15 novembre 2006

Lettre de l’Evêque aux catholiques du diocèse de Saint-Étienne
15 novembre 2006 - catholique-saint-etienne.cef.fr
Comment tendre la main aux traditionalistes ?
En gardant le cap du Concile Vatican II ! Saint-Etienne, le 15 novembre 2006
Chers amis,
Vous aimez l’Eglise ! Vous aimez votre Eglise ! Une rumeur de latin monte, envahit même la première page d’un quotidien, et nous voici pleins d’interrogations. Où va l’Eglise ? Cela réveille des blessures ; cela rappelle d’autres combats ; cela inquiète : comment tendre la main aux traditionalistes ?
La revue diocésaine Eglise à Saint-Etienne donne ce mois-ci des explications sur la question de la liturgie et de l’unité de l’Eglise, et sur la décision du Pape Benoît XVI à l’égard des traditionalistes. Mais cela ne me suffit pas. Je voudrais vous dire avec force que ces événements sont un appel à ne pas lâcher notre boussole providentielle : le Concile Vatican II.
Oui, l’Esprit Saint a donné à l’Eglise de Jésus Christ, au seuil du troisième millénaire, une boussole : le Concile Vatican II. Le Pape Jean Paul II l’a affirmé ; Son successeur, Benoît XVI, l’a confirmé. L’Eglise n’est pas une girouette. Elle ne change pas de cap.
Le Concile a orienté la liturgie en lui donnant des directions précises. Nous en sommes heureux et fiers. Quelle joie d’écouter la Parole de Dieu dans notre langue ! Quelle joie de venir déposer sur l’autel le fruit du travail des hommes ! Quelle joie d’entendre les baptisés participer à l’offrande du Fils unique ! Quelle joie de se tourner les uns vers les autres pour s’embrasser au nom du Christ qui est la paix définitivement acquise, et accomplie en notre Eucharistie !
Le Concile Vatican II, dans le même mouvement, oriente l’Eglise catholique vers un renouveau profond et missionnaire. Le Concile balise notre route en nous redonnant le Christ, Parole de Dieu aujourd’hui vivante, et offerte à tous les hommes.
La boussole du Concile oriente notre marche dans le beau et grand dialogue que l’Eglise entretient avec le monde. Dialogue où elle reçoit et donne ; dialogue qui est reflet du désir inouïe de Dieu – Notre Père- de connaître avec l’humanité un amour mutuel empreint de liberté ; dialogue que l’Eglise vit en elle-même, elle qui est faite d’humanité et de semences divines ; dialogue où les armes sont l’amour, la vérité, la justice. Donc, la croix.
La boussole du Concile oriente notre foi dans le respect des incroyants, et des croyants des autres traditions religieuses. Notre foi grandit en reconnaissant dans les membres du peuple juif, nos frères aînés, ceux à qui Dieu a parlé en premier ; notre foi s’étend en regardant avec estime les Musulmans qui adorent le Dieu un et miséricordieux ; notre foi s’approfondit en considérant la liberté religieuse comme un droit et un devoir pour tous.
La boussole du Concile oriente notre charité en reconnaissant en tous les membres des Eglises chrétiennes nos frères et sœurs. Notre charité est transfigurée en découvrant que le mystère de l’homme se révèle dans le mystère du Verbe incarné. Notre charité devient l’âme de l’Eglise quand elle considère l’homme, tout l’homme, tous les hommes et toutes les femmes, comme sa route.
La boussole du Concile oriente notre espérance en rappelant à l’Eglise sa nature missionnaire. Notre Espérance est grande en accueillant le baptême et la confirmation comme la source de la mission, origine d’une multitude de charismes. Notre espérance est vive quand elle donne mission aux fidèles laïcs de prendre toute leur part dans l’annonce du Royaume.
En tendant la main aux traditionalistes, ni le Pape, ni le cardinal Jean-Pierre Ricard, ni les évêques, ni moi-même, nous ne vous demandons d’abandonner cette merveilleuse boussole ! Nous n’avons pas fini d’en recueillir les fruits. Le pourrions-nous, d’ailleurs, tant que dure la division ?
Chers amis, ne soyez pas troublés. Le Pape Jean-Paul II nous invitait en l’an 2000 à partir en haute mer, au grand large. Les creux peuvent être signes que le vent souffle ! Tendons notre main, comme, avec Mgr Pierre Joatton, le diocèse l’a fait auprès de ceux qui constituent la fraternité Saint-Pierre présente au centre de Saint-Étienne.
Restons nous-mêmes et devenons chaque jour un peu plus des fidèles du Christ et de son Evangile. Aujourd’hui, comme hier et demain, Il nous invite à être le prochain de tous, pour la Gloire de Dieu et le salut du monde.
Amitiés et communion de prière.
+ Dominique Lebrun, Evêque.