17 janvier 2013

[Abbé Aulagnier - Revue Item] Une histoire. Et si elle était mon testament ? C’est du moins le récit d’une vie

SOURCE - Abbé Aulagnier - Revue Item - 17 janvier 2003

Auprès de Mgr Lefebvre, j’ai appris à aimer la Messe. Il me semble que je peux me rendre ce témoignage. Je ne sais si cela convient. J’écris ce « mémoire » dans l’enthousiasme d’un « fils » de Mgr Lefebvre. Je le dis sans flagornerie, sans orgueil, en toute sincérité, y voyant du reste un effet de la bonté de Dieu.Oui! C’est Mgr Lefebvre qui m’a fait comprendre mieux que quiconque la grandeur de la Messe. Elle renouvelle le « Sacrifice Rédempteur » de N.S.J.C. Elle rend au Dieu Trinité « tout honneur et toute gloire ». Cette Messe, ma foi me l’a fait considérer comme le plus bel acte d’amour de N.S.J.C. pour son Père, le plus bel acte de charité de N.S.J.C. pour nous, pour la rédemption de nos âmes pour notre éternité bienheureuse. Je sais qu’elle est aussi le plus bel acte de justice posé. L’oblation sublime de cette immolation a seule pu satisfaire surabondamment la justice de Dieu. Dieu nous donna « le prêtre et la seule victime », qui purent compenser l’infinie malice du péché originel. Manifestation évidente de sa miséricorde. Il fallait en effet un acte théandrique pour satisfaire la justice de Dieu. D’où la raison de l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme. Notre Seigneur expie, répare pour nous, à notre place, à notre avantage, la malice du péché originel. Dans son immolation offerte, obéissante, Notre Seigneur répare, ordonne toutes choses à Dieu, rend à Dieu toute louange, toute obéissance, celles que lui doit toute créature. La Messe est expiatrice, propitiatoire, satisfactoire. C’est ainsi le plus beau trésor de la Sainte Église, le plus beau trésor de notre foi, la source de toute espérance eschatologique, le soutien de notre charité et de notre amour pour Dieu et son Christ.

Mais j’aime aussi le rite dans lequel ce sacrifice rédempteur est offert, celui codifié, canonisé par saint Pie V – comme étant la « règle » par excellence. J’aime cette Messe, son ordre, sa hiérarchie, son silence. La profondeur et la beauté des oraisons de son « Offertoire », de son Canon. Tous les mots sonnent, sont précis, expriment à merveille la beauté de la foi, le rôle spécifique du prêtre, la valeur sacrificielle de la Messe, la présence réelle substantielle de Notre Seigneur, comme victime, que j’adore. Les rites expriment merveilleusement tout cela. Ils ont une portée sublime. Ils soutiennent ma prière, la raniment si besoin est. Ils « obligent » ma foi. Pour tout l’or du monde, je ne quitterai cette Messe. Elle est le cœur de l’Église. Elle y puise son souffle, son élan missionnaire, son adoration.

Cette Messe, celle-là et pas l’autre, nourrit, fortifie mon sacerdoce. Elle est, aujourd’hui, la raison de ma vie, de ma vie sacerdotale, de ma consécration à Dieu. Elle fut au cœur de tout mon apostolat. Elle fut la raison de mon appartenance à la FSSPX. Elle fut la raison de mon attachement à Mgr Lefebvre, le grand défenseur, en acte, de cette Messe. Elle fut la raison de mon activité en France, comme Supérieur de District pendant 19 ans. Toutes les fondations de prieurés, toutes les écoles créées, toutes les initiatives prises, toutes les conférences données, toutes les manifestations publiques réalisées n’eurent qu’un but – et il en était ainsi pour tous mes confrères – la Messe, la Sainte Messe, son maintien, son retour, sa diffusion parce que source essentielle de toute sainteté. Ainsi de la grande manifestation à la Porte de Versailles, en 1979. Ainsi de la manifestation au Bourget, dix ans plus tard. La Messe, son triomphe – puisqu’elle était attaquée et avec quelle violence incompréhensible – en était le motif ultime.

Il en fut de même pendant tout mon temps en Normandie, de 1995 à l’an 2000. Et là, ce combat se fit et par a plume, en tant que Prieur, avec le Bulletin Saint-Jean- Eudes. Et par l’action. Ce fut alors ce que j’ai aimé appeler le « combat du Chamblac » avec pour objectif le maintien de la Messe tridentine qui fut célébrée, dans cette paroisse, pendant trente ans par son bon curé Monsieur l’abbé Montgomery-Wright. (J’en parle dans le livre 1 de mon livre : » L’enjeu de l’Eglise : la messe »). 

Ce fut ensuite le « combat de Lisieux », combat « merveilleux ». (C’est l’objet du livre II du même livre). Ce fut la raison de Bulletin Saint-Jean-Eudes qui changea, un jour, son titre, en « Nouvelles de Chrétienté ». Là, je voulais défendre, expliquer la raison de « notre combat ». Je voulais enthousiasmer les lecteurs et les élèves du Cours Sainte-Catherine à Saint-Manvieu où j’enseignais le catéchisme, chaque semaine, aux quatre dernières classes du Secondaire, leur faire aimer la beauté de cette Messe et les « motiver » pour ce combat. On ne le fera jamais assez. Ils avaient pour objet: la Messe, ses victoires, ses difficultés. Transmettre l’amour de la Messe, expliquer les raisons de notre attachement à cette Messe, rappeler les raisons théologiques que nous avions reçues de nos anciens. Me faire l’écho de la théologie d’un Père Calmel, d’un abbé Dulac, d’un Jean Madiran…

Tout ce qui touchait à la Messe, à son retour sur nos autels, à sa victoire me passionnait. C’est la raison pour laquelle j’ai suivi de très près tout ce qui se disait, se faisait sur la Messe. Toutes les victoires de la Messe m’enthousiasmaient. Jusqu’à Campos. La Messe et son retour furent l’angle sous lequel j’analysais ce formidable « accord ». J’apprenais la publication en italien, en allemand des livres du Cardinal Stickler, du Cardinal Ratzinger, j’en attendais, avec fébrilité, la traduction française. J’en utilisais les arguments. Je crois bien que j’ai lu tout ce qui s’écrivait sur la question, en langue française. C’est ainsi que je dévorais le livre de Geffroy et de Maxence: « Enquête sur la Messe traditionnelle » publiée en juin 1998, comme supplément à la revue La Nef. Là, je fus passionné par la publication des lettres entre le Cardinal Re, à l’époque, substitut de la Secrétairerie d’État, puis Préfet de la Congrégation des évêques, aujourd’hui en retraite et Monsieur Éric de Saventhem, président émérite d’Una Voce international, lettres qui, pour moi, ont une réelle importance. Que d’enseignements précieux! En ce livre, tous les « ténors » de la Tradition, toutes tendances confondues, s’y exprimaient. Lire tout cela était précieux pour apprécier les raisons des uns et des autres. Les meilleures interventions étaient celles de Monsieur l’abbé Claude Barthe, du côté ecclésiastique – je n’avais pas encore repris contact avec lui – et de Michel De Jaeghere, du côté laïc. C’est ainsi que je fus « gourmand » des publications du « C.I.E.L » dont j’ai eu connaissance seulement en 1998. J’ai fait venir tous les actes de leurs différents colloques. En même temps, je reprenais les travaux publiés dans Itinéraires. Je me passionnais pour cette histoire de la Messe.

A cette lumière, on comprendra pourquoi j’ai suivi les communautés Ecclesia Dei adflicta dans leur pèlerinage d’action de grâces à Rome en 1998. Si nous ne partagions pas les mêmes points de vue, si les « disputes » entre nous furent vives, je ne les considérais pas, ni hier, encore moins aujourd’hui, comme des « ennemis ». « Avec nulle autre personne nous étions aussi proches ». J’aimais dire cela souvent à Monsieur l’abbé Lorans. Même si Mgr Lefebvre avait coupé les relations avec les uns et les autres, il les considérait, tous, toujours comme ses « fils ». Ne me disait-il pas un jour, alors que nous avions eu déjà beaucoup de prêtres partis : « Finalement je n’ai pas eu la main si malheureuse que cela ». Il voulait parler des ordinations faites.

Oui, je suis allé à Rome en 1998. On me le reprocha. Est-ce sérieux? Je fus passionné par les propos tenus, le 24 octobre 1998, par le Cardinal Ratzinger. J’ai pu les comparer à ceux du Pape Jean-Paul II, prononcés deux jours plus tard, le 26 octobre et préparés vraisemblablement par Mgr Ré de la Secrétairerie d’État. Les différences étaient grandes. (Je l’ai écrit dans le 3ème livre du livre cité plus haut)  Ce qui me permettait de comprendre que l’unanimité n’existait pas entre les dicastères en cette affaire de la Messe… Savoir cela avait son importance. Un militaire cherche à connaître le terrain… Il est plus efficace… Je fus attristé des propos tenus par Dom Gérard. Je souffrais de ses contradictions internes, de cette dialectique… Je voyais tout particulièrement les réticences – pour ne pas parler de refus de la Messe tridentine – des épiscopats et, particulièrement, de l’épiscopat français.

Et sous ce rapport, le « combat de Lisieux » me passionna. Je voulais – c’était le but déclaré de ce pèlerinage – faire triompher le droit de cette Messe. Vous imaginez! Un grand rassemblement populaire! À Lisieux! 10000, 20000 fidèles et même plus à Lisieux pour cet unique objet: la Messe, son retour sur nos autels. C’était possible! En trois ans, nous avions pu déjà réunir 3500 fidèles. La nef de la Basilique était pleine le 14 octobre 2000.  Demandez à M l’abbé de Tanoüarn ! Et ce n’était que le troisième pèlerinage… La situation – proche de Paris – était parfaite. Le patronage de la Sainte, idéal ! J’argumentais pour attirer le plus de monde possible. Le but était noble: créer une « dynamique » en faveur de la Messe.Les responsables de Suresnes, eux, influencés par leur conseiller juridique, n’avaient qu’une peur: « Que je perturbe l’ordre public ». D’où leur réticence, leur opposition. Ils en étaient « agacés ». Aussi faisaient-ils tout pour que ce  pèlerinage ne soit que local et le demeure. Ils auraient bien préféré n’en rien connaître.

On ne dira jamais assez combien ce problème de l’« ordre public » à préserver, à respecter, à ne pas troubler, – toujours invoqué – fut « sclérosant » pour l’apostolat, et combien il fut préjudiciable aux bonnes relations humaines dans la FSSPX, en France. J’en parle en connaissance de cause. Il eut fallu – il le faudrait encore aujourd’hui – en mieux analyser le « concept » ainsi que les actions, celles du moins qui, de fait, risquaient ou risqueraient de le mettre en cause… Ce qui supposait et supposerait bonne analyse, concertation aussi. Et non refus systématique. Mais les personnalités « supérieures » qui dirigeaient la FSSPX étaient toutes étrangères à la France et n’en percevaient pas toute l’acuité. Le comprennent-elles aujourd’hui? Je le souhaite. Je le leur dis ici. Et si derrière tout cela, une main cachée faisait sonner l’argument de l’ordre public pour maintenir le statu quo et empêcher tout nouveau Saint-Nicolas-du-Chardonnet?

En 1999-2000, j’ai vibré aux difficultés de la Fraternité Saint-Pierre. Non point que je me réjouissais de leurs difficultés. Bien au contraire. Mais parce que je voyais surtout s’exprimer là, en cette occasion, différences et contradictions au plus haut niveau romain. On nous disait que la Messe tridentine n’avait jamais été abolie. C’était le Cardinal Stickler qui le disait et le révélait. Ce que nous avions toujours dit et justifié (Vérité nouvellement confessée par Rome… La commission des neuf cardinaux, créée pour dire le droit, le confessait en 1995). Et en même temps – c’était le 3 juillet 1999 – on nous disait qu’elle n’existait plus, qu’elle avait été supprimée au bénéfice de la Messe de Paul VI. Et à ce titre, l’autorité romaine obligeait la démission de messieurs les abbés Bisig, Coiffet, Pozzetto et même les destituait – alors qu’il eut fallu les conforter.

Or toute contradiction peut laisser présager une évolution… Évolution possible ! C’est précisément ce que l’on sentait au milieu de ces graves difficultés. On sentait bien que le mouvement en faveur de la Messe tridentine allait dans le bon sens. On assistait peu à peu au retour de la Messe. Au milieu de mille difficultés. Mais c’est la vie. « On finirait par gagner ». C’était ma conviction profonde. La victoire était au bout par un bienfait de Dieu. Sainte Jeanne d’Arc n’avait-elle pas fini par gagner, elle, un « combat impossible »: conduire le dauphin à Reims. Dieu! Au milieu de combien de difficultés et d’obstacles surmontés.

Évolution possible! Que de chemin parcouru depuis 1969, surtout depuis 1984, depuis le fameux « indult » du Pape Jean-Paul II. Nul doute que l’on pouvait dire, comme le faisait Madiran, « la Messe revient ». Voilà la certitude qui m’animait. Le langage « romain » devenait différent. La hiérarchie, malgré ses contradictions internes, révélatrices de luttes d’influence, modifiait peu à peu son attitude pratique sur la Messe. Et c’est dans cette atmosphère de joies et d’épreuves, de succès et d’échecs qu’arriva l’année jubilaire de l’an 2000.

Les 8, 9 et 10 août 2000, nous fûmes accueillis dans les basiliques romaines… Nous aurions pu ne pas l’être, nous étions toujours considérés, pratiquement, comme « schismatiques ». « Comment des schismatiques… officiellement accueillis dans les basiliques romaines? » Impossible ! Étonnant. Non ! J’en faisais un compte rendu dans le numéro 58 du Bulletin Saint-Jean-Eudes, d’octobre 2000. Et de fait, en cette année jubilaire, un peu partout, la « Tradition » était reçue dans divers sanctuaires. Hier, les portes nous étaient bel et bien fermées. Aujourd’hui, elles s’ouvraient. Et c’est ainsi que M. l’abbé Bouchacourt put, avec ses fidèles, gagner l’indulgence jubilaire en l’Église Saint-Sulpice à Paris. Et ce sont les 3500 pèlerins de Lisieux qui purent gagner aussi cette indulgence dans la Basilique de Sainte-Thérèse… De cela nous en parlions dans le numéro de novembre 2000 du Bulletin.

Cette année jubilaire fut aussi l’occasion d’une reprise de contacts du Vatican avec la FSSPX. Ce ne fut pas la moindre des grâces. L’espérance dans nos rangs était grande quoique réservée. Les événements que venaient de connaître la FSP nous y obligeaient. Toutefois Rome nous appelait, nous proposait une  « solution de paix ». C’était nouveau. Nous étions jusque-là plutôt demandeur : « Laissez-nous faire l’expérience de la Tradition » demandait Mgr Lefebvre pendant des années. Aujourd’hui, Rome prenait l’initiative et nous proposait elle-même de faire « cette expérience ». Les « données » du problème étaient nouvelles. La « Messe » dite de saint Pie V ne faisait soudainement plus de problème… On n’y a peut-être pas assez réfléchi.

Et l’ « hésitation » manifestée, pour ne pas parler de « refus », pourrait peut-être bien être une des raisons des difficultés rencontrées aujourd’hui, dans les rangs de la FSSPX? Qu’on veuille bien y réfléchir! Mais c’est là, je pense, un simple problème de « stratégie ». Du moins, je l’espère ! Au même moment, les « pères » de Campos rendaient publique, dans leurs bulletins, la lettre de Mgr de Castro Meyer au Pape Paul VI. Là, ils lui demandaient le maintien dans leur diocèse, de la Messe latine et grégorienne dite de saint Pie V. Dans un magnifique « mandement », il en donnait les raisons.

À peu près au même moment, étaient diffusées en France les homélies et les conférences du Cardinal Stickler – ignorées jusque-là, du moins des Français – dans un petit livre « blanc » diffusé par le C.I.E.L. C’était en mai 2000  J’ai apprécié ces textes. J’ai apprécié surtout sa conclusion: « Le pape ne reviendra pas sur ce qu’il a déjà fait mais au contraire il ira plus loin encore dans la voie amorcée… pour instaurer une juste réconciliation entre la Tradition inaliénable et un développement justifié par le temps ». Paroles d’un cardinal romain jouissant d’estime et de respect à Rome. Notre espérance était fondée. Je faisais une présentation de sa pensée, dans Nouvelles de Chrétienté, revue qui avait succédé au Bulletin Saint-Jean-Eudes, en décembre 2001. (C’est l’objet du chapitre I du livre V du livre sur l’enjeu de l’Eglise: la Messe »)

Il faut également prendre en compte l’influence qu’exercèrent les articles de M. l’abbé Barthe dans Catholica, revue trimestrielle. Il y était le chroniqueur régulier du « fait religieux ». Il ne l’est plus! Et quelle autorité aujourd’hui ! Elle est reconnue. Il écrit, à cette époque, un article sur « le processus du retour de la Messe ». J’en fais l’analyse dans le n° 62 de février 2001. Il l’intitule « Liturgie: le temps favorable ». Le titre est audacieux. On sortait à peine des troubles connus par la Fraternité Saint-Pierre où ils furent tous obligés au bi-ritualisme… (Ce sera le chapitre II du même livre). Il ne faut pas non plus oublier de noter l’interview du Cardinal Ratzinger qu’il publia dans Spectacle du Monde.

 Oui, c’est dans cette atmosphère extrêmement riche de possibilités que s’ouvrirent les contacts de Rome avec la FSSPX et la Fraternité Saint-Jean-Marie-Vianney du Brésil. Tout cela me passionnait. Les « négociations » eurent lieu toute l’année 2001.

Le 13 janvier 2001, nous nous trouvions tous réunis autour du Supérieur général. La barre fut mise très haut. Ce n’était pas pour me déplaire. Mais notre « façon de faire » après, dans la négociation, fut loin d’être bonne. Je l’ai dit. Rome ne put accepter sans pour autant interrompre le « dialogue »… Je n’en fus pas surpris. Les contacts s’estompèrent sans être toutefois complètement coupés, nous disait Mgr Fellay. J’ai regretté vivement l’arrêt « pratique » de ces conversations. J’ai alors donné ma démission d’assistant général, à la mi-janvier 2002 Elle fut acceptée sans problème. Ai-je eu tort ?

Les Pères de Campos, de leur côté, nos amis fidèles et estimés, sous l’autorité de Mgr Rangel, pensèrent en conscience devoir continuer. L’aspect « ecclésial » de notre « combat » ou de notre« amour de la Messe » ne fut pas la moindre de leurs raisons. J’étais bien de cet avis. Je les ai vivement encouragés. Je leur ai donné mon total soutien, leur promettant ma présence auprès d’eux, en cas de victoire. Outre l’amitié qui me liait à eux et l’estime que je leur portais pour leur zèle apostolique – je suis allé deux fois les visiter –, j’ai toujours apprécié les raisons théologiques qu’ils savaient proposer pour justifier notre combat missionnaire, avec le délicat problème de la « juridiction ». Du reste, je publiais en France leur étude: « Notre position dans l’actuelle situation de l’Église ». Cette estime était générale. Mgr Rifan, à l’époque simple prêtre, était hautement considéré par la Maison générale de la FSSPX. C’est lui qui fut choisi pour prêcher la retraite des capitulants au Chapitre Général en 1994. Tâche délicate s’il en était… Il fallait pour cette circonstance un homme sage.

Oui, je leur fis confiance et je me suis réjoui des résultats qu’ils surent obtenir de Rome: la création d’une administration apostolique personnelle appelée Saint- Jean-Marie-Vianney, en plein cœur du diocèse de Campos, (voir article sur  Item, dans la rubrique : Nouvelles de chrétienté du 17 janvier 2013) avec la reconnaissance exclusive pour leurs prêtres de la Messe de saint Pie V et leur propre Évêque. J’étais aux anges. Pour moi, Mgr Lefebvre aurait été très satisfait de cet accord, lui qui avait accepté le protocole d’accord du 5 mai 1988 et qui aurait été jusqu’au bout s’il avait eu la certitude de sa « succession »: l’acceptation par Rome de l’évêque… Ce que Campos avait étonnamment obtenu.

Le 18 janvier 2002 fut la date retenue par Rome pour la signature officielle des documents. Je me trouvais, comme je le leur avais promis, au milieu d’eux. Une parole est une parole. On me le reprocha… Mais l’interdiction était loin d’être claire et fondée… Là encore, je considérais toutes choses sous l’angle de la Messe. Pour moi, c’était une victoire. Une victoire en faveur de la Messe de toujours. Je le démontrais dans un article de Nouvelles de Chrétienté le n° 72. Je le consacrais totalement à cette affaire. (Ce sera le chapitre 3 du livre V du livre cité plus haut)La chose étant d’importance, j’y revenais dans le deuxième numéro d’Item que je venais de fonder alors que je me trouvais en Belgique, comme prieur à Bruxelles – dans Item, puisque Nouvelles de Chrétienté m’avait été « arraché ». L’autorité peut tout faire, pense-t-elle ! (Ce sera le chapitre IV du livre).   Ces analyses  contrarièrent Mgr Fellay, certainement M. l’abbé Schmidberger ainsi que Mgr Williamson qui venait d’écrire, lui, un article dans sa Lettre aux amis et bienfaiteurs du séminaire de Winona, aux États- Unis : Campos is fallen. L’opposition était totale.

La coupe était pleine. Il fallait mon éviction! Elle eut lieu en septembre 2003, alors que je venais d’être nommé et confirmé comme prieur au prieuré de Shawanigan, au Canada…

Comme les choses sont étranges !