconciliation entre les catholiques, le débat ne pourra pas avoir lieu sur les autres questions. Mais JP Denis s'est opposé à une diversification des rites, source selon lui de relativisme, tandis que l'abbé Laguérie a estimé que seul le Pape pouvait résoudre cette question clef.
Si les questions posant problème n'ont pu être suffisamment approfondies -et ce n'était pas le but-, cette réunion restera comme une étape dans la nécessaire réconciliation, la fin des anathèmes, entre les catholiques de France. Dialogue et réconciliation auxquels les évêques ont été plusieurs fois invités. Si le dialogue interrelieux prend autant de place aujourd'hui, il n'est pas normal, a remarqué Daniel Hamiche, que les catholiques ne dialoguent pas entre eux. C'est aujourd'hui en cours. Et nous attendons la suite.
Michel Janva