14 septembre 2007

La messe en latin s'installe sans vagues
14 septembre 2007 - Sophie de Ravinel - lefigaro.fr
La messe en latin s'installe sans vagues La mise en oeuvre de la libéralisation de l'ancien rite en latin, voulue par Benoît XVI, débute aujourd'hui dans un climat de faible mobilisation.
L'alerte au tsunami a tourné court. La vague traditionaliste attendue n'a pas déferlé sur l'Église catholique en France après l'annonce, en juillet, de la libéralisation de l'ancien rite de la messe par Benoît XVI. On n'a guère entendu non plus de contestataires de la décision papale. Alors que le décret (le motu proprio) créant la possibilité pour tout prêtre de célébrer selon l'ancien rite si un groupe de fidèles le souhaite, entre en vigueur aujourd'hui dans les diocèses, les traditionalistes ne se bousculent pas. À la Conférence des évêques de France, on a bien noté « des demandes » depuis début juillet, mais « pas en grand nombre ».
Dans l'impossibilité de les quantifier « au niveau national », la porte-parole des évêques tient à souligner le « climat positif » qui règne sur le terrain depuis le début de l'été. « Dans les diocèses, la volonté est claire de mettre en pratique ce motu proprio. Les évêques se sont adressés en ce sens à leurs prêtres par des courriers, et parfois à l'ensemble des fidèles. La question, assure-t-elle, est à l'ordre du jour. »
C'est le cas à Lyon, où le cardinal Philippe Barbarin a rencontré ses prêtres à ce sujet la semaine dernière. « Et nous pouvons affirmer qu'à ce jour il n'y a pas eu de demandes de groupes constitués », assure Pierre Durieux, chargé de la communication du diocèse. « Nous en restons donc pour le moment à ce qui se fait déjà : une messe à Lyon et une autre à Francheville. » Idem à Rennes, à Poitiers ou encore à Pontoise...
«Quelques demandes»
Dans ces diocèses, une messe hebdomadaire est déjà proposée aux fidèles attachés à l'ancien rite, et répondrait à la demande. Dans le diocèse de Verdun, aucune messe dite « de saint Pie V » n'est célébrée pour le moment. Mais à l'évêché, on parle de silence radio du côté des traditionalistes. Si, à Paris, « quelques demandes » ont bien été reçues - ce qui a incité l'archevêché à élargir quelque peu l'offre -, l'ambiance semble être on ne peut plus paisible.
« Nous sortons à peine de l'été ! », tempère Marc Erhard, un père de famille d'Eure-et-Loir qui affirme être en cours de constitution d'un groupe avec l'aide des prêtres de l'Institut du Bon-Pasteur, basé à Courtalain. « Nous sommes déjà une petite quarantaine, enfants compris », soutient-il, sur le point d'aller demander une audience à son évêque pour lui en parler. Du côté des contempteurs, ce n'est pas non plus la grande mobilisation... Regrettant l'ampleur du débat « fermé sur lui-même » et « réglant des comptes avec un passé mal digéré », le jésuite Pierre de Charentenay prévoit ainsi dans la dernière livraison d'Études : « C'est plutôt le statu quo qui l'emportera, sans bouleversement. » L'occasion de le vérifier sera donnée samedi prochain à Bordeaux, lorsque le cardinal Castrillon Hoyos, venu de Rome, ordonnera cinq prêtres selon l'ancien rite, en présence du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque du lieu et président de l'assemblée des évêques français.