10 juillet 2007






Messes en latin les fidèles seront consultés
10 Juillet 2007 - Jean-Yves Clémenzo - La Tribune de Genève
Les prêtres de Genève ne dramatisent pas la décision du pape. Selon eux, peu de paroissiens voudront changer de rite. Allons-nous bientôt à nouveau entendre des sermons en latin prononcés par des prêtres, tournant leurs dos aux fidèles? Cette image du passé pourrait bientôt redevenir réalité à la suite de la décision du pape Benoît XVI de libéraliser la messe en latin.
A Genève, dont l’histoire a été tout particulièrement marquée par les conflits religieux, la scène paraît remonter à l’époque médiévale. L’évêché de Fribourg, Lausanne et Genève minimise la décision du pape qui demande aux curés des paroisses de satisfaire les demandes des fidèles. Le décret du pape entrera en vigueur le 14 septembre. «Dès aujourd’hui jusqu’au 31?août, chaque curé sera responsable d’effectuer une consultation. Nous aurons ensuite quinze jours pour prendre des mesures concrètes», explique son porte-parole Nicolas Betticher.
L’évêché souligne en outre que la messe en latin gardera un caractère «extraordinaire» et que le rite actuel, dit de Paul VI, restera la norme.
Toutefois, les requêtes ne devraient pas submerger les hommes d’Eglise du bout du lac. «Seule une minorité de mes paroissiens voudra revenir à l’ancien rite», pronostique Daniel Kassi, un prêtre sénégalais qui assure l’intérim estival à la paroisse Sainte-Croix de ­Carouge. Un avis partagé par l’ancien curé de Notre-Dame, l’abbé Xavier Lingg: «Cela ne changera absolument rien. On continuera à faire comme avant.»
Pascal Gobet, de la même paroisse, voit dans la décision annoncée juste avant les départs en vacances un bel exercice de communication pour éviter trop de questions: «Cela me rappelle l’annonce d’un texte litigieux sur la contraception lancé juste avant l’été par Paul VI.»
«Un ajout à ce qui existe déjà»
A la paroisse de St-Martin à Onex, Emile Diop, un autre prêtre africain, ne considère pas qu’il s’agit d’un retour à l’ancien rite, mais plutôt «d’un ajout à ce qui existe déjà». Selon lui, peu de fidèles voudront adopter une messe qu’ils ne comprennent pas. Il est en tout cas persuadé que ce décret aura peu d’impact chez lui: «Au Sénégal, il y a longtemps que le latin n’est plus utilisé. La tendance est plutôt à une liturgie qui mélange facilement langues et coutumes locales.» Danses sensuelles africaines et solennité du latin ne font pas bon ménage!