31 janvier 2013

[Romano Libero - Golias] Nouvelle chapelle tradi

SOURCE - Romano Libero - Golias - 31 janvier 2013

La Fraternité lefebvriste Saint Pie X vient de s’installer dans la chapelle Notre Dame de la consolation, magnifiquement située rue Jean Goujon dans le 8e arrondissement de Paris. Cette chapelle appartenait jusqu’alors aux religieux scalabriniens italiens. Elle relèvera désormais de la Fraternité intégriste.

Ce lieu de culte a une histoire particulière. Elle fut consacrée en 1900 tout rond à l’endroit même où fit rage le 4 mai 1897 l’incendie du Bazar de la Charité qui avait fait 126 morts dont de nombreuses dames de la bonne société parisienne engagées dans les oeuvres pies. Ceci explique que ce lieu de culte appartienne à l’ association Mémorial du Bazar de la Charité à laquelle la mission catholique italienne payait une location. Or, l’édifice doit être rénové et cette mission ne peut s’en charger faute de revenus. C’est pourquoi, afin d’éviter la désacralisation du lieu, l’association s’est résignée (sans trop de peine...) à céder la chapelle aux intégristes qui ont saisi avec enthousiasme une telle aubaine. Quant à l’ archevêché de Paris , déjà tournée en ridicule en raison de son refus de céder deux cloches de Notre Dame hors d’usage aux religieux de Riaumont , tradis mais ralliés à Rome, elle n’avait rien à dire dans cette affaire, cette chapelle ne relevant pas de son autorité. Quant à la mission catholique italienne, elle va désormais s’installer à la paroisse Saint Pierre de Chaillot, qui n’est pas très éloignée.

Cette tractation entre les intégristes et l’association aurait été facilitée par le fait que plusieurs membres du conseil d’administration de l’association seraient en fait liés à la Fraternité Saint Pie X favorisant un jeu de vases communicants.

Des vases sacrés cela s’entend !

[Abbé Benoît Wailliez, fsspx - Pour qu'Il Règne] "C’est notre Mère qui est malade"

Abbé Benoît Wailliez, fsspx - Pour qu'Il Règne - janvier 2012

« Tout bon arbre produit de bons fruits, mais le mauvais arbre produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas du bon fruit, on le coupe et le jette au feu. Ainsi donc, c´est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Matthieu 7, 17-20). 

Les défenseurs du Concile, en ce funeste 50ème anniversaire, se sont souvenus de ce qu’a dit Notre-Seigneur et ont concocté une série des « 7 fruits de Vatican II », qui énumère ses apports, ses acquis : 1) l’Église, en tant que mystère, 2) l’appel à la sainteté, 3) la Parole de Dieu, 4) la liturgie, comme source et sommet, 5) l’Église missionnaire, 6) la dignité de la personne humaine et enfin 7) la liberté religieuse.

L’Église, en tant que mystère. C’est une manière de passer sous silence et de dissoudre la constitution monarchique de l’Église, voulue par le Christ lui-même.

L’appel à la sainteté. Un concile était-il nécessaire pour rappeler aux chrétiens leur vocation à la sainteté ? Au cours des siècles, toutes les couches de la société, tous les états de vie ont donné une multitude de saints à l’Église, et par le fait même, un témoignage magnifique pour le reste des fidèles. Par contre, on était beaucoup plus exigeant pour les procès de canonisation et l’héroïcité des vertus primait sur le don des miracles, vrais ou supposés…

La Parole de Dieu. Avant le Concile,  les fidèles recevaient l’explication de la Sainte Écriture lors de la messe, à la vue des vitraux et à l’école, au cours d’Histoire sainte. En quoi Vatican II a-t-il amélioré la situation ? Les gens ne vont plus à l’église, il n’y a plus d’écoles catholiques et les gens ne connaissent plus les enseignements bibliques. Des auteurs comme sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ou Dom Marmion ont fort heureusement renoué un contact direct entre spiritualité et passages scripturaires. Mais quel est le rapport avec Vatican II ?

La liturgie, comme sommet et source. Avec la réforme liturgique, se réclamant de Vatican II, une très grande partie des fidèles a déserté les églises et leurs enfants et petits-enfants ne sont plus du tout pratiquants. La vulgarisation de la messe l’a rendue tellement éloignée du sacré qu’elle est devenue un sommet de niaiseries et une source d’ennui. Et c’est sans parler de la perte de la foi.

L’Église missionnaire. L’Église était autrement plus consciente de son rôle missionnaire avant les années 60. Que l’on pense, entre autres, à l’essor fantastique des territoires de missions, sous le règne des souverains pontifes Pie IX, Pie XI et Pie XII.

La dignité de la personne humaine. C’est l’Église catholique qui a petit à petit supprimé l’esclavage, si généralisé dans l’Antiquité. Et tout en veillant au bien-être matériel des peuples (songez au remarquable travail des jésuites auprès des Guaranis), l’Église mettait surtout en avant la dignité du chrétien qui vit en vrai fils de Dieu. « Agnosce, o Christiane, dignitatem tuam ! »

La liberté religieuse. Avant le Concile, l’Église prêchait le Christ-Roi et le faisait régner sur la terre. La « liberté religieuse » de Vatican II a eu pour fruits que les États chrétiens ne le sont plus, que les sectes protestantes envahissent l’Amérique du sud et l’Afrique, et que les anciens États catholiques passent lois sur lois contre la morale naturelle.

Voilà donc pour les « 7 fruits de Vatican II ». Tout juste bon pour une série supplémentaire de cartes du jeu des 7 familles…

Le catholique connaît lui aussi la parole du Christ et sait qu’elle est une « valeur sûre ». Il fait donc le test de l’arbre et des fruits, et constate que les fruits de Vatican II sont des fruits empoisonnés qui mettent la foi gravement en péril.

Le rapporteur du Synode des évêques d’octobre dernier, le cardinal Donald Wuerl, a tenu des propos fort lucides sur l’état actuel de la société chrétienne : « C’est comme si un tsunami d´influence séculière s´était abattu sur l´ensemble du paysage culturel, emportant avec lui des repères sociaux tels que le mariage, la famille, le concept de bien commun et la distinction entre le bien et le mal ».

Mais poser un bon diagnostic en vue d’un traitement adéquat suppose une juste analyse des causes du mal.
Les loups sont entrés dans la bergerie. C’est maintenant admis. « C’est la faute à la sécularisation », dit-on à Rome, comme on dirait : « C’est la faute au loup ». Mais qui a laissé la porte ouverte? Qui a ouvert l’Église à l’esprit du monde?

Nous ne prétendons pas que tout ce qui se fait dans l’Église, depuis Vatican II, est stérile ou mauvais. Nous y voyons bien certains bons fruits: la dévotion (chapelet, confession, adoration), par exemple, refait surface dans des communautés nouvelles ou chez des jeunes prêtres. Mais en quoi cela vient-il des innovations conciliaires? Il s’agit plutôt d’une redécouverte d’un trésor enfoui. Deo gratias !

Il ne s’agit pas pour nous de nous réjouir de ce mal qui ronge l’Église depuis un demi-siècle. C’est notre Mère qui est malade.
 
Mais nous voudrions faire cesser la musique, sur le pont du Titanic.
 
Continuer à porter aux nues cette malheureuse assemblée conciliaire, c’est prolonger la « désorientation diabolique » de bien des âmes.

[“Sì sì no no”] Les textes du Concile Vatican II sont-ils acceptables dans leur quasi-totalité?

SOURCE - "Si si no no" - via le Bulletin des Amis de saint Francois de Sales - 31 janvier 2013

«En bien des points les hérétiques sont  avec l’Eglise, en quelques-uns non; mais, à  cause de ces quelques points qui les séparent de l’Eglise, il ne leur sert de rien d’être  avec Elle en tout le reste» (St Augustin, In  Psal. 54, no 19; PL 36, 641)
L’intégrité de la Foi
Durant et depuis la tempête du concile Vatican  II, les écrits sur l’opposition de ce dernier à la  Tradition de l’Eglise furent nombreux (les cardinaux Alfredo Ottaviani, Antonio Bacci, Arcadio  Larraona, Giuseppe Siri, Ernesto Ruffini, leurs  excellences Mssgr. Dino Staffa, Antonio de Castro  Mayer, Marcel Lefebvre, Luigi Carli, Mgr Klaus  Gamber, le Dr Arnaldo Xavier Vidigal Da Silveira,  le Dr Romano Amerio, le Dr Michel Davies, Mons.  Francesco Spadafora, le P. Cornelio Fabro, le P.  Michel Guérard des Lauriers, jusqu’aux récentes  études de Mgr Brunero Gherardini).

Ces éminents théologiens demandaient de corriger ou carrément d’abroger les erreurs et les ambiguïtés qu’ils avaient relevées dans les textes du  Concile et dans la «messe du Concile» promulguée  par Paul VI en 1969. Mais on n’a jamais répondu,  de Paul VI à Benoît XVI qui a fait de l’herméneutique de la continuité son cheval de bataille. La  continuité entre Vatican II et la tradition apostolique est ainsi simplement affirmée sans preuves.

Le dernier grand théologien (Brunero  Gherardini) à avoir reposé cette question sur le  Concile au pape Benoît XVI, de 2009 à 2012, n’a  pas non plus obtenu de réponse et a continué à  refuser son assentiment à l’enseignement «pastoral» douteux de Vatican II.

Mais, justement dans les milieux traditionalistes qui ont combattu ouvertement et systématiquement  les déviations modernistes des textes conciliaires,  la résistance s’est diluée durant ces dernières  années (2009), sous l’affirmation que la plus grande partie du Concile est acceptable.

Or le dernier concile présente, comme nous le  verrons, des points très controversés qui tombent  sous le coup de diverses censures théologiques et,  partant, l’affirmation exprimée ci-dessus n’a pas de  sens, car l’intégrité de la Foi exige qu’elle soit  enseignée et acceptée sans escompte ni rabais  même minime. «Les Ariens, les Montanistes, les  Novatiens, les Quartodecimans, les Eutychiens  n’avaient assurément pas abandonné la doctrine  catholique tout entière, mais seulement telle ou  telle partie : et pourtant qui ne sait qu’ils ont été  déclarés hérétiques et rejetés du sein de l’Eglise?  Et un jugement semblable a condamné tous les fauteurs de doctrines erronées qui ont apparu dans la  suite aux différentes époques de l’histoire» écrivait Léon XIII (Satis Cognitum) (1).

En outre les moralistes (St Alphonse de Liguori,  Prümmer, Merkelbach, Noldin, Ramirez, Roberti-Palazzini…) enseignent qu’il est obligatoire, par  commandement divin, de professer publiquement  la Foi, quand se taire ou tergiverser implique une  négation directe ou indirecte de la Foi. C’est pourquoi face aux ambiguïtés et aux erreurs du Concile  Vatican II on ne peut se taire, mais il faut faire  remarquer à qui de droit la contradiction avec la  Tradition apostolique.
Négation d’une doctrine commune et  définie
La constitution dogmatique sur la Révélation  divine Dei Verbum de Vatican II laisse de côté la  doctrine définie par les Conciles de Trente et de  Vatican I sur les «deux sources» de la Révélation  (Tradition et Ecriture sainte), pour faire converger  la Tradition et le Magistère dans la seule Ecriture.  Surtout dans le paragraphe 10 de Dei Verbum, le  Magistère précédent, dogmatique et infaillible, est  balayé par l’enseignement d’une unification radicale et intenable de l’Ecriture, de la Tradition et du  Magistère. Dei Verbum altère donc une vérité de foi  définie par le Concile de Trente et Vatican I.

 En ce qui concerne la Tradition, Dei Verbum  rejette le schéma de la Commission préparatoire  ‘‘De fontibus Revelationis’’, élaboré sous la direction du Card. Ottaviani et qui reprend la définition  dogmatique, infaillible et irréformable du Concile  de Trente et de Vatican I, et cela pour atténuer le  poids de la Tradition à l’avantage de l’Ecriture  seule, en vue du dialogue œcuménique avec le protestantisme qui abhorre la Tradition. Avec Vatican  II, en fait, on ne parle plus des deux sources de la  Révélation (Sainte Ecriture et Tradition) et on insiste sur l’adjectif ‘‘vivant’’ quand on cite la  Tradition, pour faire dire à l’Ecriture tout et le  contraire de tout, dans l’optique du libre examen  luthérien subjectiviste; cet adjectif permet d’écarter  l’interprétation authentique du Livre sacré, donnée  par les Pères et le Magistère et à laquelle doit se  conformer l’exégèse catholique. Cela règle la  Tradition sur la base de l’Ecriture : tout ce qui  n’est pas écrit ne peut être retenu comme vrai.

 En bref, la doctrine commune et définie de  l’insuffisance de la seule Ecriture par rapport à la  Tradition a été renversée. A la suite du concile de  Trente et de Vatican I la Tradition était considérée  comme provenant de Jésus et des Apôtres, avec  Vatican II (DV) il a été admis que les théologiens  devaient reconnaître cette origine en se basant sur  l’Ecriture, assimilée à la Tradition. La distinction  entre les deux sources, au contraire, a été réaffirmée depuis le 1erconcile du Vatican par saint Pie  X dans le décret Lamentabili (1907) et Pie XI dans  l’encyclique Mortalium animos (1928).

En ce qui concerne les rapports entre Tradition  et Ecriture Sainte la doctrine commune dit que la  Tradition surpasse l’Ecriture seule : en ancienneté  (même l’Ecriture, avant d’être écrite, a été  Tradition) puisqu’elle transmettait oralement la prédication du Christ et des Apôtres; en plénitude  (parce qu’elle contient toutes les vérités formellement (per se) révélées, ce qui n’est pas le cas de  l’Ecriture); en suffisance - car l’Ecriture a besoin  de la Tradition pour établir son autorité (cf. M.  Cano, De locis theologicis lib XII, Venise, 1799, p.  4). Pour le protestantisme par contre, l’unique source de la Révélation est la Sainte Ecriture, et donc la  seule notion de Tradition orale et de magistère qui  en est le canal transmetteur est inconcevable.

Contre les protestants l’Eglise a défini infailliblement au concile de Trente (session IV du 6 avril  1546; DB, 783) et au premier concile du Vatican  (DB, 1787) 1) qu’il existe des enseignements ou  des traditions divino-apostoliques concernant la foi  et les mœurs, 2) transmis de façon ininterrompue  par le magistère de l’Eglise 3) assistée par Dieu.  S’il manque une seule de ces trois conditions, la  tradition est seulement humaine et donc faillible.

De plus le concile de Trente a toujours défini  contre le protestantisme (session IV; DB 783) que  la foi et les mœurs «sont contenues tant dans le  Livre sacré écrit [sous l’inspiration divine], que  dans la Tradition non écrite» et qu’il faut «recevoir  avec un même amour de piété et de respect» l’une  et l’autre source de la Révélation (DB 783; repris  par Vatican I, DB 1787).

Donc, soutenir que le texte de Dei Verbum –  comme l’ensemble du concile Vatican II – est, bien qu’approximativement, acceptable, c’est déjà au  moins une erreur théologique objective.
Une doctrine étrangère à la Tradition  et déjà condamnée par l’Eglise
En ce qui concerne la Constitution dogmatique  sur l’Eglise Lumen Gentium, il faut savoir que la  doctrine de l’Eglise est celle que sa Tradition, des  Apôtres jusqu’à nos jours, présente et propose  comme telle : la collégialité n’en fait pas partie.  Ainsi la collégialité épiscopale (2) a toujours été  condamnée par le Magistère ecclésiastique jusqu’à  Pie XII qui, trois mois encore avant de mourir, dans  l’encyclique Ad Apostolorum principis (29 juin  1958) confirme, pour la troisième fois de Mystici  Corporis en 1943 à Ad Sinarum Gentem en 1954,  que la juridiction est donnée aux évêques par le  Pape. Par contre le gallicanisme ou conciliarisme  tend à assigner au Concile œcuménique et par suite  à l’ensemble des évêques une fonction suprême  égale, sinon supérieure, à celle du Pape.

L’affrontement du 8 novembre 1963 entre  Frings et Ottaviani sur la collégialité est historique.  Ottaviani répond à Frings que «qui veut être une  brebis du Christ doit être conduit au pâturage par  Pierre qui est le Pasteur, et ce ne sont pas les brebis  [les évêques] qui doivent diriger Pierre, mais Pierre  qui doit guider les brebis [les évêques] et les  agneaux [les fidèles].»

La doctrine sur la ‘‘collégialité’’ fut aussi attaquée par deux articles du n°1 de 1964 de la revue  Divinitas, dirigée par Mgr Antonio Piolanti : l’un  de Mgr Dino Staffa et l’autre de Mgr Ugo Emilio  Lattanzi (qui citait, pour le confondre, J. Ratzinger,  à cette époque encore théologien); des extraits de  ces articles furent distribués au Concile par le Card.  Ottaviani.

La Nota explicativa praevia (mise pourtant en  queue de la Constitution) est due, selon Alberigo  (qui cite comme source Mgr Prignon, Suenens,  Mgr Charue, Mgr Gerard Philips et Mgr Carlo  Colombo) au fait que, comme il l’écrit, «depuis  deux mois Paul VI subissait une intense pression  de la part de l’extrême-droite. Il semblait que l’on  était arrivé au point de menacer de faire sauter le  concile au cas où le texte voté sur la collégialité  aurait passé. Il était accusé comme docteur privé de  pencher vers l’hérésie» [Bande enregistrée envoyée  par Mgr Albert Prignon au Card. Suenens, fin juin  1964, F. Prignon, 828, cit. in : G. Alberigo (sous la  direction de), Storia del Concilio Vaticano II. La  Chiesa come comunione, settembre 1964-settembre  1965, Bologne, Il Mulino, 1999, vol IV, p. 86, note  216]. En réalité, une note personnellement réservée  à Paul VI, préparée par le cardinal Larraona et  signée par plusieurs cardinaux et supérieurs généraux, lui fut envoyée le 18 octobre 1964.

Cette note disait, entre autres : «ce serait nouveau, inouï et bien étrange qu’une doctrine [la collégialité épiscopale] qui, avant le Concile, était  considérée moins commune, moins probable,  moins sérieuse et moins fondée, devienne tout à  coup […] plus probable, même certaine ou franchement mûre au point d’être insérée dans une  Constitution dogmatique. Ce serait contraire à toute  norme ecclésiastique, aussi bien dans le domaine  des définitions pontificales infaillibles que dans  celui des définitions conciliaires non infaillibles.  […] le schéma [sur la collégialité] change la face  de l’Eglise; en effet a) l’Eglise de monarchique,  devient épiscopalienne et collégiale, et ceci de droit  divin et en vertu de la consécration épiscopale; b)  Le Primat [pontifical] est entamé et vidé de son  contenu. […] le Pontife n’est pas présenté comme  la pierre sur laquelle repose toute l’Eglise du Christ  (hiérarchie et peuple); il n’est pas décrit comme le  vicaire du Christ qui doit confirmer et paître ses  frères; il n’est pas présenté comme celui qui seul a  le pouvoir des clés. […] La Hiérarchie de juridiction, en tant que distincte de la Hiérarchie d’ordre  […] est détruite. En effet, si l’on admet que la  consécration épiscopale apporte avec elle non seulement les Pouvoirs d’ordre […] mais également de  droit divin et formellement, tous les Pouvoirs de  juridiction, de Magistère et de Gouvernement, non  seulement dans l’Eglise propre, mais aussi dans  l’Eglise universelle, il est évident que la distinction  objective entre Pouvoir d’ordre et de juridiction,  entre Hiérarchie d’ordre et de juridiction, devient  artificielle, à la merci d’un caprice et terriblement  chancelante. Et tout cela – qu’on le remarque –  pendant que toutes les sources, les déclarations  doctrinales solennelles du Concile de Trente ou  postérieures, la discipline fondamentale, proclament que ces distinctions sont de droit divin. […]  Si la doctrine [de la collégialité] proposée dans le  schéma était vraie, l’Eglise aurait vécu pendant des  siècles en opposition directe avec le droit divin  […]. Les orthodoxes et, en partie, les protestants  auraient donc eu raison dans leurs attaques contre  le Primat» (Cité in : Mgr Lefebvre, J’accuse le  Concile, Martigny, Ed. Saint Gabriel 2ème édition, 1976, pp. 59-63).
 
Comme on peut le voir, la collégialité épiscopale fut accusée, déjà pendant le concile Vatican II,  par un grand nombre de cardinaux et de théologiens, de contredire la doctrine constante et définie  de l’Eglise et de favoriser l’hérésie. D’où l’on ne  peut déduire qu’une partie, même infime, de cette  doctrine soit acceptable.
Du culte de Dieu au ‘‘culte de  l’homme’’
Un autre point de rupture avec la doctrine traditionnelle se trouve dans l’anthropocentrisme de la Constitution pastorale Gaudium et spes sur  ‘‘l’Eglise dans le monde de ce temps’’ (n° 24, §4) :  «l’homme seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même (propter seipsam)». Alors que  saint Pie X voulait ‘‘instaurare omnia in Christo’’,  tout restaurer dans le Christ, Gaudium et spes veut  ‘‘instaurare omnia in homine’’, tout restaurer dans  l’homme. Elle est tout entière tournée en direction  de l’homme et va jusqu’à abaisser le Christ au  niveau purement naturel, le renversant du trône de  sa divinité. Quelle rupture plus radicale que celle-là ?

La doctrine traditionnelle catholique réaffirmée  dans le ‘‘Catéchisme de Saint Pie X’’ enseigne que  «Dieu nous a créés pour le connaître, l’aimer et le  servir dans cette vie, et jouir de lui dans l’autre au  Paradis». La doctrine du Concile Vatican II, au  contraire, substitue l’adoration de la créature à celle  du Créateur et est tournée vers l’exaltation de la  dignité presque infinie de la personne humaine,  démentant, comme l’observe R. Amerio, «le passage solennel des Proverbes 16, 4 : ‘‘Universa propter semetipsum operatus est Dominus’’, le Seigneur  a fait toute chose pour Lui-même» (Iota Unum,  chap. XXX). 

On se demande à juste titre comment on peut  soutenir, sans rupture avec l’Ecriture sainte, avec la  Tradition apostolique et avec la droite raison,  l’affirmation que l’homme ‘‘est sur terre la seule  créature que Dieu a créée pour elle-même’’.

Mgr Brunero Gherardini (Concilio Vaticano II.  Il discorso mancato, Turin, Lindau, 2011, p. 36,  note 3) commente : «C’est un texte absurde et un  blasphème. [...] Le ‘‘pour elle-même’’ renverse les  valeurs, plaçant le Créateur sous la créature.» Et  Romano Amerio : «L’idée de l’homme centre et  fin est donc conforme à l’esprit de l’homme  contemporain, mais n’a aucun fondement dans la  religion, qui ordonne tout à Dieu et non à  l’homme» (ibid.). En somme Dieu devient tributaire de l’homme, son subordonné, et l’homme la  valeur principale (3). Comme on le voit, l’anthropocentrisme rend le Concile et Gaudium et spes  totalement inacceptables.
 Une déclaration en contradiction avec  la Sainte Ecriture, les Pères et le  Magistère 
 La déclaration sur la ‘‘Liberté religieuse’’  (Dignitatis humanae, 7 décembre 1965) est en  contradiction avec la Tradition apostolique et le  Magistère constant de l’Eglise résumé dans le Droit  public ecclésiastique (4). 

La doctrine catholique a toujours enseigné que  l’Etat est subordonné à l’Eglise, comme le corps à  l’âme. Il y eut bien sûr des nuances accidentelles :  pouvoir direct in spiritualibus (pour les choses spirituelles) et indirect in temporalibus ratione peccati  (dans les choses temporelles au motif du péché,  c’est-à-dire sous l’angle moral) ou pouvoir direct  aussi in temporalibus, mais pas exercé et donné au  prince temporel par le Pontife romain (plenitudo  potestatis). Jamais cependant, depuis la naissance  de l’Etat chrétien, aucun pape, père ou docteur de  l’Eglise, théologien ou canoniste approuvé par  l’Eglise n’a enseigné la séparation de l’Etat et de  l’Eglise qui, au contraire, a toujours été condamnée.

Et pourtant Dignitatis Humanae (abrégée ci-dessous en DH) enseigne que l’homme a «droit à la  liberté religieuse […] en privé [et jusqu’ici rien à  objecter : il s’agit du ‘for interne’ qui ne regarde  que l’homme et Dieu et non l’Etat] et en public,  seul ou associé à d’autres [c’est là que le bât blesse,  car le ‘for externe’ ne donne pas le ‘‘droit’’ de professer l’erreur en public, on peut parler le cas  échéant de tolérance, jamais de droit]. […] Il faut  qu’à tous les citoyens et à toutes les communautés  religieuses soit reconnu le droit à la liberté en  matière religieuse. […] Liberté religieuse qui doit  être reconnue comme un droit pour tous les hommes et toutes les communautés et sanctionnée  dans les ordonnances juridiques [et voilà la rupture  totale avec le ‘Droit public ecclésiastique’ du pape  Gélase jusqu’à Pie XII]» (DH, n°2, 3, 6, 13).

Pie IX dans Quanta cura (8 décembre 1864) a  défini explicitement que la liberté religieuse au for  externe pour les fausses religions «est contraire à la  doctrine de l’Ecriture sainte, de l’Eglise et des  saints Pères de l’Eglise» et que «l’Etat a le devoir  de punir les profanateurs de la religion catholique  par des peines spécifiques». Il n’est donc pas permis d’affirmer que la liberté religieuse de DH est  acceptable dans sa quasi-totalité.
Autre rupture évidente avec la doctrine traditionnelle
La déclaration sur ‘‘Les relations de l’Eglise  avec les religions non chrétiennes’’ Nostra aetate  (7 décembre 1965) est en rupture manifeste avec la  tradition catholique (Pères de l’Eglise et Magistère  jusqu’à Pie XII (5). 

La Tradition catholique est une des deux sources  de la Révélation, c’est la parole de Dieu transmise  de vive voix et qui nous est parvenue par l’enseignement moral unanime des Pères. La Tradition est  infaillible – quand elle parle de la Foi et des  mœurs, de la vie spirituelle et du salut éternel (cf.  G. Casali, Somme de théologie dogmatique,  Lucques, Editions Regnum Christi, 1955, p. 57) –  tout comme le Magistère ordinaire constamment  répété semper idem. Au contraire Nostra aetate a  uniquement une valeur prudentielle ou ‘‘pastorale’’  d’application d’une doctrine au cas pratique et elle  n’est donc pas infaillible ni irréformable; et dans le  cas de rupture évidente ou de désaccord avec la  Tradition, elle doit être corrigée et réformée. Pour commencer, le Dieu des juifs n’est pas celui des  chrétiens, qui est la Très Sainte Trinité dont Jésus-Christ est la deuxième personne incarnée dans le  sein de la Vierge Marie par l’opération du Saint-  Esprit. Ces deux dogmes principaux du christianisme, pour le judaïsme actuel ou post biblique (qui  n’est pas l’Ancien Testament, mais le talmudisme  rabbinique), sont le blasphème pour lequel le  Christ a été crucifié «vous n’êtes qu’un homme et  vous vous faites Dieu» (Jn 10, 33) et saint Etienne  lapidé. Nostra aetate par contre fait passer tous  ceux qui descendent charnellement d’Abraham  (sauf les Arabes) comme ayant un lien spirituel ou  de foi avec l’Eglise chrétienne. Mais ce n’est pas  ainsi : la plus grande partie des fils d’Abraham  selon la chair ne croient pas encore à la divinité du  Christ; seul «le petit reste» (Rom., IX, 27; XI, 15)  l’a accepté comme Dieu et Messie.

Au n° 4, Nostra aetate enseigne : «Selon saint  Paul les juifs, grâce à leurs pères, sont encore très  chers à Dieu dont les dons et la vocation sont sans  repentance». Nous avons déjà réfuté ce sophisme :  saint Paul dit seulement que la vocation de la part  de Dieu ne change pas (‘‘Je suis le Seigneur et je  ne change pas’’), mais la réponse humaine à  l’appel de Dieu peut changer ou disparaître, comme  cela fut le cas pour la plus grande partie du peuple  d’Israël; il a mal correspondu à la vocation et aux  dons de Dieu, tuant les prophètes et le Christ lui-même. C’est pourquoi sont ‘chers à Dieu’, ou plutôt sont dans la grâce de Dieu, ceux seuls qui ont  accepté le Christ qui est venu (NT) comme leurs  pères de l’Ancien Testament en avaient accepté  l’avènement futur. 

Au n° 4 de la Déclaration conciliaire on peut lire  : «La mort du Christ est due aux péchés de tous les  hommes. Et, si les autorités juives avec leurs partisans ont mis en œuvre la mort du Christ, cependant  ce qui a été commis durant la passion ne peut être  imputé indistinctement à tous les juifs vivant alors,  ni aux juifs de notre temps». Il faut faire quelques  distinctions omises par le texte conciliaire : 

Le Christ est mort (cause finale) pour racheter  les péchés de tous les hommes, néanmoins la cause  historique, efficiente et responsable de la mort du  Christ ne fut pas les péchés des hommes mais le  judaïsme pharisaïque ou rabbinique qui, niant la  divinité du Christ, le condamna à mort et fit exécuter la sentence par les Romains.

Dans la mort du Christ, c’est la communauté  religieuse de l’Israël post biblique qui est impliquée  et non toute la lignée israëlite car un «petit reste»  fut fidèle au Christ (les Apôtres et les Disciples),  même si la plus grande partie du peuple prit une  part active à la condamnation de Jésus.

Le consensus unanime des Pères est règle de foi  parce qu’ils sont l’organe de transmission de la tradition divino-apostolique, celle qui a été révélée  par Dieu et remise aux Apôtres, celle que les Pères  de l’Eglise enseignent avec l’assentiment moral  unanime en matière de foi et de mœurs (l’approbation absolue ou mathématique n’est pas nécessaire).  Dans notre cas les Pères (de saint Ignace  d’Antioche + 107 à saint Augustin + 430, en passant par saint Justin + 163, saint Irénée + 200,  Tertullien + 240, saint Hyppolite de Rome + 237,  saint Cyprien + 258, Lactance + 300, saint  Athanase + 373, saint Hilaire de Poitiers + 387,  saint Grégoire de Naziance + 389, saint Ambroise  de Milan + 397, saint Cyrille d’Alexandrie + 444)  sont non seulement moralement mais aussi mathématiquement d’accord pour enseigner que la partie  infidèle au Christ du peuple juif, celle du judaïsme  pharisaïque, fut responsable, comme cause historique efficiente, de la mort du Christ; elle a donné  lieu à une religion schismatique et hérétique, le talmudisme, qui s’est éloigné de la religion mosaïque  et qui refuse encore aujourd’hui la divinité du  Christ et le condamne parce que d’homme il a prétendu se faire Dieu.

Il faut ensuite distinguer le degré de responsabilité. Les chefs savaient clairement, comme  l’enseigne saint Thomas d’Aquin (S. Th., III, q.47,  a.5, 6; S. Th., II-II, q. 2, a.7, 8), que Jésus était le  Messie et voulaient ignorer et ne pas admettre qu’il  était Dieu : ignorance affectée qui aggrave la culpabilité.  Le peuple, dont la plus grande partie a suivi les  chefs bien qu’elle ait vu les miracles du Christ,  avait une ignorance qu’il était possible de vaincre,  mais aussi la circonstance atténuante d’avoir suivi  l’autorité du grand prêtre, du sanhédrin, des chefs;  son péché toutefois est grave en soi mais en partie  diminué, non totalement effacé , par une ignorance  non affectée (S. Th., ut supra) et par la confiance en  l’autorité religieuse du temps.  Enfin, le judaïsme actuel, quoiqu’il n’ait pas  participé directement à la condamnation historique  de Jésus, parce qu’il s’obstine à ne pas le reconnaître comme Messie et Fils de Dieu, est moralement solidaire du judaïsme rabbinique qui a jugé  qu’un tel imposteur sacrilège méritait la mort.
 
Nostra aetate n° 4 h écrit : «les juifs ne doivent  pas être présentés comme rejetés par Dieu, ni  comme maudits, comme si cela découlait de  l’Ecriture Sainte».  Avant tout, Nostra aetate est équivoque quand  elle emploie le simple mot ‘‘juifs’’ pour parler de la  lignée d’Abraham qui a un «si grand patrimoine  spirituel commun» avec l’Eglise du Christ.
 
Il faut en fait distinguer le judaïsme de l’Ancien  Testament du judaïsme rabbinique post chrétien. Le  premier (AT) est une préparation du christianisme;  le second par contre a nié la messianité et la divinité de Jésus et continue de la refuser, et là on ne voit  aucun ‘‘patrimoine commun’’ mais une opposition  de contradiction entre christianisme et judaïsme  actuel.

L’Ancienne Alliance en outre n’était pas sans  conditions (Dt., XI, 1-28), mais liée à l’obéissance  du peuple d’Israël et Moïse a reçu de Dieu les  conditions du pacte : «Je vous offre bénédictions et malédictions. Bénédictions si vous obéissez aux  commandements divins… malédictions si vous désobéissez» (ibid.). Donc l’alliance dépendait  aussi du comportement d’Israël et Dieu menace plusieurs fois de la rompre à cause de l’infidélité du  peuple juif qu’Il voudra finalement détruire (Dt.,  XXVIII; Lév., XXVI, 14 ss.; Jér., XXVI, 4-6; Os.,  VII. 8 et IX, 6). Avec la mort du Christ, l’infidélité  de la majorité du peuple juif envers le Rédempteur  et l’AT qui l’annonçait atteint le sommet et le pardon de Dieu se limite à ‘‘un petit reste’’ fidèle. De la  part de Dieu, il n’y a pas rupture de son plan mais  développement et perfectionnement de l’Alliance  primitive ou ancienne dans l’Alliance nouvelle et  définitive qui donnera aux juifs fidèle un ‘‘cœur  nouveau’’ et s’ouvrira à l’humanité entière…
 
Il faut noter que la Déclaration Nostra aetate ne  s’appuie sur aucune citation d’un Père de l’Eglise,  d’un Pape ou d’un jugement du Magistère et à raison, parce qu’il n’y en a pas. Comment dire alors  qu’elle est acceptable dans sa quasi-totalité?

Il semble que les juifs actuels se rendent mieux  compte du caractère révolutionnaire du Concile et  notamment de Nostra aetate. Il suffit de penser à la  sommation adressée au Vatican par le grand rabbin  de Rome : si la réconciliation avec les catholiques  fidèles à la Tradition «signifie la renonciation aux  ouvertures du Concile, l’Eglise devra choisir : ou  eux ou nous !» (20 janvier 2010). Le 10 novembre  2011 le rabbin responsable du dialogue interreligieux pour l’American Jewish Committee a précisé  que l’acceptation, au moins pratique, de Nostra  aetate «est requise pour toute réconciliation» et,  après l’audience accordée par le Pape au Conseil  des chefs religieux d’Israël, il a affirmé avoir reçu  du cardinal Knox [note de TN - il s'agit en fait du Cardinal Koch] une assurance en ce sens.  Que Dieu sauve Son Eglise des hommes  d’Eglise et les catholiques encore fidèles de toutes  les illusions coupables ou innocentes!
sì sì no no 

1) Notes et censures théologiques : les notes indiquent la qualité et le degré de certitude des propositions  théologiques; les censures sont le pendant négatif des  notes, de telle sorte que si quelqu’un nie telle note, il  encourt telle censure. Les vérités formellement révélées  sont attestées directement par Dieu en matière de foi et  de mœurs (per se) et c’est l’objet premier, immédiat et  direct de l’infaillibilité. Les vérités virtuellement révélées sont déduites de la Révélation (ou plutôt du formellement révélé) par l’intermédiaire d’un raisonnement ou  sont un présupposé de cette dernière. Elles sont aussi  appelées conclusions théologiques et sont l’objet secondaire de l’infaillibilité (en fait elles sont raccordées  indirectement à l’acte infaillible par l’objet premier ou  révélé formel). Bien qu’en soi non révélées, elles ont  toutefois une connexion nécessaire avec la Révélation.  A partir d’une prémisse formellement révélée, par une  vérité de nature certaine, on arrive à des conclusions  légitimes, nécessairement et théologiquement certaines.  Si on les niait, ce serait la négation indirecte de la  Révélation. En effet, la vérité obtenue au moyen de la  ‘conclusion’ du syllogisme (d’une ‘prémisse majeure’  de foi et d’une ‘prémisse mineure’ de raison), même si  elle n’est pas exprimée per se dans la Révélation, y est  contenue virtuellement comme l’effet est contenu dans  la cause.  Les vérités formellement révélées sont à croire de foi  divine c’est-à-dire par l’autorité de Dieu révélant; leur  négation est (au moins matériellement) hérésie, avec  pour conséquence le péché mortel (au moins matériel)  directement contre la foi. Les vérités de foi divine définie sont non seulement formellement révélées, mais  aussi proposées à la foi par le magistère de l’Eglise.  Leur négation est hérésie manifeste avec pour conséquence un péché mortel directement contre la foi et de  plus avec une peine canonique (anathema sit). Tous les  théologiens enseignent que les vérités formellement  révélées doivent être crues de foi divine même sans  déclaration ultérieure ou définition infaillible de  l’Eglise (qui les rend vérité de foi divine et définie); la  déclaration de l’Eglise peut être faite mais elle n’est pas  nécessaire. Le Concile Vatican II, comme nous le verrons, nie, au moins matériellement, des vérités que Dieu  a révélées directement ainsi que des vérités contenues  virtuellement dans le Depositum fidei et des vérités qui  sont doctrine commune de l’Eglise (sentences  certaines) dont la négation est téméraire et a pour  conséquence un péché mortel de désobéissance à  l’enseignement du magistère ordinaire (cf. Sisto  Cartechini, De valore notarum theologicarum, Roma,  1951).
 
2) Durant le concile Vatican II «la doctrine qui attribua au Collège des évêques (où l’individu entre par la  consécration épiscopale) uni à son chef, le Pape, pouvoir et responsabilité sur l’Eglise entière» fut considérée par Siri, Staffa, Carli, Parente et beaucoup d’autres  comme «portant préjudice au pouvoir primatial du  Pape et ils contestèrent le fait qu’elle ait une base solide  dans l’Ecriture Sainte» (H. Jedin, Breve storia dei  concili, Brescia-Roma, Morcelliana-Herder, 1978, p.  240). De plus ils pensaient que «l’évêque consacré  devient par là-même membre du Collège épiscopal, qui  avec le Pape mais jamais sans lui, possède le pouvoir  suprême sur toute l’Eglise» (ibid., p. 243). La Nota  explicativa praevia «n’enlève rien à la doctrine de l’origine divine immédiate [et non par l’intermédiaire du  Pape] de l’office et du mandat épiscopal, ni à la responsabilité du collège épiscopal pour l’Eglise universelle  [et non sur le seul diocèse de chaque évêque]» (ibidem,  p. 265). Au contraire la doctrine traditionnelle, répétée  encore en 1958 par Pie XII, enseigne que la juridiction  sur son propre diocèse vient à l’évêque de Dieu par  l’intermédiaire du Pape, lequel après la consécration lui  donne le pouvoir de juridiction qui est donc réellement  distinct du pouvoir d’ordre. De plus le Pape, s’il le veut,  peut faire participer le corps des évêques (non pas le  Collège qui n’existe que pour les Apôtres) au pouvoir  suprême du magistère et du gouvernement de l’Eglise  universelle, en les réunissant en Concile œcuménique,  et cela pour la durée du Concile uniquement. Le corps  des évêques n’est donc pas un groupe stable et permanent qui avec Pierre et sous lui a le pouvoir suprême du  magistère et du gouvernement de toute l’Eglise. Comme  on le voit la collégialité est étroitement apparentée,  même si elle est plus feutrée ou mitigée, au conciliarisme et au gallicanisme théologique.
 
3) Durant ‘‘l’homélie de la 9èmesession du Concile  Vatican II’’, le 7 décembre 1965, le Pape Montini alla  jusqu’à proclamer : «la religion du Dieu qui s’est fait  homme a rencontré la religion (parce que c’en est une)  de l’homme qui se fait Dieu. Comment est-ce arrivé ?  Une rencontre, une lutte, un anathème ? Cela aurait pu  être; mais cela n’est pas arrivé. […] Une sympathie  immense envers tout homme a traversé tout le Concile.  Donnez-lui au moins le mérite de cela, vous humanistes  modernes, qui réfutez les vérités qui transcendent la  nature des choses terrestres, et reconnaissez notre nouvel humanisme : nous aussi, nous plus que tous, nous  avons le culte de l’homme.»  Attention ! ‘‘Tout le Concile’’ dit Paul VI, non une  grande partie de celui-ci, non le seul ‘esprit du Concile’.  Le ‘‘problème de l’heure présente’’ est véritablement la  volonté de concilier l’inconciliable : théocentrisme et  anthropocentrisme, Messe romaine et ‘Novus Ordo  Missae’ ou ‘‘Messe du Concile’’, Tradition divino-apostolique et Vatican II.  Jean-Paul II, dans sa seconde encyclique (1980)  ‘‘Dives in misericordia’’, n°1, affirme : «Entre les différents courants passés et présents de la pensée humaine, il y eut et il y a encore une propension à diviser et  même à opposer le théocentrisme et l’anthropocentrisme, l’Eglise [conciliaire, ndr] […] cherche à les unir  […] de manière organique et profonde. Cela est un des  points fondamentaux, et peut-être le plus important, du  magistère du dernier concile». Le pape Wojtyla oublie  ou ignore le Magistère de l’Eglise qui, comme saint Pie  X dans l’encyclique Supremi Pontificatus, a dénoncé  l’antagonisme entre l’esprit de l’homme moderne, qui  ramène tout à lui (anthropocentrisme) et le principe  catholique qui ramène tout à Dieu (théocentrisme).  En 1976, alors cardinal, il prêchait une retraite spirituelle à Paul VI et à ses collaborateurs, parue en italien  sous le titre Signe de contradiction. Méditations  (Milano, Vita e Pensiero, 1977); Karol Wojtyla commence la méditation ‘‘Le Christ révèle pleinement  l’homme à l’homme’’ (chap. XII, pp. 114-122) par  Gaudium et spes n° 22, assurant : «le texte conciliaire,  appliquant à son tour la catégorie du mystère à  l’homme, explique le caractère anthropologique ou  même anthropocentrique de la Révélation offerte aux  hommes dans le Christ. Cette Révélation est concentrée  sur l’homme. […] Le Fils de Dieu, par son Incarnation,  s’est uni à tout homme, est devenu – en tant qu’homme  – un de nous. […] Voilà les points centraux auxquels  peut se réduire l’enseignement conciliaire sur l’homme  et sur son mystère» (pp. 115-116). En bref c’est le suc  concentré des textes de Vatican II : culte de l’homme,  panthéisme et anthropocentrisme idolâtre.
 
4) Cf. St Grégoire de Naziance (+390), Hom. XVII;  St Jean Chrysostome (+407), Hom. XV super IIam Cor.;  St Ambroise (+397), Sermo contra Auxentium; St  Augustin (+430), De civitate Dei (V, IX, t. XLI, col. 151  ss.); St Gélase I (+496), Epist. Ad Imperat. Anastasium  I; St Léon le Grand (+461), Epist. CLVI, 3; St Grégoire  le Grand (+604), Regesta, n°1819; St Isidore de Séville  (+636), Sent., III, 51; St Nicolas I, Epistul.  Proposueramus quidam (865); St Grégoire VII (+1085),  Dictatus Papae (1075), 1èreLettre à Hermann, évêque  de Metz (25 août 1076), 2èmeLettre à Hermann (15  mars 1081); Urbain II (+1099), Epist. ad Alphonsum VI  regem; St Bernard de Clairvaux (+1173), Lettre au pape  Eugène III sur les deux épées; Innocent III (+1216),  Sicut universitatis conditor (1198), Venerabilem fratrem  (1202), Novit ille (1204); Innocent IV (+1254), Aeger  cui levia (1245); St Thomas d’Aquin (+1274), In IVum  Sent., dist. XXXVII, ad 4; Quaest. quodlib., XII, a. 19;  S. Th., II-II, q. 40, a. 6, ad 3; Quodlib. XII. q. XII, a. 19,  ad 2; Boniface VIII (+1303), Bulle Unam sanctam  (1302); Cajetan (+1534), De comparata auctoritate  Papae et Concilii, tratt. II, pars II, cap. XIII; St Robert  Bellarmin (+1621), De controversiis; F. Suarez (+1617),  Defensio Fidei catholicae; Grégoire XVI, Mirari vos  (1832); Pie IX, Quanta cura et le Syllabus (1864); Léon  XIII, Immortale Dei (1885), Libertas (1888); St Pie X,  Vehementer (1906); Pie XI, Ubi arcano (1921), Quas  primas (1925); Pie XII, Discours aux juristes catholiques italiens, 6 décembre 1953.] FIN NOTE 7  

5) Pensez par exemple à la lettre Mit brennender  Sorge, promulguée le 14 mars 1937 par Pie XI, à la  rédaction de laquelle collabora le cardinal Eugenio  Pacelli, devenu le pape Pie XII en 1939. Elle condamne  le racisme matérialiste et purement biologique, mais  elle affirme aussi que «le Christ a reçu son humaine  nature d’un peuple qui devait le crucifier».

[Ennemond - Le Forum Catholique] Les armes de Jean-Paul II à Ecône

SOURCE - Ennemond - Le Forum Catholique - 31 janvier 2013

Le dimanche 27 janvier 2013, l'abbé Bertrand Lundi a été ordonné prêtre par Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, en l'église Saint-Nicolas du Chardonnet. Il portait pour cette occasion une chasuble sur laquelle étaient brodées les armes du pape Benoît XVI. Ce fait n'est pas une incongruité dans l'histoire de la FSSPX, malgré les différends qui peuvent exister entre Rome et Ecône, et il existe des précédents:
 
Le Samedi Saint 1980, alors que l'abbé Bernard Tissier de Mallerais était directeur du séminaire d'Ecône, Mgr Marcel Lefebvre a béni un cierge pascal. Sous le chiffre de l'année, les armes de l'évêque célébrant la cérémonie ; au-dessus du chiffre, les armes du pape Jean-Paul II. En arborant le blason pontifical, l'abbé Lundi est dans la continuité de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et de son fondateur.

30 janvier 2013

[Credidimus caritati] Mgr Lefebvre met en garde contre l'apparitionnisme

SOURCE - Credidimus caritati - 30 janvier 2013

Au cours des années de développement de la Fraternité Saint-Pie X, son fondateur a, à plusieurs reprises, recouru aux messages de Notre Dame à La Salette ou à Fatima pour montrer que la Très Sainte Vierge Marie avait averti contre les dangers de notre temps, nous avait prévenu contre la déchristianisation des sociétés et même d'une partie du clergé. Peu de temps après les sacres, à l'occasion d'une retraite spirituelle qu'il a dispensé en 1989, Mgr Marcel Lefebvre a cependant voulu mettre les choses au point et mettre en garde contre l'abus de ces prédictions. Fonder toute sa foi sur les apparitions est dangereux, a-t-il expliqué. C'est une maladie qui pourrait gagner nos milieux a-t-il indiqué :
« Il y en a qui se croient obligés de faire état de toutes les apparitions, même celles qui ne sont pas reconnues officiellement par l’Eglise et leur prédication est constamment appuyée par ça, il semble que s’ils n’avaient pas cela, ils auraient de la peine à étayer, je dirai, la prédication qu’ils font. C’est dommage parce que ça fait fausser un peu l’esprit des fidèles. Les apparitions sont des suppléments que le Bon Dieu veut bien nous donner par l’intermédiaire de la Très Sainte Vierge, mais ce n’est pas ça qui doit faire le fondement de notre spiritualité, ce n’est pas ça qui doit faire le fondement de notre foi ; s’il n’y avait pas l’apparition, la foi resterait la même, et les fondements de notre foi resteraient les mêmes. Alors il est un peu dangereux de donner l’impression que sans les apparitions on ne pourrait pas tenir devant les difficultés actuelles dans la vie spirituelle. C’est dommage ! C’est dangereux.
« Et puis, vous le savez bien, aux apparitions pour lesquelles il peut y avoir une probabilité d’intervention de la Très Sainte Vierge, d’intervention miraculeuse, il y a une foule, foule de messages, de communications, invraisemblables, invraisemblables, plus extravagantes les unes que les autres. Je dirais presque : plus c’est extravagant, et plus on y croit. C’est très dangereux, très dangereux. Certainement le démon profite de cela. Enfin c’est un des moyens pour le démon presque de détourner les âmes des fondements de la foi, et de les entraîner comme ça vers du sentimentalisme, vers une piété qui n’est plus fondée vraiment sur la foi, sur Notre Seigneur. Personnellement, j’ai toujours été, je me suis efforcé vraiment au séminaire de donner de nouveau ces principes fondamentaux de la foi, et d’éviter cette introduction trop insistante des différentes apparitions.
« Qu’on aille à Fatima, qu’on aille à Lourdes, qu’éventuellement et individuellement on aille prier à San Damiano ou à Garabandal, bon, à la Salette, c’est bien ! Mais qu’on en fasse encore une fois une espèce de condition et que si quelqu’un n’y va pas, ou si quelqu’un, je ne sais pas, ne suivrait pas ce qu’une personne a entendu, ou un message qu’elle a reçu là où elle se trouvait dans ces apparitions et qu’on ne le suive pas, alors on est plus catholique, on est plus chrétien si on ne suit pas ses injonctions qui sont données soi-disant par la Sainte Vierge par telle personne qui a été là-bas. Ça devient impossible ! c’est inadmissible ! On ne peut pas se laisser guider par ces choses-là, ce n’est pas possible ! Alors il faut être très, très, très, très prudent, et malheureusement, il faut le dire, cette maladie, si on peut dire, se développe énormément  dans les milieux traditionalistes, énormément. Peut-être encore plus même dans les milieux d’Allemagne et de Suisse allemande. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas à quoi ça tient, je n’en sais rien. Mais il y a certainement dans ce milieu une proportion plus grande à recevoir tous ces messages et toutes ces choses extraordinaires.
« Alors prenons bien garde dans ces prédications de ne pas nous lancer dans ce domaine et de ne pas détourner les gens des efforts qu’ils doivent faire, appuyés sur les principes traditionnels de l’Eglise. Il faut avoir cette conviction, et il faut mettre dans l’esprit des gens cette conviction que toute la rénovation de la société, des individus, des familles, ne viendra que par Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est vraiment le principe de saint Pie X. Et c’est pourquoi le patronage de saint Pie X nous est si utile : instaurare omnia in Christo. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures ; c’est inutile d’aller chercher ailleurs ; il faut tout restaurer dans le Christ. Et si l’on prêche le Christ, tout viendra, tout, tout, tout, jusqu’aux dernières conséquences, jusqu’à la christianisation de la société toute entière. Ça viendra par Notre Seigneur Jésus-Christ. Plus nous prêchons Notre Seigneur Jésus-Christ, plus nous prêcherons son règne, plus nous prêcherons la dépendance des âmes de Notre Seigneur Jésus-Christ et plus nous ferons avancer la sanctification des individus, la sanctification des familles et la sanctification des sociétés. Ça, c’est clair ! Il ne faut pas chercher par ailleurs. »
Mgr Lefebvre parlait d'autant plus librement de ce sujet  qu'il était un dévot de la Très Sainte Vierge Marie et qu'il se rendait régulièrement dans les lieux qu'elle avait bénis de sa présence. Déjà la famille Lefebvre partait régulièrement en pèlerinage à Lourdes où le père, René Lefebvre, servait comme brancardier. Le fondateur de la Fraternité Saint-Pie X n'y manquait jamais de s'y arrêter. La photographie qui a servi de couverture pour la version française de la biographie écrite par Mgr Tissier de Mallerais y a d'ailleurs été prise.

[Gael Vaillant - leJDD.fr] Mariage pour tous : la croisade de Civitas

SOURCE - Gael Vaillant - leJDD.fr - 30 janvier 2013

LE FEUILLETON, épisode 2 - LeJDD.fr vous fait vivre jour après jour le débat sur le mariage pour tous à l’Assemblée nationale. Les travaux devraient durer quinze jours. Mardi, à l’occasion de la première journée, le débat s’est déroulé dans une ambiance à la fois grave et électrique. Dans la soirée, aux abords de l'Assemblée nationale, les membres de l'Institut Civitas ont prié contre ce projet de loi jugé "contre nature".

L'Institut Civitas est bien organisé. Gestion des médias, encadrement maximal... Pour leur appel à prier dans la rue contre le projet de loi du mariage pour tous, mardi soir devant l'Assemblée nationale, cette organisation réputée proche des catholiques intégristes n'a pas voulu réitérer l'expérience du 18 novembre dernier. En marge d'une manifestation, des altercations avaient opposé le service d'ordre de Civitas et les Femen, ces féministes qui se dénudent pour défendre leurs causes. Ces violences, pendant lesquelles l'essayiste Caroline Fourest avait été molestée, avait valu au mouvement d'être mis à l'écart de la "Manif pour tous", le 13 janvier dernier.

Pour parer à tout problème, la préfecture de police de Paris a dépêché mardi après-midi des dizaines de cars de CRS aux abords de l'Assemblée nationale. Alors que le débat sur le mariage pour tous débutait dans l'Hémicycle, les membres de Civitas entament leur prière, encadrés donc de barrières et de policiers. Sous la houlette de l'abbé Régis de Cacqueray, ils enchaînent les Pater noster ("Notre père") et Ave Maria, intercalés avec de courts sermons fustigeant "un projet de loi contre nature". L'abbé Beauvais, prieur de l'église lefébvriste parisienne de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, est aussi là.
Le poids des mots
Le discours reste décomplexée, violent parfois. "Nous ne pouvons confier nos enfants à des personnes de même sexe qui assouvissent leurs passions avec des partenaires multiples dans des atmosphères souvent orgiaques et insupportables", lance par exemple le récitant à son assistance pénitente, agenouillée devant une statue de la Vierge Marie. "Il est prouvé qu'il y a un lien entre homoparentalité et abus sexuels sur mineurs", assure au JDD.fr une jeune trentenaire, ne sachant plus citer l'étude dont elle tire cette affirmation. "Des animaux ne peuvent élever des enfants", lâche à ses côtés un retraité, le chapelet à la main.

Le discours des responsables de Civitas est plus policé. "Nous ne sommes pas là pour stigmatiser les homosexuels", assure Alain Escada, le président belge de l'Institut. "Nous sommes contre l'homosexualité car c'est un péché. Mais nous avons beaucoup d'amour à l'égard des personnes qui sont dans le pêché", explique de son côté l'abbé Régis de Cacqueray.

Après une demi-heure de prière, une clameur vient de l'entrée de l'Assemblée nationale. Un groupe d'assistants parlementaires a tenté d'approcher les Civitas. Les CRS les ont bloqués. Les consignes sont claires. Quelques journalistes se déportent vers le Palais Bourbon. En sortent six députés, tous socialistes. Parmi eux, Yann Galut, l'un des fondateurs de la "Gauche forte", un collectif qui a demandé l'interdiction du rassemblement Civitas de mardi soir et la dissolution du mouvement qualifié "d'extrême droite".
"Pourquoi les a-t-on autorisé à prier?"
Yann Galut tente le coup de force, approche le cordon de CRS, parlemente mais ne passe pas. Autour de lui, les micros et caméras se pressent. Le député socialiste, non content d'avoir provoqué l'incident, profite de la tribune : "Nous venions tranquillement, pacifiquement voir ces manifestants et on nous empêche. Au nom de notre sécurité, nous dit-on. S'ils sont une menace pour nous, pourquoi les a-t-on autorisé à prier?" Pour cet élu du Cher, le préfet de police n'aurait jamais dû autoriser un tel rassemblement. Et de rappeler : "Je croyais que les prières de rue, celles des musulmans comme celles des autres, étaient interdites!"
 
Interrogé sur l'effet de mise en scène, l'un des députés présents, Alexis Bachelay, récuse l'idée : "Nous sortons tout juste des débats. Il y a, comme toutes les semaines sur cette place (à l'arrière de l'Assemblée nationale, Ndlr), des manifestations. Et toutes les semaines, des députés s'en approchent, parlent avec leurs citoyens, débattent. Pourquoi, eux, les Civitas, auraient un statut particulier?" En marge de la discussion, un assistant parlementaire regrette "l'absence de mobilisation d'autres députés sur ce coup-là". L'UMP David Douillet passe bien devant le groupe de députés, mais il ne cherche qu'à regagner sa voiture. Et, au bout de quelques minutes d'agitation, le calme revient. Les élus vont dîner avant d'aller retourner à l'Hémicycle pendant que les membres de Civitas continuent d'égrener leur chapelet.

29 janvier 2013

[Paix Liturgique] La forme extraordinaire dans l’archidiocèse de Toronto : de la résistance des « années de plomb » à l’essor des années Benoît XVI

Les Oratoriens offrent la messe traditionnelle tous les
dimanches en leurs deux paroisses de Toronto.
Ici, l'église Saint-Vincent-de-Paul, sur Roncesvalle Avenue.
SOURCE - Paix Liturgique, lettre n°372 - 29 janvier 2013

Il y a tout juste un an, le pape nommait cardinal l'archevêque de Toronto, Mgr Collins. Cette semaine, grâce au blog Rorate Cæli, nous vous proposons justement un gros plan sur la situation de la forme extraordinaire du rite romain dans l'archidiocèse confié à Mgr Collins, le plus peuplé des diocèses du Canada (1,8 million de catholiques pour plus de 5,5 millions d'habitants). Une application en tous points exemplaire.

Le texte original de ce reportage, adapté et complété par nos soins, a été rédigé par la Toronto Traditional Mass Society  (TTMS), affiliée à Una Voce Vancouver, et publié par Rorate Cæli à la veille de Noël.
I – DE LA QUASI DISPARITION DE LA MESSE TRADITIONNELLE À TORONTO À LA RENAISSANCE
Pendant des années, en l'absence de toute messe traditionnelle, les catholiques torontois désireux d'une liturgie digne et priante n'avaient guère d'autre ressource que la cathédrale Saint-Michel. La qualité de sa Maîtrise, affiliée à l'Institut Pontifical de Musique Sacrée, a en effet permis d'y préserver le sens du sacré. Certes, un petit groupe de fidèles avait réussi, dès les années 70, à se fédérer autour de l'abbé Normandin – sorte d'abbé Coache canadien – au point d'obtenir, avec l'appui de prêtres de passage, la célébration hebdomadaire de la liturgie préconciliaire. Au milieu des années 80, cette petite communauté qui se retrouvait dans une salle louée à l'Université, fit appel à la Fraternité Saint-Pie X pour subvenir à ses besoins liturgiques jusqu'à pouvoir acheter une église baptiste qui devint, en 1991, l'église de la Transfiguration, toujours siège aujourd'hui de l'apostolat de la Fraternité Saint-Pie X dans l'agglomération de Toronto.

Vint à la fin des années 80 l’érection de l'Oratoire Saint-Philippe. Dans un premier temps, les Oratoriens commencèrent par célébrer le Novus Ordo selon la Présentation générale du missel romain, introduisant ainsi un standard inconnu dans l'archidiocèse. Puis ils commencèrent à offrir le missel de 1962 dans le cadre de l'indult de 1984. Un seul prêtre du diocèse, l'abbé Liam Gavigan, avait alors osé profiter de cet indult pour revenir à la messe de son ordination. Trente ans plus tard, à plus de 80 ans, l'abbé Gavigan célèbre encore chaque dimanche deux messes traditionnelles. Quant aux Oratoriens, ils offrent la forme extraordinaire tous les jours et à 11 heures le dimanche dans leur paroisse principale, et le dimanche à 9h30 en la paroisse Saint-Vincent-de-Paul.

Dès sa fondation en 2004, la Toronto Traditional Mass Society a eu pour souci de soutenir la célébration de la liturgie traditionnelle dans le diocèse. À cet effet, à plusieurs reprises mais sans succès, elle a rencontré l'archevêque de l'époque, le cardinal Ambrozic, lui demandant notamment de permettre à la Fraternité Saint Pierre de s'installer dans le diocèse. Ce n'est qu'avec l'arrivée de Mgr Collins sur le siège épiscopal et le Motu Proprio Summorum Pontificum, que les choses ont commencé à s'améliorer. À l'été 2008, la Fraternité Saint-Pierre put en effet y commencer un apostolat avec la perspective d'une paroisse personnelle. Malheureusement, moins de deux ans plus tard, début 2010, cet apostolat prit fin, la Fraternité Saint-Pierre estimant inadéquates les conditions dans lesquelles il se déroulait.

Pas découragés pour autant, les membres de la Toronto Traditional Mass Society entreprirent alors de donner un nouvel élan à la diffusion de la forme extraordinaire dans le diocèse en multipliant les messes, les jours de fête solennelle.
II – SITUATION PRÉSENTE ET PERSPECTIVES
Partout où « nous apportons la forme extraordinaire aux gens, ils répondent favorablement » témoigne la TTMS qui s'efforce de couvrir tout le (vaste) territoire de l'agglomération torontoise. Cinq prêtres et un diacre permanent prêtent leur concours à cette véritable campagne de promotion du Motu Proprio qui s'appuie bien entendu aussi sur la bienveillance des curés qui accueillent ces messes dans leur paroisse.

Ce fut le cas notamment à Mississauga, ville de 700 000 habitants à l'ouest de Toronto, où plus de 450 fidèles se pressèrent le 8 décembre dernier en l'église Saint-Joseph pour une messe solennelle en l'honneur de l'Immaculée Conception. Dans cette église récente, à l'architecture tristement profane mais où l'arrangement de l'autel est tout ce qu'il y a de plus " Benoît XVI ", la beauté de la liturgie saisit les fidèles au point que les enfants de chœur témoignèrent avoir vu plusieurs dizaines de personnes aux bords des larmes au moment de s'agenouiller pour la communion. Un encouragement fort, explique la TTMS, pour continuer cette " tournée ".

Du côté du diocèse, le départ de la Fraternité Saint-Pierre n'a pas été vécu comme un soulagement ou une victoire mais a au contraire incité le cardinal Collins à trouver une solution pour la communauté qui avait vu le jour à cette occasion. Depuis 2011, cette communauté est établie en la paroisse Saint-Laurent, dans le quartier de Scarborough. En plus de l'abbé Gavigan qui y réside, les fidèles bénéficient d'un chapelain à part entière en la personne de l'abbé Szakaczki, formé chez les Oratoriens. La messe y est offerte tous les jours et le dimanche à 13 heures.

En dehors de Toronto, la TTMS apporte aussi son soutien à la diffusion de la liturgie traditionnelle dans les diocèses suffragants. Trois sur quatre (London, Saint Catharines et Hamilton) comptent actuellement au moins une messe dominicale hebdomadaire selon la forme extraordinaire du rite romain. Enfin, l'association offre aussi, dans la mesure de ses moyens, une aide financière aux séminaristes diocésains attachés à cette expression liturgique.

En effet, à mesure que se propage et se propagera toujours plus la liturgie traditionnelle, la Toronto Traditonal Mass Society envisage déjà une évolution de son rôle, abandonnant peu à peu l'organisation pratique des messes pour le soutien des prêtres et des séminaristes et la formation des servants de messe.
III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Nous aurons certainement l’occasion de revenir sur la figure de l'abbé Normandin, un de ces " prêtres rejetés " comme les appelait l'abbé Houghton (voir notre lettre 291). Des éléments que nous avons recueillis jusqu'ici, il est dans la lignée de l'abbé Coache et de Mgr Ducaud-Bourget : prêtre diocésain réfractaire au caractère " obligatoire et unique " de la nouvelle messe, et privé de ce fait de toute charge paroissiale, il refusa d’accepter les injonctions qu’il estimait injustes de son épiscopat et se mit à parcourir tout le Canada pour subvenir aux besoins des fidèles. Il publia un livre, aujourd'hui épuisé, qui eut un fort écho au Canada et même en France : Un curé dans la rue. Encore en vie aujourd'hui, il célèbre toujours la messe traditionnelle dans la communauté religieuse qui l'héberge.

Le pape Benoît XVI a écrit de manière libératrice que la messe tridentine n'avait jamais été interdite. Cependant, dans les faits, bien des hommes de Dieu, comme les abbés Normandin, Coache, Houghton et tant d'autres, ont témoigné devant les hommes et témoigneront devant le Souverain Juge qu'il en fut autrement. Mais si eux ont « tenu », combien d’autres ont été écrasés humainement et sacerdotalement. Nous l’avons déjà dit : voilà une bonne et vraie matière à salutaire « repentance ». Car si l’on demande aujourd’hui à des prêtres héritiers des abbés Coache et Normandin d’être humbles et de ne pas cultiver la polémique, il convient que la purification de la conscience se fasse également du côté de ceux qui ont provoqué par bien des injustices cette polémique. À noter d'ailleurs que ces injustices ne visent pas seulement les prêtres mais aussi les fidèles. Inutile pour cela d'aller battre sa coulpe pour les fautes supposées de ceux qui nous ont précédés. Combien de communautés de fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain supportent encore aujourd'hui en 2013 vexations et humiliations à cause de leur attachement à cette liturgie " jamais interdite " : horaires non-familiaux, lieux de culte excentrés, difficiles d'accès ou inadaptés, prêtres malveillants... ou encore le plus souvent le refus, le mépris, l'exclusion, les mensonges et même les calomnies !

2) Bien sûr qu'il ne saurait y avoir de messe sans prêtres et on voit bien qu'à Toronto, après l'abbé Normandin, l'abbé Gavigan et les Oratoriens ont joué un rôle essentiel pour la survie de la messe traditionnelle. Mais cet exemple canadien nous invite aussi à réfléchir sur l'importance de la persévérance et du dévouement des laïcs. Jusqu'à l'installation de la Fraternité Saint-Pie X, ce sont eux qui ont assuré la logistique de la messe, allant jusqu'à louer des locaux universitaires. De même, le travail accompli par la Toronto Traditional Mass Society est exemplaire, car animé du souci de divulguer le Motu Proprio de Benoît XVI de paroisse en paroisse, écartant la création de ghetto et favorisant la diffusion de la forme extraordinaire au sein des paroisses pour le plus grand bien de tous les fidèles. On ne saurait trop insister sur ce point : c’est une des formes non négligeable du sens de la foi.

[Le Point - AFP] Appel à la prière de Civitas : la Gauche forte dénonce une initiative "illégale"

SOURCE - Le Point - AFP - 29 septembre 2013

Le groupe proche des catholiques intégristes a appelé à une veillée de prières devant l'Assemblée nationale au premier jour du débat sur le texte autorisant le mariage pour tous. 
 
La Gauche forte demande à Manuel Valls d'interdire "la séance de prières de rue" organisée mardi soir par l'Institut Civitas, proche des catholiques intégristes, contre le projet de loi ouvrant le mariage aux homosexuels, la jugeant "illégale" et "antirépublicaine".
 
"La Gauche forte dénonce cette initiative illégale et antirépublicaine avec la plus grande virulence", écrivent le député PS Yann Galut et la sénatrice PS Patricia Schillinger dans un communiqué. Civitas a appelé à une veillée de prières devant l'Assemblée nationale au premier jour du débat sur le texte, jugeant que "la prière est l'arme la plus puissante contre les forces du mal" et que ce projet est "contre nature". "Cette action est illégale, car elle va à l'encontre de la loi visant à faire interdire les cérémonies religieuses dans les rues. Elle est antirépublicaine, car en venant prier devant l'Assemblée nationale, maison de la République, les organisateurs heurtent de plein fouet la laïcité", expliquent-ils.
 
Les deux initiateurs de la Gauche forte, mouvement lancé la semaine dernière au sein du PS pour mener "en première ligne" le combat face à une droite qui "fait sauter toutes les digues" avec l'extrême droite, demandent "au ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, de prendre toutes les initiatives nécessaires afin d'interdire ce rassemblement qui n'est pas conforme à la loi". "Nous attendons de l'UMP, et de son président Jean-François Copé, qui n'avait pas ménagé sa peine pour dénoncer avec verve les prières de rues musulmanes, qu'il en fasse de même avec les prières de rue de certains intégristes catholiques", ajoutent également ces élus.
 
Yann Galut et d'autres parlementaires avaient demandé en novembre la dissolution de Civitas, à l'origine d'une manifestation le 19 novembre contre le mariage homosexuel où avaient été agressées des journalistes et des militantes féministes.

[Sylvain Mouillard - Libération] Les intégristes de Civitas prient contre «les forces du mal»

SOURCE - Sylvain Mouillard - Libération - 29 janvier 2013

L'institut de catholiques traditionalistes organisait mardi soir une prière contre le projet de mariage pour tous. Un barnum bien organisé abritant des discours réactionnaires.
 
Le décor est bien en place. Il est 19h45 sur la place Edouard Herriot, à deux pas de l’Assemblée nationale, et des dizaines de catholiques intégristes se rassemblent dans le silence. A l’appel de l’institut Civitas, ils viennent prier contre «les forces du mal» - comprendre les parlementaires en faveur du projet de loi de mariage pour tous, dont l’examen a débuté ce mardi au palais Bourbon. Le quartier est bouclé par un important dispositif policier.
 
A une extrémité de la petite place, ceinte par des barrières métalliques, une statue de la Vierge Marie, une croix en bois et un tableau représentant la Sainte Famille. Philippe, 42 ans, est venu comme «simple catholique». «Le gouvernement prend un chemin qui va à l’encontre de nos valeurs, explique-t-il. On ne peut pas aller contre un certain bon sens ainsi qu’un certain ordre naturel.» Autour de lui, la foule est bigarrée. Des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes. Peu après 20 heures, un responsable prend le micro. «Notre prière s’adresse à nos hommes politiques, pour qu’ils ne se laissent pas guider par autre chose que la foi ou la nature humaine.» Il invite l’assistance à se mettre à genoux et à prier.
«Un projet de loi contre-nature»
Certains ont prévu le coup et déploient des sacs plastiques pour se protéger de l’humidité. Les pancartes sont nombreuses : «Oui à la famille, non à l’homofolie», «Le mariage, 1 homme et 1 femme». Les chapelets sortent des poches, les chants résonnent. «Je vous salue Marie pleine de grâce. Priez pour nous pauvres pécheurs. Ainsi soit-il. Alléluia !» Les prières sont entrecoupées de sermons de l’abbé Régis de Cacqueray, responsable de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X en France, et l’abbé Beauvais, prieur de l'église lefébvriste parisienne de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
 
Les discours sont violents. On parle d’une «liberté en réalité liberticide», de «l’affranchissement des lois de la nature qui mène plus sûrement au suicide». L’abbé de Cacqueray dénonce «les personnes de même sexe dont on sait bien qu’elles assouvissent leurs passions avec des partenaires multiples dans des atmosphères souvent orgiaques et insupportables». Une expression revient souvent : «Un projet de loi contre-nature.» Le message des ecclésiastiques est clair. «Il faut rendre la loi du pays conforme à la loi de Dieu pour résister à l’avilissement généralisé.»
 
Soudain, on perçoit un début d’agitation à quelques pas de là. Plusieurs députés socialistes, dont Yann Galut (Cher) et Alexis Bachelay (Hauts-de-Seine), tentent de s’extirper de l’Assemblée nationale. Ils sont bloqués par les policiers. «Nous voulions aller voir cette manifestation illégale d’une organisation d’extrême droite qui appelle à la haine, et nous en sommes empêchés, s’insurge Galut. Nous sommes étonnés que Civitas ait eu le droit d’organiser cette prière de rue. Le préfet de police de Paris devra rendre des comptes. Nous allons très bientôt lui écrire pour avoir des explications.» Après quelques minutes de tergiversation, la petite troupe de parlementaires rebrousse chemin. Les incantations de Civitas, elles, continuent à s'élever dans la nuit.

27 janvier 2013

[Mgr Fellay, fsspx - DICI] L’union du prêtre au Christ, Prêtre et Victime

SOURCE - Mgr Fellay, fsspx - DICI - 27 janvier 2013

Sermon de Mgr Bernard Fellay pour l’ordination sacerdotale de l’abbé Bertrand Lundi, le 27 janvier 2013, à Saint-Nicolas du Chardonnet 
 
Cher Monsieur l’abbé, chers Messieurs les abbés, chère famille Lundi, bien chers fidèles,
 
La divine Providence nous permet, en ce dimanche de la Septuagésime, d’ordonner un prêtre, et l’Eglise donne des conseils, des avis aux futurs prêtres. Elle considère que c’est une affaire très sérieuse, très grave que d’ordonner un prêtre. On peut tout résumer en deux mots, c’est très bref mais je crois que cela dit tout. D’habitude, on le dit au pluriel pour plusieurs prêtres : « Agnoscite quod agitis, imitamini quod tractatis ; Reconnaissez, sachez ce que vous faites, imitez ce que vous faites ».
Qu’est-ce que le prêtre ?
Tout d’abord : sachez, ayez cette connaissance, reconnaissez ce que vous faites.
 
Lorsque le monde et, même aujourd’hui, hélas !, beaucoup de catholiques voient un prêtre, quelle idée s’en font-ils ? Qu’est-ce que le prêtre ? Presque toujours ils en restent à une définition, à une description extrêmement superficielle : c’est un homme d’Eglise, c’est monsieur le curé, c’est lui qui préside aux cérémonies religieuses… Il s’occupe des âmes…, et lorsqu’on parle des âmes, on avance du bon côté !
 
C’est un des plus grands malheurs de notre temps que cette ignorance de ce qu’est le prêtre, avant même de savoir ce qu’il fait. Le seul moyen de connaître le prêtre dans sa réalité, c’est la foi. La seule connaissance qu’il faut avoir lorsqu’on s’approche du prêtre, c’est la connaissance de la foi. La connaissance humaine, ce que nous rapportent nos sens ne suffit pas. Notre expérience humaine nous dit certes quelque chose, mais si on en reste là, j’ose dire que cela risque de nous tromper. Nous tromper ? Pourquoi ? Parce qu’on ne verra qu’un homme. Certes, le prêtre reste homme, mais il devient une autre réalité. Il est choisi parmi les hommes, c’est vrai, mais il est choisi – pas de lui-même, pas par les hommes –, mais par Dieu. C’est Dieu qui le choisit – c’est l’Ecriture Sainte, en saint Paul, qui nous le dit (Héb. 5,1). C’est Dieu qui choisit ses prêtres. Et Il les choisit pour en faire ses ambassadeurs, ambassadeurs de Dieu auprès des hommes, ambassadeurs des hommes auprès de Dieu. Le terme qui nous vient de l’Ecriture Sainte, c’est médiateur. Médiateur entre les hommes et Dieu (cf. Héb. 9,15).
 
Ce choix se fera par l’Eglise, mais l’Eglise le fait vraiment au nom de Dieu. Il y a un appel, vous l’entendrez, au cours de la cérémonie. Le candidat doit répondre, vous l’entendrez aussi : « Adsum. Je suis prêt, je suis là ». C’est un homme, oui, c’est l’homme de Dieu. Et lorsqu’on dit ambassadeur, on ne dit pas encore assez. Un ambassadeur est un représentant. Notre-Seigneur Jésus-Christ a voulu faire de son prêtre encore bien davantage. Il a voulu en faire son instrument.
 
Le mot instrument évoque beaucoup de choses pour nous, c’est vrai, et peut-être qu’on se trompe un peu. Le prêtre est un instrument privilégié, un instrument unique, qui conserve sa liberté, son intelligence, sa volonté, mais qui, au moment décisif, au moment des sacrements et de la Messe, est totalement saisi par Notre-Seigneur Jésus-Christ, le Prêtre, le souverain et unique Prêtre du Nouveau Testament. Et si le prêtre porte ce titre de prêtre, c’est à cause de son union indicible avec Notre-Seigneur Jésus-Christ.
 
Cette union a été réalisée dans le sacrement par un caractère, le caractère sacerdotal, qui est une réalité, mais pas de l’ordre corporel. C’est une réalité qui va marquer l’âme qui est spirituelle. Cette marque est indélébile, comme les autres caractères d’ailleurs. Cette marque le rend réellement prêtre, le munit de pouvoirs qui dépassent infiniment toutes les capacités, toutes les facultés des hommes. Notre Seigneur le fait intimement participer, prendre part ; c’est vraiment la définition du caractère sacerdotal : une participation à ce qu’on appelle l’Union hypostatique. L’Union hypostatique c’est ce qui fait Jésus, c’est-à-dire l’union de deux natures, la nature humaine et la nature divine dans la personne du Verbe de Dieu. Lorsque le Verbe de Dieu s’est incarné, qu’Il s’est fait Homme, Il a assumé une nature humaine. C’est cela qui le fait prêtre, parce que c’est cela qui le rend médiateur entre les hommes et Dieu. Et parce qu’Il a les deux natures – Il est Dieu et Il est homme –, Il peut se tenir au milieu, entre les deux. Il a des titres des deux côtés. De plus, étant Dieu, toutes ses actions ont une valeur infinie. Et donc il ne peut y avoir de plus excellent prêtre, il n’y en a pas d’autre que Notre Seigneur qui fait le pont entre Dieu et les hommes. Lui qui, de plus, répare, parce que les hommes malheureusement, depuis le début de l’histoire, ont offensé Dieu. Il est le seul qui a pu réparer pour nous.
Le prêtre est l’instrument du Verbe de Dieu
Le prêtre est donc vraiment associé, uni à Notre-Seigneur Jésus-Christ, d’une union qui dépasse l’entendement. Nous n’avons pas d’exemple, de comparaison possible dans l’ordre des créatures, pour décrire l’union que Notre Seigneur veut avoir avec son prêtre. Et c’est à travers cette union qu’Il en fait précisément son instrument, on pourrait dire : son instrument sacerdotal. De la même manière que tout l’art, toute la personnalité de l’écrivain passe à travers sa plume, puisque ce qui est écrit peut être analysé par la graphologie : on peut connaître à travers ce qui est écrit, quelque chose de la personne qui l’a écrit. Cela veut bien dire qu’il y a quelque chose de la personne qui est passé à travers l’instrument, qu’est le crayon. Eh bien, pour le prêtre, il y a quelque chose de la personne du Verbe, donc de Jésus, qui passe à travers cet instrument et qui y réalise tout et chacune des œuvres du prêtre. Le prêtre a la dignité d’un instrument. Il est capable de faire des choses extraordinaires, mais jamais tout seul. Toujours sous la conduite, sous la dépendance, et une dépendance absolue, de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Voilà ce que va faire l’ordination.
Quand on pense que saint Léon, pour la fête de la Nativité, disait : « Chrétiens, reconnaissez votre dignité… » – ce même mot, agnoscite – « reconnaissez votre dignité de chrétien, et vivez conséquemment »… Que faut-il dire au prêtre ? Reconnais ta dignité, sache qui tu es. C’est un grand mystère. Le curé d’Ars disait que si on arrivait à savoir ce qu’est le prêtre, on en mourrait, on mourrait d’amour de voir cette grandeur, cette infinie miséricorde du bon Dieu pour les hommes.
 
Ô prêtre, où allez-vous trouver cette science, où allez-vous reconnaître ce que vous êtes ? Eh bien, principalement dans la Messe, si Notre Seigneur vous veut prêtre, c’est d’abord et avant tout pour le Sacrifice. Pour renouveler, perpétuer le Sacrifice du Calvaire. Il vous choisit pour réellement rendre présent – c’est-à-dire re-présenter – son Sacrifice. Mais le mot représenter n’est peut-être pas encore assez fort. Parce que le sacrifice n’est pas qu’une image, n’est pas qu’un rappel. C’est certes un rappel, mais ce n’est pas que cela, c’est beaucoup plus car chaque fois que vous ouvrirez la bouche, que vous remplirez cet office d’instrument, que vous direz « Ceci est mon Corps », c’est Notre Seigneur Lui-même qui va vous ravir ces paroles, qui va les faire siennes. Il est là pour les prononcer. Il est là pour faire passer cette puissance si énorme qu’elle va réaliser, qu’elle va rendre réelle, ce que ces paroles disent. Et alors, cette hostie que vous tenez dans les mains, ce bout de pain, une fois les paroles dites, c’est Jésus, le Verbe de Dieu. Dieu Tout-Puissant, Créateur, Sauveur, Rédempteur, dans vos mains, par votre bouche : Dieu qui s’incline, qui obéit à son prêtre.
Le prêtre doit avoir la foi en son sacerdoce
Il y a une proximité entre le prêtre et l’hostie à laquelle il vaut bien la peine de réfléchir. Quand on voit l’hostie, ce qu’on voit ce ne sont que des apparences, que l’on appelle les espèces : c’est ce qui tombe sous nos sens. On voit une forme, on voit une couleur, dans la bouche on le sent, et tout nous indique du pain : ce sont les apparences, les espèces, les accidents. Mais la réalité, c’est Jésus. Ainsi du prêtre : on voit, on entend un homme, mais la réalité c’est Jésus.
 
Ce n’est pas tout à fait la même chose parce que dans l’hostie, la substance du pain a disparu, elle est remplacée par la substance du Corps du Christ. Tandis que le prêtre reste bel et bien homme. Il reste homme, mais il est porteur d’une réalité qui n’est accessible que par la foi. C’est vraiment dans la Messe que vous voyez à quelle hauteur Dieu vous appelle, et vous élève, au point même que les anges s’effacent.
 
Il y a cette jolie anecdote de saint François de Sales, qui voyait son ange gardien, qui entretenait une relation vraiment très proche avec son ange gardien qui le conduisait partout. Le jour de son ordination, au sortir de l’église, l’ange s’est retiré pour laisser passer le prêtre. Au-dessus des anges, voilà le prêtre ! Reconnaissez ce que vous faites.
 
Les sacrements sont comme une extension de la Messe, mais c’est vraiment dans la Messe que vous trouvez ce que vous êtes. Vous n’êtes plus pour vous-même. Vous êtes pour Dieu et pour les âmes. Vous êtes pour l’Eglise, mais avant tout vous êtes pour Jésus. C’est votre tout. Et Il vous appelle à un sacrifice. La Messe est un sacrifice. On ne le dit peut-être pas assez. Aujourd’hui, on nous rabâche tant et tant de fois que la Messe est l’assemblée du peuple de Dieu, de la communauté qui fait – c’est une définition hérétique – mémoire de la Cène. Alors le prêtre devient le président de cette assemblée. La messe est un repas, une fête… Dire ainsi que la Messe est un repas, est condamné par l’Eglise. Condamné ! Voyez combien d’erreurs sont répandues sur cette réalité. Non, la Messe est un sacrifice. C’est le Sacrifice de Notre Seigneur au Calvaire. Un sacrifice identique à ce Sacrifice. Et vous y êtes associé. Votre vie maintenant trouve son sens et n’a plus d’autre sens que dans la Messe, que dans ce Sacrifice.
 
En disant tout cela, vous voyez bien que le prêtre est un homme de foi. C’est un homme qui doit avoir la foi en son sacerdoce. Il doit y croire. Il n’a plus le droit de s’appuyer sur lui-même. Il doit bien sûr donner tout ce qu’il a, tout ce qu’il peut, toutes ses facultés et tous les dons du bon Dieu, il doit les faire fructifier, mais sans jamais compter sur lui-même. Jamais, parce que tout ce que vous faites pour les âmes ne peut pas rester au niveau des hommes. Cela ne servirait à rien pour le Ciel. Votre action consiste à donner la grâce, la grâce est surnaturelle. Et cela, vous ne pouvez en aucune manière le produire par vous-même. Il n’y a que Dieu qui produise la grâce, parce que la grâce est une participation à la vie et à la nature de Dieu.
 
C’est pourquoi nécessairement, tout votre apostolat doit s’accomplir avec un regard de foi. Au moment où vous l’oubliez, vous ne faites plus rien. Vous vous agitez, les hommes peuvent vous admirer, mais cela ne sert plus à rien parce qu’il manque l’essentiel qu’on ne voit pas. Aussi est-il nécessaire d’avoir d’abord cette foi en votre sacerdoce, pour prendre les bons moyens qui sont et restent surnaturels ; et ensuite pour communiquer cette foi. Si on n’a pas la foi, on ne peut pas plaire à Dieu. C’est impossible, nous dit l’Ecriture Sainte (Héb. 11,6). C’est Dieu qui nous le dit lui-même : impossible de plaire au bon Dieu si on n’a pas la foi.
Le combat de la foi
On vit une époque où cette foi est malmenée, attaquée, déchiquetée, partout, au dehors comme au dedans de l’Eglise. Ce sera l’une de vos fonctions, après la Messe, que de donner cette foi, de la communiquer aux âmes, afin de les élever au-dessus des réalités humaines, de les conduire vers la réalité de Dieu. Et cette foi, il faudra aussi la défendre.
 
C’est notre histoire, celle de la Fraternité, celle de notre fondateur. Et cette histoire, mes bien chers frères, elle continue. Je dirais même que, devant cette réalité sublime, parler d’accords ou pas avec Rome, est une bagatelle. Défendre la foi, garder la foi, mourir dans la foi, voilà l’essentiel ! On a l’impression que les autorités romaines ne nous comprennent pas, parce qu’elles n’ont pas compris que, pour garder cette foi catholique, nous sommes prêts à tout perdre. Nous ne voulons absolument pas lâcher la foi. Or malheureusement c’est un fait que l’on constate tous les jours, avec le Concile, par le Concile, et dans le Concile, ont été introduits des poisons qui sont dommageables à la foi, qui conduisent les âmes dans l’erreur, qui ne les défendent plus, qui ne les protègent plus dans leur foi. Nous dénonçons cela, et c’est pour cela qu’on nous condamne. Encore aujourd’hui, la condition que l’on veut nous imposer pour nous reconnaître le titre de catholique, c’est d’accepter ces choses-là qui justement démolissent la foi. Mais nous ne pouvons pas, c’est tout, c’est simple. En aucun cas, nous ne sommes d’accord pour diminuer ce qui est absolument essentiel pour aller au Ciel, la foi, avec toutes ses conséquences. C’est pourquoi ce combat est nécessaire, un combat de tous les jours.
Credidimus caritati
Mais il n’y a pas que le combat de la foi. Il est l’essentiel, mais il ne suffit pas. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, nous sommes arrivés à une époque, on pourrait dire, de combat universel : il y va du salut. Il faut avoir la foi, mais il faut aussi avoir la charité, il faut avoir la grâce et vivre dans l’état de grâce. On peut pécher contre beaucoup d’autres vertus que la foi, comme ces pauvres gens qui se trouvent dans un monde devenu un abîme de tentations. Il n’y a presque rien d’autre que des tentations dans ce monde. Et il faut y résister, il faut donner à ces gens la force, le courage de résister. Agnosce quod agis, reconnais ce que tu fais.
 
La place du prêtre est essentielle pour le monde, en toute époque, mais aujourd’hui encore plus que jamais. On rapporte que le Padre Pio disait que le monde pouvait plus facilement tenir sans soleil que sans prêtre. Le prêtre est beaucoup plus important même que le soleil. Imitare quod tractas, imite ce que tu fais. La foi, il la faut, mais elle ne suffit pas.
 
Un prêtre qui a la foi, c’est important. Et si vous avez une foi à déplacer les montagnes, c’est encore mieux, mais cela ne suffit pas. Imitez ce que vous faites. Et là aussi, c’est encore la Messe qui vous dit que dans ce sublime commerce avec Dieu où vous négociez le salut des âmes, vous devez payer de votre personne, – je dis bien : payer de votre personne. Le prêtre n’est pas seulement prêtre, il a une part dans le sacrifice : la part de la victime, de l’hostie. Et à chaque Messe, cela vous est rappelé dans la communion qui pour vous est, d’abord et avant tout, la manducation de la Victime, c’est-à-dire l’association, l’union avec la Victime du Sacrifice, qui est Notre Seigneur. Notre Seigneur qui dit : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime » (Jn 15,13). Notre Seigneur vous commande d’aimer ses brebis, de L’aimer Lui d’abord, et ensuite toutes ses âmes. Il n’y a pas d’exception. Il n’y a pas de limite. Toutes celles pour qui Il a donné son Sang. Il est mort pour tous, pour toutes les âmes, et Il vous demande d’embrasser ce souci-là. C’est le souci du prêtre, je dirais qu’il n’y en a pas d’autre : sauver les âmes.
 
C’est pour notre salut qu’Il s’est fait homme, qu’Il est devenu Jésus. Et si vous êtes prêtre, c’est pour cela et rien d’autre : sauver les âmes, sans aucune limite, sans aucune restriction. Vous ne pourrez jamais dire : je dois m’occuper de ces âmes-là seulement, de ce petit groupe que je connais, de ceux qui m’aiment. Non, vous ne pourrez jamais dire non plus : ces âmes-là, ce sont des ennemis, je ne m’en occupe pas. Non, Notre Seigneur est mort pour tous. Vous portez le caractère sacerdotal, la marque du prêtre, et tous les hommes, secrètement dans leurs âmes, savent que vous êtes prêtre pour tous.
 
Il est dur quelquefois, quand on voit l’ennemi, quand on se sent douloureusement épinglé, d’oublier et de se jeter dans la Passion du Christ pour ces âmes, pour elles aussi. « Bénissez ceux qui vous maudissent » (Lc 6,28), c’est la loi de l’Evangile. Imitez ce que vous faites. Alors vous rayonnerez. Vous n’aurez pas besoin de le leur dire. Simplement, en vous voyant faire, les âmes sauront que vous êtes là, pour elles, que vous les aimez, qu’elles comptent plus que vous, dans votre vie. Mais, pour vous, compte plus encore Jésus, votre Seigneur.
 
Nous allons demander à la Sainte Vierge, Mère de Jésus, Mère du Prêtre, Mère de ces sublimes vocations, qu’elle vous enfouisse, qu’elle vous fasse entrer encore beaucoup plus profondément dans cette foi du prêtre, dans cet amour, dans la charité sacerdotale qui vous est donnée. Le Pontifical dit, en effet, que Dieu est assez puissant pour vous donner cette charité, pour vous donner cette grâce, pour vous faire grandir dans cet amour.
 
Que Notre Dame vous protège, vous assiste dans cette magnifique vocation, pour vous-même, pour le salut des âmes, pour la gloire de Dieu et l’honneur de l’Eglise. Ainsi soit-il.
Afin de conserver à ce sermon son caractère propre, le style oral a été maintenu.
Le titre et les intertitres sont de la rédaction. DICI du 30/01/13.