6 décembre 2006

"Lettre au président de l'AVANDA" -
6 décembre 2006 - "Prof" - leforumcatholique.org
Je vous communique le mail que j'ai envoyé au président de l'AVANDA:


Monsieur,

Je vous écris, comme convenu lors de notre conversation téléphonique, pour vous détailler les raisons de mes inquiétudes relatives à la liturgie célébrée à Notre-Dame des Armées.

Depuis quelques temps déjà des aménagements personnels sont introduits dans la liturgie par les célébrants qui desservent la chapelle.Cependant la liturgie est la prière publique et officielle de l'Eglise: c'est à elle que le Christ en a confié la célébration,c'est à elle qu'il revient d'en déterminer les préscriptions.L'Eglise, divinement assistée, assure ainsi l'orthodoxie et l'unité de son culte.C'est pourquoi le prêtre à l'autel ne s'appartient pas: il agit au nom de l'Eglise dont il célèbre le culte.Aussi ne doit-il pas soumettre les prescriptions du missel à son appréciation personnelle, ni la liturgie à son arbitraire.En célébrant le rite de la Messe "à la carte", les prêtres de NDA s'érigent en mesure de la liturgie qu'ils célèbrent, brisent l'unité du culte que garantissaient les rubriques et brisent ainsi l'unité de la communauté qui leur est confiée...

La liturgie est évidemment vivante;elle n'est néanmoins pas la propriété des prètres qui la célèbrent: c'est à l'Eglise qu'il appartient d' en sanctionner le développement, développement dont elle est la gardienne.A cet effet l'Eglise peut sans doute confier à une communauté la célébration d'une liturgie à laquelle elle aura apporté des modifications, comme c'est le cas dans un processus de croissance, dans la perspective de la faire adopter plus tard, lorsque ces modifications se seront avérées correspondre aux besoins de la liturgie et relever d'un développement sain et légitime, par l'Eglise universelle.C'est sans doute le cas dans certaines abbayes ecclesia dei: ces cas relèvent évidemment de l'exception.Par ailleurs,pour certaines occasions exceptionnelles, la liturgie peut prévoir certains aménagements opportuns qui ne touchent pas cependant à la substance du rite: ainsi dans le cas de la FSSP existe-t-il un directoire liturgique qui permet entre autres exemples des traductions vernaculaires d'oraisons liturgiques dans le cadre de rassemblement particuliers tels les messe de scouts.En dehors de ces cas exceptionnels prévus par la liturgie, la Messe doit être célébrée en paroisse selon les prescriptions du missel.

La liturgie confiée aux communautés Ecclesia Dei est la liturgie romaine en vigueur en 1962.La réforme du code des rubriques de 1965 ,quant à elle, est caduque.Néanmoins, les prêtres de NDA introduisent de leur propre chef, petit à petit et insensiblement, des aménagements personnels et arbitraires dans le culte divin, s'éloignant du missel de 1962 qu'ils ont pourtant la mission -confiée par l'Eglise- de célébrer pour la communauté de fidèles dont ils ont la charge pastorale.

Voici les modifications introduites dans le rite de la Messe depuis quelques temps:
-le doublage disparaît petit à petit: à la Messe chantée le gloria et le Credo ne sont plus doublés.A certaines occasions plus importantes le graduel et l'alleluia ne sont pas doublés non plus: messe de confirmation,messe avec les franciscains du Bronx (dans ce dernier cas l'intoit aussi n'a pas été lu par le célébrant; quant à l'alleluia et le graduel qui n'ont été ni doublé ni chantés,ils ont tout simplement été supprimés de la liturgie).
-à la messe solennelle (diacre et sous-diacre) le chant solennel de l'épitre et de l'évangile sont constamment omis: épitre et évangile sont directement traduits face au peuple (depuis l'abbé le Pivain).
-messe de confirmation, messe avec les franciscains du Bronx et occasions : pater chanté avec le peuple (usage oriental mais pas romain).
-messe avec jeunes,avec scouts ou avec le Bronx: tout le propre en français (y compris souvent la doxologie) et la sécrète à voix haute.
-dernier évangile omis à l'occasion (messe de confirmation,prêtre de passage qui lui préfère l'angélus)
-messe en semaine par un prêtre en particulier: secrete et per ipsum à voix haute,dernier évangile à voix basse.
-quelques messes du dimanche soir: gloria entonné au siège et non doublé.
Je n'évoque pas l'introduction des chants charismatiques pendant les messes et les adorations car nous sortirions alors du domaine proprement liturgique.

Cette liste n'est sans doute pas exhaustive mais elle traduit très concrètement la volonté des prêtres de NDA de soumettre la liturgie à leur caprice au mépris de son unité. Cette volonté d'introduire ainsi des aménagements non prévus par la liturgie a été exprimée dans leur recours de 1999 et ils ne l'ont jamais cachée par ailleurs.

Certains penseront peut-être que l'Eglise pinaille à vouloir imposer autant d' exigences, en matière liturgique, qui paraissent laisser si peu de place à la créativité du prêtre: sans doute la créativité n'est-elle pas une catégorie de la liturgie.Celle-ci est essentiellement cultuelle et donc théocentrique.Nous dénonçons précisément dans le nouveau rite le primat accordé à la pastorale sur le culte, générant une créativité débordante qui n'a pas sa place dans la liturgie et qui dispose par ailleurs aux abus liturgiques que nous vérifions trop souvent dans les paroisses.Il peut paraître paradoxal de vouloir introduire dans l'ancien rite l'arbitraire que l'on dénonce par ailleurs dans le nouveau.La liturgie ne peut pas être soumise à l'appréciation de chacun: elle n'est pas une dévotion privée mais la prière publique de l'Eglise.Le concile de Trente voulait restaurer l'unité liturgique: alors que depuis la réforme post-conciliaire nous mettons en avant l'unité du missel de saint Pie V contre le multiritualisme engendré par le nouveau missel,voilà que certains prêtres introduisent désormais l'arbitraire dans l'ancien rite et achèvent d'en briser l'unité.Pour rester dans le diocèse, comparez donc la liturgie célébrée à Port Marly avec celle qui est célébrée à Saint Germain du Chesnay: d'ou vient cette si grande différence?Simplement de ce que les prêtres de Saint Germain ne respecte pas le missel qu'ils ont la mission de célébrer.

Certes, les modifications apportées à la liturgie par les prêtres de NDA ne sont pas substantielles et n'altèrent pas la Foi de l'Eglise si profondément manifestée dans ce rite vénérable que nous chérissons.Néanmoins ces prêtres ont accepté le principe selon lequel la célébration du culte divin peut être soumise à l'arbitraire du célébrant: ou s'arrêteront-ils?Au Chesnay, la liturgie navigue entre 1962 et 1965.A NDA les aménagements introduits dans le culte vont dans ce sens.Il s'agit évidemment d'un nivellement,jamais d'un enrichissement de la liturgie.Mais le prêtre ne garantit pas lui-même l'orthodoxie des rites qu'il invente: tant que les modifications qu'il décide sont empruntées à des liturgies promulguée par l'Eglise,nous sommes au moins assurés qu'elles ne ruine pas les fondements de la Foi.Car il est par ailleurs évident qu'un rite promulgué par l'Eglise ne peut pas être intrinsèquement mauvais: la liturgie n'est certes pas l'objet propre du magistère et de son infaillibilité, néanmoins, à cause des liens étroits qu'elle entretient avec les vérités de la Foi qu' elle reflète, elle est assurée par l'assistance divine dont jouit l'Eglise de ne pas errer dans la doctrine qu'elle exprime.L' infaillibilité s'étend en effet au dépôt de la Révélation mais encore à tout ce qui est nécessaire à son maintien.Pour autant nous dénonçons depuis la promulgation du nouveau rite une expression diminuée du dogme catholique,un rite nouveau dont l'expression liturgique est moins adéquate au mystère qu'il réalise.Aussi le désir d'introduire dans l'ancien rite des modifications qui le rapprocherait d'un rite dont on dénonce par ailleurs les insuffisances doctrinales ne semble pas très opportun.De toute façon ces modifications ne peuvent pas être introduites arbitrairement par un prêtre dont le seul souci est de satisfaire un caprice personnel.

Mais les prêtres de NDA, non contents de modifier la liturgie de 1962 au gré de leur caprice,
suppriment à l'occasion les offices traditionnels au profit des offices célébrés dans le nouveau rite à la cathédrale: ce fut le cas cette année pour les vêpres de la saint Louis au prétexte qu'elles étaient chantées en grégorien.Comme pour le cas de la concélébration, il semble que notre unité catholique soit conditionnée par notre célébration ou notre assistance au nouveaux rites.Mais l'unité catholique, c'est celle de la Foi, des sacrements et du gouvernement.Quant aux différents rites, ils sont diverses expressions d'un même mystère qu'ils réalisent et manifestent.Il est donc possible de rester catholique, dans la communion romaine, sans jamais célébrer ou assister au rite romain (c'est le cas chez les orientaux), ou au rite romain réformé (pourvu que le rite célébré soit reconnu par l'Eglise et célébré sous la juridiction de l'ordinaire).Aucun rite n'épuise l'insondable mystère eucharistique...Pourquoi alors vouloir à tout prix célébrer un rite nouveau dont on proclame les limites quand on peut célébrer uni au pape un rite vénérable,façonné par les âges,témoin de la Foi de nos pères,expression privilégiée de la tradition catholique, qui signifie avec la clarté que lui confère sa maturité les réalités sacrées qu'il rend présent à l'autel.Héritiers de ce trésor liturgique que nous recevons de la Tradition de l'Eglise,nous voulons le transmettre,enrichi et mûri peut-être,aux générations qui nous succèderont.Car la liturgie ne se fabrique pas; elle se façonne et se transmet, méprisant l'arbitraire de ceux qui voudraient se l'approprier: l' Eglise en est la gardienne vigilante et le prêtre en est l'humble ministre.

Ce que nous désirons, fidèles de NDA, c'est bénéficier sereinement, sous la juridiction de notre évèque, de cette liturgie multiséculaire qui entraine et dispose si bien les âmes à vivre du mystère eucharistique qu'elle réalise à l'autel.Nous voulons bénéficier sans entrave de cette liturgie qui n'appartient pas aux prêtres qui la célèbrent, sans que celle-ci soit soumise à leurs émotions du moment, et sans le chantage affectif qui consiste à nous faire croire que notre communion à l'Eglise ne saurait souffrir d'un attachement exclusif à la liturgie romaine unifiée par saint Pie V, quand cette forme est pourtant l'expression la plus traditionnelle et la plus orthodoxe du Sacrifice de la Messe et qu'elle appartient au trésor de l'Eglise.Les derniers événements nourrissent de véritables inquiétudes chez les fidèles attachés à NDA et à sa vocation dans l'Eglise.L'éviction probable de l'AVANDA, locataire et garante de l'usage exclusif du missel de 1962 dans la chapelle, finira assurément de semer le trouble chez ces fidèles qui refusent les nouvelles orientations des prêtres desservants, exprimée dans leur recours de 1999,qui commencent à être mises en place ainsi qu'il a été exposé dans cette lettre.

Je vous assure de mon soutien et de mes ferventes prières pour que Notre-Dame des Armée puisse continuer à assurer sa mission spécifique dans le diocèse, sous l'autorité de notre évèque, sans être inquiétée. [...]