12 septembre 2008

Service minimum chez les traditionnalistes pour la venue du pape
12/09/2008 - Pierre-François Decourcelle - lexpress.fr
Service minimum chez les traditionnalistes pour la venue du pape
Par Pierre-François Decourcelle - 12/09/2008
Benoît XVI a prévu de se rendre au couvent des Bernardins lors de son séjour à Paris. Coïncidence géographique, il est situé dans le Ve arrondissement, à deux pas de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Reportage dans le fief parisien des catholiques traditionnalistes en froid avec Rome.
La façade de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, occupée illégalement depuis 1977 par les traditionalistes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, arbore pour la venue de Benoît XVI des fanions jaune et blanc aux couleurs du Vatican. La paroisse, pourtant toujours en froid avec l'Eglise de Rome, a également prévu de faire sonner les cloches au passage du Pape vendredi. Pour Alain Lorans, le porte-parole de la Fraternité, ces gestes traduisent un attachement "à l'autorité et au souverain pontife. Nous tenons à montrer notre respect filial quand il sera là".
C'est tout pour les amabilités. Car malgré le motu proprio signé par le Pape en 2007, un document qui libéralise le rite tridentin - une des revendications des traditionalistes - la Fraternité et le Vatican sont encore loin de la réconciliation.
Moins que d'une "main tendue", Alain Lorans préfère parler d'un "pas important pour l'Eglise" pour qualifier le geste de Benoît XVI. "Nous avions présumé cette autorisation", précise le prêtre.
La Fraternité demande toujours la levée de l'excommunication qui pèse sur les quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre - le fondateur - en 1988, sans l'aval du Vatican. "Ce n'est que lorsque la Tradition sera ainsi dédiabolisée que nous pourrons entamer un dialogue normal", estime Alain Lorans. Reste que des points de doctrine essentiels, imputés par les traditionalistes au concile Vatican II, séparent encore Rome et Ecône, le siège de la Fraternité situé en Suisse. Notamment le chapitre de la liberté religieuse. Pour les traditionalistes, nulle Vérité en dehors du catholicisme, tel qu'ils l'entendent.
Sur le parvis de Saint-Nicolas, à la sortie de la messe de midi, les fidèles avaient des avis partagés à la veille de l'arrivée du Saint-Père. Une paroissienne, âgée de 54 ans, ne comprend pas le déploiement des couleurs du Vatican sur la façade de l'église. Elevée "à l'ancienne", elle n'ira pas voir le Pape qui "n'a pas donné assez d'engagements pour revenir à la Tradition". "Peut-être qu'il est tenu par son entourage mais c'est lui le chef", tranche-t-elle. Une autre croyante, plus âgée, se montre moins intransigeante: "Je serai là pour le regarder. C'est quand même le ministre de Dieu".
Benoît XVI passera devant Saint-Nicolas en fin d'après-midi, avant de s'adresser au monde de la culture dans le couvent des Bernardins.