26 janvier 2009





Pourquoi Benoît XVI tend la main aux intégristes ?
26/01/2009 - René Poujol - pelerin.info
Le symbole ne pouvait guère échapper : le décret pontifical levant l’excommunication des quatre évêques ordonnés illicitement, en 1988, par Mgr Lefevbre a été rendu public la veille du 25 janvier, jour du 50e anniversaire de l’annonce, par Jean XXIII, de la convocation du concile Vatican II. Un symbole difficile à manier. Certains entendront les explications romaines sur un signe d’unité retrouvée, conforme à l’intuition de Vatican II. D’autres retiendront la réintégration d’évêques dont la rupture vient précisément d’un refus de Vatican II sur lequel ils ne sont jamais revenus. Au plan formel, le schisme n’existe plus. C’était là le vœu le plus cher de Benoît XVI. Les 491 prêtres et les 200 000 fidèles de la Fraternité Saint-Pie-X doivent à présent décider, à leur tour, s’ils rentrent dans le giron de l’Eglise catholique.
Mais tout maintien d’une séparation d’avec Rome est menacé d’extinction, puisqu’il n’existe plus d’évêque schismatique susceptible d’ordonner de nouveaux prêtres dissidents. L’indulgence pontificale suffira-t-elle à consolider une communion véritable autour du pape et des évêques ? Rien n’est moins sûr. De déclaration en déclaration, Mgr Fellay ne cesse de rappeler que les deux « conditions » posées pour leur retour étant acquises (retour de la messe selon le rite de saint Pie V et levée des excommunications), le dialogue va pouvoir s’engager sur le « bilan » du Concile.
On n’ose pas imaginer Benoît XVI céder sur les deux points qui nourrissent, depuis toujours, le discours intégriste sur la « trahison » : le dialogue œcuménique et la liberté religieuse. Deux décisions qui ont été prises par les Pères conciliaires et reçues par l’immense majorité des catholiques comme conformes à la foi reçue des apôtres. Elles ne peuvent donc nourrir le débat sur une prétendue rupture de Vatican II avec la Tradition.
Reste que l’accueil des fils prodigues, sans repentance explicite de leur part, est aujourd’hui reçu, par beaucoup, comme une injustice, même au-delà de l’Eglise, où les propos révisionnistes de l’un d’eux ajoutent à l’incompréhension. Nul ne conteste que l’excommunication de 1988 ait pu plonger bien des fidèles, sincères, dans une grande souffrance. Mais l’apparent désintérêt de Rome pour celles et ceux qui, par centaines de milliers, se sentant incompris ou exclus, ont quitté l’Eglise sur la pointe des pieds, est aujourd’hui une autre forme de scandale. Combien d’entre eux continuent en leur coeur de croire en Jésus- Christ, fils de Dieu, mort et ressuscité ? Qui se soucie de leur tendre la main ?