8 septembre 2012

[Dom Thomas d'Aquin - Spes] Déclaration de Dom Thomas d'Aquin en réponse à l'abbé Bouchacourt

SOURCE - Dom Thomas d'Aquin - Version française de l’original portugais (SPES) via la version espagnole (Non possumus) - 8 septembre 2012

Avant la déclaration du RP Bouchacourt, le monastère de la Sainte Croix déclare qu’il en a appelé au Révérend Richard Williamson parce qu’il le considère comme un digne défenseur de la foi catholique, en mesure de confirmer la foi, non seulement des moines du monastère de Saint- Cruz, mais aussi des communautés religieuses et des fidèles qui voient avec une grande inquiétude la politique désastreuse des accords pratiques avec Rome avant que Rome ne se convertisse de ses erreurs libérales et modernistes.

Pourquoi les Capucins, les Dominicains et aussi les Bénédictins de Bellaigue eurent leurs candidats éloignés ou menacés d'être écartés de la réception de l'ordre sacerdotal si ce n'est pour cause de leur opposition à la politique des accords ? Et c’est ce qui s'est passé quand Rome ne voulait plus des accords, du moins pour l'instant.

C’est manquer à la vérité que de taire les véritables raisons de ce que nous vivons. Pourquoi a-t-il été demandé à Mgr Williamson de fermer ses «Commentaires Eleison» si ce n'est à cause de la doctrine ainsi exposée ? Pourquoi Mgr Tissier de Mallerais a dû interrompre ses prédications si ce n'est pas parce que celles-ci étaient contre cette même politique? Pourquoi le Père Koller a été menacé de sanctions s'il ce n'est parce qu'il prêchait contre cette même politique? Pourquoi les pères Cardozo, Chazal, Pfeiffer et d'autres ont été punis ou expulsés si ce n’est en raison de leur opposition à cette même politique ?

Attention, avait mis en garde Mgr de Galarreta, il y a quelques mois :

Pour le bien de la Fraternité et de la Tradition, on doit fermer aussi rapidement que possible la "boîte de Pandore" pour éviter le discrédit et la démolition de l'autorité, les contestations, les discordes et les divisions, peut-être sans retour.

Et Mgr de Galarreta se demandait quelles seraient ces conditions requises pour une proposition totalement acceptable, c'est-à-dire pour une victoire qui ne peut être que doctrinale, parce que dans ce combat tout repose sur la foi. Et il répondit en se référant aux textes de Mgr Lefebvre cités dans son exposé.

Citons l'un de ces textes :

Monseigneur Lefebvre : « Nous n’avons pas la même façon de concevoir la réconciliation. Le cardinal Ratzinger la voit dans le sens de nous réduire, de nous ramener à Vatican II. Nous, nous la voyons comme un retour de Rome à la Tradition. On ne s’entend pas. C’est un dialogue de sourds. Je ne peux pas beaucoup parler d’avenir, car le mien est derrière moi. Mais si je vis encore un peu et en supposant que d’ici à un certain temps Rome fasse un appel, qu’on veuille nous revoir, reprendre langue, à ce moment-là c’est moi qui poserais les conditions. Je n’accepterai plus d’être dans la situation où nous nous sommes trouvés lors des colloques. C’est fini.

Je poserais la question au plan doctrinal : « Est-ce que vous êtes d’accord avec les grandes encycliques de tous les papes qui vous ont précédés. Est-ce que vous êtes d’accord avec Quanta Cura de Pie IX, Immortale Dei, Libertas de Léon XIII, Pascendi de Pie X, Quas Primas de Pie XI, Humani generis de Pie XII ? Est-ce que vous êtes en pleine communion avec ces papes et avec leurs affirmations ? Est-ce que vous acceptez encore le serment antimoderniste ? Est-ce que vous êtes pour le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ ?

Si vous n’acceptez pas la doctrine de vos prédécesseurs, il est inutile de parler. Tant que vous n’aurez pas accepté de réformer le Concile en considérant la doctrine de ces papes qui vous ont précédés, il n’y a pas de dialogue possible. C’est inutile.
» (Fideliter, n° 66, pp. 12-13).

Conclusion : La Boîte de Pandore n'est pas vraiment fermée, puisque ce n'est pas en suivant la ligne tracée par Mgr Lefebvre.

Mais sans doute le P. Bouchacourt dira que, au contraire, le Chapitre général a tout résolu. Tout est en ordre parfait. Malheureusement, ce n'est pas la vérité. Le Chapitre général a maintenu l’objectif des accords sur une base différente de celle indiquée auparavant par Mgr Marcel Lefebvre. Lisez les Commentaires Eleison de Mgr Williamson sur les six conditions et vous verrez que les résolutions du Chapitre général sont insuffisantes et différentes de celles de Mgr Lefebvre.

D'autres diront : Qu’avez-vous à voir avec cela ? J'ai à voir, parce que la foi est un bien commun de l'Eglise et que j'appartiens à l'Eglise, et j'ai de plus des responsabilités en lien avec les moines de la Sainte Croix et les fidèles qui nous accordent leur confiance.

D'autres encore diront : l’obéissance transfère les responsabilités aux supérieurs et en obéissant personne ne se trompe. Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Ainsi, la plupart des évêques ont accepté le Concile Vatican.

Ils me diront aussi : Vous contribuez à la division de la Tradition. Je réponds que l’unité doit se faire sur la vérité, c'est-à dire sur la foi catholique ; et les mots et les attitudes de Mgr Fellay ne sont malheureusement pas ceux d’un disciple de Mgr Lefebvre, lequel a défendu la vérité sans compromis. Pourquoi faire taire Mgr Williamson et Mgr Tissier de Mallerais ? Lisez la lettre des trois évêques à Mgr Fellay et à ses assistants, et vous y trouverez les raisons du combat de la Tradition et les raisons de notre attitude.

Corçâo ne cessait de répéter que la fausse notion de la charité et de l'unité faisait des ravages profonds dans la résistance catholique. Lorsque la charité se sépare de la vérité, la charité cesse d'être charité. Beaucoup, même parmi ses amis, l’ont accusé de manquer de charité à cause de ses articles. Mais la première charité est de dire la vérité. Corçâo était de ceux qui avaient raison, comme les faits l’ont montré. La même accusation a été portée contre Mgr Lefebvre.

Quant à l'unité, Corçâo disait avec humour que l'expérience lui avait appris que, contrairement à l'adage populaire «l'union fait la force», il avait malheureusement constaté que l'union souvent fait la faiblesse. Pourquoi ? Parce qu'une unité loin de la la vérité, une union faite de concessions, une union qui sacrifie la foi est une faiblesse qui «rend faible les gens forts». N'était-ce pas précisément ce qui s'est passé au Concile Vatican II ? Par souci d'unité avec Paul VI, de nombreux évêques ont fini par signer des documents inacceptables. L’unité ne fait pas la force, mais le contraire.

Maintenant, dans la Tradition, ils veulent que nous soyons d’accord à n’importe quel prix avec ceux qui croient que les erreurs du Concile ne sont pas si graves, avec ceux qui croient que 95% du Conseil sont acceptables, que la liberté religieuse de Dignitatis Humanae est très limitée, qu’il ne faut pas faire des erreurs du Concile des super-hérésies. Mais ceci n'est pas la vérité. Le Concile a été la plus grande catastrophe de l'histoire de l'Eglise depuis sa fondation, comme disait Mgr Lefebvre dans son livre Du libéralisme à l'apostasie. S’il s’agit de nous unir sur ces bases, je préfère m'abstenir et travailler à la restauration intégrale de la foi catholique comme Mgr Marcel Lefebvre nous conseillait et exhortait toujours, en espérant que la Fraternité retrouve à nouveau cette foi, comme j’espère qu’elle l’a, puisqu’elle a les moyens pour elle et a d'excellents évêques et prêtres.

Quant à l'accusation de ce que j’ai trompé les fidèles, donnant la fausse impression que Mgr Williamson a été invité avec toutes les permissions de Mgr Fellay, je peux affirmer que je ne cache à personne, depuis très longtemps, notre opposition à la politique de Mgr Fellay, et bien que le peuple brésilien est un peu naïf, je ne crois pas qu'il le soit autant que le pense le Père Bouchacourt. Le contraire est ce qui est vrai. Qui ne sait pas que Mgr Williamson est mal vu dans Menzingen ? Mais est bien vu ici, parce que l'obéissance est une vertu soumise aux vertus principales, et surtout à la foi, l'espérance et la charité. Faire de l'obéissance une arme pour paralyser la tradition est répéter le coup de maître de Satan, comme disait Mgr Lefebvre, coup de maître qui a mis toute l'Église dans la désobéissance à sa propre tradition par l'obéissance. Nous ne le ferons pas.

Qu’ils disent ce qu’ils veulent. Il y a un problème, et ce problème est de foi et est grave. Quant à nous, notre position est prise : à savoir soutenir les défenseurs de la foi comme l'ont fait Mgr Lefebvre, Mgr Antonio de Castro Mayer, Saint-Pie X et toute la tradition de l'Eglise. Si nous avons à souffrir à cause de cela, nous souffrirons, comme notre Seigneur nous a avertis : «Celui qui veut vivre pieusement en Jésus-Christ sera persécuté» (2 Tm 3, 12.).

Quant à la Fraternité, nous la considérons comme une œuvre providentielle fondée par un évêque qui s’est élevé au plus haut degré de l’héroïsme dans les vertus les plus difficiles, qui sont celles pour lesquelles Dieu a créé les dons de sagesse, intelligence, conseil, force, la science, la piété et la crainte de Dieu. Nous considérons Monseigneur Lefebvre comme une lumière qui brille dans les ténèbres du monde moderne, et la Fraternité est son œuvre et son héritière, mais à condition de rester fidèle à la grâce reçue. Nous prions pour elle, et si nous nous opposons à la politique de Mgr Fellay, ce n’est pas par un désir hostile contre la Fraternité, mais par amour pour elle et pour Mgr Fellay, comme nous aimons la sainte Église et par amour pour elle nous combattons le libéralisme et le modernisme de ses ennemis qui se sont installés à l'intérieur. Que Dieu bénisse et garde la Fraternité Saint-Pie X, à laquelle je dois le meilleur de ce j’ai reçu, tant en ce qui concerne la foi et que la prêtrise, que j'ai reçue des mains Son Excellence Mgr Marcel Lefebvre.

Dom Thomas d'Aquin
8 septembre 2012
Nativité de Notre-Dame