16 janvier 2012

[Ludivine Bleuzé - L'Union] Retour aux fondamentaux à la messe d'Acy-le (très)-Haut [+] «Des positions marquées»

SOURCE - Ludivine Bleuzé - L'Union - 16 janvier 2012

Une fois par mois, à Acy-le-Haut, un prêtre du diocèse officie lors d'une messe dite tridentine. La messe d'antan, presque entièrement en latin. À la grande satisfaction des catholiques de tradition. ROSA, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa… Ces quelques vestiges de déclinaisons latines ne suffiront pas pour tout comprendre de la messe tridentine. Elle est célébrée, une fois par mois, en l'église d'Acy-le-haut, par l'abbé Thierry Gard, délégué par l'évêque de Soissons pour cette mission. Une petite cloche tinte dans le chœur de l'édifice. L'office religieux débute.

« C'est la messe de l'ancien temps. On participe moins », éclaire une dame aux cheveux blancs, s'adressant à sa voisine du même âge. Cette messe avait été abandonnée au milieu des années 60, après le concile Vatican II.
« Certains excès »
Ils sont une cinquante de catholiques pratiquants à prendre part à l'office religieux dans la petite église du village. Ils sont très âgés ou très jeunes, viennent de Saint-Michel-en-Thiérache, de Château-Thierry ou de Billy-sur-Aisne. C'est à leur demande que l'évêque, Hervé Giraud, a accordé cet office mensuel par un prêtre du diocèse.
 
En juillet 2007, le pape rappelait, en effet, que cette messe tridentine n'avait pas été abrogée. Qu'elle n'avait jamais été, donc, interdite.
 
Rosae, rosae, rosas… Toute la messe n'est pas dite en latin. Pour autant, elle n'a rien à voir avec celle diffusée à la télévision dans l'émission « Le jour du seigneur ». Les petits enfants de chœur portent un habit rouge et blanc, le prêtre tourne le dos à l'assistance, les chants grégoriens emplissent l'église, le silence et le recueillement se font une place de choix.
 
Si pour certains fidèles, il n'y a pas un rejet catégorique de la messe telle qu'elle est célébrée depuis le concile, pour d'autres, « une fois que l'on a goûté à cette messe, on a un peu de mal à revenir à l'autre », confie un habitant de Billy-sur-Aisne. « Même les enfants la préfèrent », ajoute son épouse. Un jeune Castel renchérit : « Il y a eu certains excès dans la nouvelle forme de la liturgie. »
 
Rosarum, rosis, rosis… Pas besoin de tout comprendre. « On ne voit pas tout, on ne saisit pas tout, il y a une part de mystère. Qui dit foi dit mystère », souligne l'abbé Gard qui a reçu une formation d'une semaine dans l'Indre pour pouvoir officier. C'est cette part de mystère, de recueillement « et de beauté » que viennent chercher à Acy les catholiques. Traditionalistes ? Le mot leur déplaît. Trop connoté négativement. Ici, on est « sous l'autorité de l'évêque même si je ne suis pas toujours d'accord avec lui », poursuit le pratiquant. En préférant cette messe tridentine, « on ne se sent pas du tout à l'écart ». Ni dans la société en général ni au sein de l'Eglise où Benoît XVI opère un grand rassemblement. Avec des pratiquants qui ont des positions « plus ou moins radicales, on est en train de semer un chemin de paix », précise le jeune Castel.
 
Ludivine BLEUZÉ

« Des positions marquées »
Pour l'association Saint-Pierre des catholiques de tradition de l'Aisne, « On ne peut que se réjouir et encourager la décision de l'évêque », note Jean-Michel Berriot, le trésorier depuis vingt ans. Il assiste parfois à la messe d'Acy-le-Haut. « Mais une fois par mois, ce n'est pas assez. Pour que ça soit bien, il faudrait tous les dimanches ».

Certains des membres de l'association assistaient à la messe d'hier à Acy-le-haut. Les autres célèbrent les messes dites par des prêtes de la fraternité sacerdotale de Pie X, fondée en 1970 par l'archevêque Marcel Lefebvre (notamment, dans l'Aisne, à Saint-Quentin à la chapelle des Patriotes). Les évêques de cette fraternité, fondamentalistes, avaient été excommuniés par Jean-Paul II en 1988. Depuis janvier 2009, « Benoît XVI a la volonté que tout rentre dans l'ordre. L'objectif n'est pas de rester en marge », souligne Jean-Michel Berriot. Pour l'heure, les messes tridentine dans les églises restent dites par des prêtres des diocèses. Parmi les membres de l'association, « fidèles à l'enseignement de l'Église », « il y a des gens avec des positions marquées mais pas d'intégrisme, pas de violence », insiste le trésorier. Des positions revendiquées contre le Pacs, l'utilisation du préservatif ou pour le respect de la vie c'est-à-dire contre l'avortement, avec une manifestation prévue à Paris le 22 janvier. Et le catholique de tradition de lancer : « Si je pouvais y aller, j'irais.»

L.B.