13 juillet 2007





Le Motu proprio fait causer !
13 juillet 2007 - golias-editions.fr
La date choisie pour la sortie du récent « motu proprio » est fort habile : en ce début juillet, alors que s’ouvre une période de vacances, la mobilisation est forcément moindre. Lors d’une conférence de presse, le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et Président de la Conférence des évêques de France, a placé l’accent sur la volonté de réconciliation du Pape. Irénique, comme à son habitude, il entend un peu noyer le poisson : « pour le Pape, il n’y a pas de perdant, ni de gagnant.
A partir du moment où le climat n’est plus à la polémique, chacun peut écouter ». En fait, Son Eminence est irritée de la publication de ce nouveau document et est intervenu à Rome il y a quelques mois pour tenter de faire revenir le Pape sur sa désicion. En vain, mais en obtenant un moratoire. D’ailleurs, au cours de cette même conférence de presse, le cardinal Ricard a reconnu : « il risque d’y avoir des grumeaux dans la pâte ». Quant à lui, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules, a reconnu que « les risques de tensions entre fidèles étaient réels ». Connu pour ses idées progressistes plus affirmées, Mgr Lean-Louis Papin, évêque de Nancy, vice-président de la conférence épiscopale, qui semble couler là son vaisseau (il est cité comme possible successeur du consensuel archevêque de Lille, Mgr Gérard Defois) est allé jusqu’à annoncer : « s’il y a des difficultés, il est à craindre que des prêtres quittent leurs fonctions ».
Parmi les évêques, seule une petite poignée serait acquise à ce Motu proprio : Mgr Eric Aumônier, évêque de Versailles, Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon, Mgr Philippe Breton, évêque d’Aire et Dax, Mgr Bernard Ginoux, nouvel évêque de Montauban, Mgr Alain Planet, évêque de Carcassonne, Mgr Guy Thomazeau, archevêque de Montpellier et deux ou trois autres.
L’épiscopat mondial, au moins dans les pays directement concernés par la présence de groupes traditionalistes importants, est assez réservé surtout aux Etats-Unis et en Allemagne. Par contre, Mgr Angelo Bagnasco, archevêque de Gênes, président de la conférence épiscopale italienne, et le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, président de la conférence épiscopale autrichienne ne dissimulent par leur pleine et entière satisfaction.
Pour Mgr Bernard Fellay, suprieur de la fraternité Saint Pie X, chef de file des intégristes, il reste encore « des difficultés ». Assez adroitement, ce prélat suisse a la triomphe modeste. Les traditionalistes craignent qu’une trop grande arrogance de leur part ne finissent par indisposer un Benoît XVI qui leur concède déjà énormément. L’Abbé Philippe Laguérie, supérieur général de l’Institut du Bon Pasteur à Bordeaux, fait part de sa très grande joie et de sa fierté, mais, lui aussi, « sans aucun triomphalisme ». Selon certaines sources, le Vatican (cardinal Castrillon Hoyos et Mgr Perl) auraient donné des instructions aux leaders traditionalistes, de faire montre de discrétion et de décence, et de ne pas jeter d’huile sur le feu.
Le Père jésuite Federico Lombardi, présentant le texte au nom du Saint Siège, insiste d’ailleurs sur la volonté de pacification, de réconciliation, de concorde et d’unité du Pape. Selon le religieux, quiconque utiliserait ce nouveau Motu proprio à des fins polémiques, pour susciter des tensions, en trahirait l’intention et l’esprit. Rome désamorce la bombe pour qu’elle provoque les mêmes effets à long termes mais qu’elle fasse beaucoup moins de bruit.
Le centre Simon Wiesenthal se dit quant à lui inquiet du contenu de certaines prières de l’ancienne liturgie, aux accents antijuifs.