21 janvier 2013

[Gérard Leclerc - France catholique] Rome ne désespère pas de la réconciliation

SOURCE - Gérard Leclerc - France catholique - 21 janvier 2013
Depuis l’été dernier, on pouvait concevoir de grandes craintes quant à la possibilité d’une réconciliation de la Fraternité Saint-Pie-X avec le Saint-Siège. Tous les efforts accomplis à l’initiative de Benoît XVI semblaient compromis. Les déclarations amères, et même vindicatives des responsables de la Fraternité donnaient le sentiment d’un échec, après des mois d’échanges théologiques et de difficiles négociations. Beaucoup estimaient que c’était la fin d’une parenthèse et que les illusions se dissipaient. Pour quelques-uns, c’était même un soulagement. Grâce au ciel, nous allions être enfin débarrassés de ces gêneurs, de ces empêcheurs de vivre pleinement de l’esprit du Concile et des retrouvailles de l’Église et du monde. Et, de fait, tout semblait confirmer un retour aux oppositions radicales et aux déclarations les plus offensives de Mgr Lefebvre contre « la Rome moderniste ».
S’il faut donner un exemple personnel, l’auteur de ces lignes s’était efforcé d’approfondir le dialogue, en prenant au sérieux certains motifs théologiques illustrés par les lefebvristes, dans un essai publié dès la rentrée de septembre [1]. Son initiative fut accueillie dans un profond silence, aussi bien du côté des principaux intéressés que des autres partenaires. On pouvait être tenté d’abandonner la partie pour s’engager sur d’autres terrains, sollicité d’ailleurs par une actualité très urgente.
Pourtant, Rome, de son côté, ne renonçait pas. La preuve vient de nous en être apportée par la publication d’une lettre de Mgr Joseph Augustin Di Noia adressée, il y a plusieurs semaines déjà, aux prêtres de la Fraternité. On sait que le Pape a nommé spécialement Mgr Di Noia à la Commission Ecclesia Dei pour dénouer le conflit, eu égard à ses compétences particulières. Le contenu de sa lettre est propre à faire réfléchir les plus irréductibles, à cause de sa charité, de sa bienveillance et même de sa reconnaissance du charisme propre à Mgr Lefebvre. Elle indique de façon précise où se trouve la possibilité de la réconciliation, avec la reconnaissance explicite de l’autorité du Magistère, seul garant de la rectitude de la Foi et de la coexistence des familles spirituelles à l’intérieur de l’Église indivise.

[1] Gérard Leclerc, Lefebvristes : le retour. Pourquoi le dialogue est difficile mais intéressant, Salvator, 2012.