2 août 2007





L’Affaire Motu proprio
2 août 2007 - Jérôme Anciberro - temoignagechretien.fr
Le retour triomphant de la messe traditionnelle va-t-il passer comme une lettre à la poste ?
L’Affaire Motu proprio par Jérôme Anciberro
C’est le 14 septembre – fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix, comme le précisent fièrement certains évêques – qu’entrera en application le Motu proprio summorum pontificum par lequel Benoît XVI étend l’autorisation de l’usage de la liturgie romaine préconciliaire. Pour la messe, bien sûr, mais aussi pour l’administration des sacrements comme le baptême, le mariage, la réconciliation (1), la confirmation ou l’onction des malades. Rappelons que l’usage du latin, autour duquel semble se cristalliser le débat, n’est que secondaire. Après tout, la messe actuelle peut aussi être dite dans cette langue. Le problème est à la fois technique, politique et symbolique. Technique, parce que, dans l’état actuel des ressources humaines de l’Église catholique, particulièrement en France, certains curés de paroisse, souvent surchargés, risquent de se retrouver à gérer des situations particulièrement pénibles. On peut, par exemple, noter que le Motu proprio ne précise pas de chiffre minimum pour le fameux « groupe stable » de fidèles qui est désormais à même de réclamer que soit mise en place dans une paroisse une messe selon le rite ancien. Le problème est aussi politique parce que le message envoyé aux catholiques qui se sont engagés pleinement dans la traduction concrète de Vatican II depuis des décennies équivaut, malgré les dénégations du Motu proprio et de la lettre aux évêques l’accompagnant, à un véritable camouflet. Vous vous êtes donnés à fond pour traduire le message évangélique dans le langage du monde des femmes et des hommes de notre temps ? Merci beaucoup, mais ceux qui pensent que le XVIe siècle constitue le terme intellectuel et spirituel de l’histoire de l’humanité ont également raison. Le pape vous dit qu’il n’y a pas de contradiction. Arrangez-vous avec ça ! Aimez vos frères tradis – comme ils vous aiment ? – et tout ira bien. Quant au problème symbolique, chacun comprendra que la mise en valeur publique du rite ancien a peu de chances d’arranger l’image d’une Église catholique toujours soupçonnée de regarder en arrière. Mais peut-être que tout cela – et bien d’autres choses – ne compte pas lorsqu’il s’agit de retrouver « la réconciliation et l’unité »…

1. Le texte du Motu proprio préfère le terme anciennement utilisé de « pénitence » à celui de « réconciliation ». Certains fidèles n’ont pas manqué d’apprécier la nuance.