30 juin 2015

[Lettre à Nos Frères Prêtres - Abbé Bouchacourt - FSSPX] Nécessaire lucidité (éditorial)

SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX - juin 2015

Deux faits doivent actuellement attirer notre attention vigilante. Il s’agit, d’une part, de la situation des chrétiens en pays d’islam qui, en de nombreux lieux, sont menacés, attaqués et même souvent assassinés sans autre forme de procès. Il s’agit, d’autre part, du centenaire de l’immense massacre qui, dans l’Empire ottoman, a décimé les Arméniens et d’autres minorités chrétiennes.

De ces réalités, nous devons lucidement, me semble-t-il, tirer trois conclusions importantes. La première, c’est qu’une partie de l’islam considère comme légitime, normal voire nécessaire de persécuter et d’exterminer les chrétiens. Peu importe de savoir, pour le moment, si cette conception du « djihad » est légitimement déduite des textes coraniques ou, comme le prétendent certains, s’il s’agit d’une interprétation erronée. La seule réalité à connaître est que, en vertu de l’islam ou contre son véritable esprit, une partie des musulmans est décidée à attaquer et à détruire le christianisme.

La deuxième conclusion, plus importante d’un point de vue religieux, c’est que l’islam (et ici dans toutes ses composantes) est en pleine expansion. Des milliers de mosquées sont construites tous les ans à travers le monde, les conversions se multiplient, ses fidèles se réveillent, se ressaisissent et se remettent à pratiquer assidûment, sa « visibilité» s’accroît chaque jour.

Cette situation doit nous interroger. Notre religion catholique est-elle, elle aussi, en expansion à travers le monde ? Construisons-nous des églises pour accueillir les fidèles issus de conversions? Les anciens fidèles pratiquent-ils en masse, les séminaires sont-ils pleins ? Si tel n’est pas le cas, il est à craindre que l’islam ne finisse par submerger le christianisme.

Mais c’est la troisième conclusion qui est la plus urgente à considérer. L’Histoire nous apprend que la progression de l’islam ne peut être stoppée que par une foi vive et rayonnante. Aucune armée, aucun « drone », aucune mobilisation purement temporelle ne suffira pour arrêter une progression qui possède une dimension spirituelle.

L’Afrique, l’Asie mineure et une bonne partie du Moyen Orient connaissaient des chrétientés nombreuses, mais minées par le schisme, l’hérésie, le relâchement spirituel : ces chrétientés ont été littéralement englouties par l’islam conquérant. Au contraire, c’est par une foi ardente et pleinement orthodoxe que les Maronites du Liban ou les Espagnols de la Reconquista ont pu faire pièce aux assauts musulmans et demeurer catholiques.

Soyons lucides et courageux : l’unique voie de salut pour l’avenir de la religion catholique en nos pays est une foi brûlante qui informe toute la vie.