19 novembre 2012

[blog "Chiesa" - repubblica.it] Journal du Vatican / À la curie, tout le monde habillé comme il faut

SOURCE - blog "Chiesa" - repubblica.it - Traduction française par Charles de Pechpeyrou - 19 novembre 2012

Une circulaire interne interdit au clergé l'usage des vêtements civils et lui impose le retour à la soutane. Y compris pour les évêques qui se rendent en visite à Rome. Voici le texte intégral de la lettre, signée par Bertone qui l'a rédigée à la demande du pape
CITÉ DU VATICAN, le 19 novembre 2012 – Soutane obligatoire pour les cardinaux et les évêques aux heures de bureau. Soutane ou clergyman pour les prêtres et les monsignori. Habit spécifique de leur ordre pour les religieux, tout le temps et en toute saison. Et, lors des cérémonies qui ont lieu en présence du pape ou lors des rencontres officielles à la curie romaine, “abito piano”, c’est-à-dire soutane pour les prêtres, soutane filetée pour les monsignori et soutane avec mozette filetée (appelée “pèlerine”) pour les évêques et les cardinaux.

Ce sont là les instructions qui ont été rappelées récemment au Vatican, dans la ligne des dispositions communiquées naguère par Jean-Paul II à celui qui était alors le cardinal vicaire de Rome, Ugo Poletti, dans une lettre qu’il lui adressa le 8 septembre 1982 : [LIEN] "La cura dell'amata diocesi di Roma..."

Dans cette lettre, le pape Karol Wojtyla s’adressait à son vicaire, "qui partagez au plus près mes soins et mes sollicitudes dans le gouvernement de ce diocèse, [...] afin que, en accord avec les sacrées congrégations pour le clergé, pour les religieux et les instituts séculiers, et pour l’éducation catholique, vous veuillez bien étudier les initiatives les plus appropriées pour favoriser le port de l’habit ecclésiastique et religieux, en prenant à ce sujet les dispositions nécessaires et en veillant à leur application".

La nouvelle circulaire, qui est datée du 15 octobre 2012 et a été diffusée au cours du récent synode des évêques, porte la signature du cardinal secrétaire d’état, Tarcisio Bertone, qui l’a écrite - comme on peut le lire dans le texte - "sur une vénérable injonction", c’est-à-dire sur les indications de Benoît XVI.

Elle sonne comme un rappel au "devoir d’exemplarité qui incombe surtout à tous ceux qui travaillent au service du successeur de Pierre".

Mais ce n’est pas tout. La lettre veut également être un "encouragement explicite" pour tous ceux qui se rendent en visite à Rome, "y compris les épiscopats", souligne-t-elle.

Il n’y a pas, dans le texte, de référence explicite aux religieuses qui travaillent au Vatican, mais, par analogie avec les religieux, la règle devrait s’appliquer aussi à elles.

L’indication est donc très claire. Ceux qui ont la possibilité de se rendre dans les bureaux du Vatican pourront voir dans quelle mesure elle va être respectée.

On trouvera ci-dessous la transcription intégrale de cette lettre, écrite sur papier à en-tête de la section des affaires générales de la secrétairerie d’état, sous la référence N. 193.930/P, et adressée aux dirigeants des dicastères, tribunaux et services du Saint-Siège et du vicariat de Rome.
"PAR RESPECT DU DEVOIR D’EXEMPLARITÉ..."

Au Vatican, le 15 octobre 2012

Éminence/Excellence Révérendissime,

Par la présente je souhaite attirer Votre attention sur l’importance de la discipline inhérente au port quotidien de l’habit ecclésiastique (soutane ou clergyman) et religieux, tel qu’il a été déterminé par la réglementation en la matière et selon les motivations présentées et expliquées en son temps par le Bienheureux Jean-Paul II dans sa Lettre du 8 septembre 1982 au Cardinal Vicaire de Rome.

En un temps où chacun est spécialement appelé à raviver la conscience et la cohérence de son identité, je viens, sur une vénérable injonction, demander à Votre Éminence/Excellence de bien vouloir assurer l’application de ce qui précède par tous les ecclésiastiques et religieux qui travaillent dans ce Dicastère/Tribunal/Service/Vicariat, en leur rappelant qu’ils ont le devoir de porter régulièrement et de manière digne l’habit qui leur est propre, en tout temps, notamment par respect du devoir d’exemplarité (en italique dans le document original - ndlr) qui incombe surtout à tous ceux qui travaillent au service du Successeur de Pierre.

L’exemple même de ceux qui, revêtus de la dignité épiscopale, sont fidèles au port quotidien de la soutane pour eux-mêmes, pendant les heures de bureau, devient un encouragement explicite pour tous, y compris pour les Épiscopats et pour ceux qui se rendent en visite à la Curie Romaine et à la Cité du Vatican.

De plus je profite de cette lettre pour rappeler - notamment afin d’éviter des incertitudes et d’assurer l’uniformité nécessaire - que le port de la soutane est exigé pour participer à toutes les activités auxquelles le Saint-Père est présent, ainsi que pour les Assemblées Plénières et Ordinaires, les Réunions Interdicastérielles, l’accueil des Visites "ad limina" et les diverses convocations officielles du Saint-Siège.

En vous remerciant de votre collaboration, je profite volontiers de l’occasion qui m’en est donnée pour réaffirmer

à Votre Éminence/Excellence Rév.me

mes sentiments de déférence distinguée et cordiale et de dévouement dans le Seigneur

+ Tarcisio Card. Bertone

Secrétaire d’état
Aussitôt que cette circulaire a été connue, un site catholique italien résolument progressiste l’a commentée de la manière suivante :
"Est-ce là le style de la nouvelle évangélisation ? Tout commentaire est difficile. Nous ne pouvons que revenir au 'pacte des catacombes' - dont l’anniversaire tombe précisément aujourd’hui, puisqu’il fut signé le 16 novembre 1965 par une quarantaine de pères conciliaires - qui affirme, entre autres : 'Nous renonçons pour toujours à l'apparence et à la réalité de la richesse, spécialement en ce qui concerne les vêtements (étoffes riches, couleurs voyantes) et les insignes en matière précieuse : ces insignes doivent en effet être évangéliques'".

Mais ni dans la circulaire du Vatican du 15 octobre, ni dans la lettre de Jean-Paul II de 1982, il n’est fait allusion à l’obligation de porter des "étoffes riches" et des "couleurs voyantes", ou des "insignes en matière précieuse".

Il y est simplement recommandé de porter la soutane, c’est-à-dire le vêtement même qu’a toujours aimé porter l’évêque brésilien dom Helder Camara (photo), justement le plus illustre des quarante signataires de ce “pacte" pour une Église servante et pauvre : [LIEN] "Patto delle catacombe"
Traduction française par Charles de Pechpeyrou.