22 septembre 2017

[Anne Le Pape - Présent] La messe traditionnelle : un trésor remis à l’honneur

Mgr Pozzo, le célébrant de
la messe du 16 septembre
à Saint-Pierre
(Photo : Philippe Vilgier)
SOURCE - Anne Le Pape - Présent - 22 septembre 2017

Magnifique édition du pèlerinage Summorum Pontificum, du 14 au 17 septembre dernier, pour les dix ans de la promulgation du motu proprio de Benoît XVI redonnant au rite traditionnel sa place au cœur de l’Eglise. Nombreux étaient les Instituts ecclésiastiques ayant tenu à apporter à apporter leur témoignage de reconnaissance. Nous ne pouvons les citer tous : retenons l’Institut du Bon Pasteur dont le supérieur, l’abbé Laguérie, était présent ; le père abbé du Barroux, Dom Louis-Marie, et celui de Fontgombault, Dom Pateau ; le père Emmanuel-Marie, père abbé de Lagrasse ; des dominicaines du Saint-Esprit (Pontcallec) ; l’abbé Berg, supérieur de la Fraternité Saint-Pierre ; des religieuses missionnaires attachées au diocèse de Toulon ; des moines de la Fraternité Saint-Thomas Becket ; sans oublier l’ordre de Malte.
     
Mais les mieux représentés étaient sans conteste la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier de Chéméré (seuls trois pères avaient dû rester sur place pour assurer la messe), et surtout l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre : avec une trentaine de chanoines et le séminaire au grand complet – à l’exception de quelques séminaristes ayant dû se rendre à la première messe de l’un de leurs jeunes prêtres en Allemagne – l’Institut, très remarqué, était là en force.

Les pèlerins eux-mêmes venaient du monde entier. Citons, dans les groupes les plus remarquables, non par leur importance quantitative mais pour leur courage à effectuer le déplacement, des catholiques de Hong-Kong et un groupe venant de Laponie suédoise.
Expression de notre reconnaissance
C’est avec la cérémonie des vêpres au soir du 14 septembre, à l’issue du colloque consacré au motu proprio du 7 juillet 2007 (colloque sur lequel nous reviendrons) que le pèlerinage lui-même commença, avec une courte présentation de l’abbé Barthe assurant le pape Benoît XVI de la vive affection des participants et soulignant le caractère « irréversible » du mouvement donné par ce motu proprio au nouvel essor de la messe traditionnelle, source de vocations.

Le lendemain, après un chemin de croix assuré par l’Institut du Bon Pasteur à Santa Maria in Campitelli, les pèlerins se rendirent à Santa Maria sopra Minerva pour assister à la messe célébrée par Mgr Wach, supérieur général de l’Institut du Christ Roi. La procession d’entrée, impressionnante, vit défiler l’Institut au grand complet, et la présence de la centaine de séminaristes soulignait leur reconnaissance envers Benoît XVI. La cérémonie, avec chants grégoriens assurés par l’Institut et chants polyphoniques par la capella Ludovicea, chœur romain fixé à La Trinité des Monts, fut une superbe illustration du sermon de Mgr Wach, prononcé avec feu, tout à la louange de la liturgie, « pont dressé vers le ciel », rappelant son origine, sa nature et son rôle magnifique et nécessaire. La liturgie, a rappelé Monseigneur, « est le travail à long terme réalisé par la grâce et excède pour ce motif le champ des sensations. Elle ne peut être considérée séparément de la vie théologale : elle en est le vecteur, l’instrument et la manifestation ».

Le cardinal Burke tint à assurer, par quelques phrases émouvantes, l’oraison funèbre du cardinal Carlo Caffara, décédé quelques jours plus tôt, alors qu’il était prévu qu’il célèbre la messe du lendemain. Il évoqua ce prince de l’Eglise en rappelant qu’il s’était offert tout entier au Christ.
Messe à Saint-Pierre
Le samedi 16, c’est par une adoration eucharistique conduite par les prêtres de la Fraternité Saint-Pierre que la procession solennelle dans les rues de Rome fut précédée. Celle-ci prit naissance à la Chiesa Nuova, paroisse de saint Philippe Néri, sur le corso Vittorio-Emmanuel II, et se déroula jusqu’à Saint-Pierre, en passant par le Pont des Anges. Selon l’un des organisateurs, ce furent plus de 2 000 pèlerins qui y prirent part, sans compter le clergé qui comptait au moins 300 membres, parmi lesquels l’Institut du Christ Roi, là encore, fut le plus présent. On remarquait dans la foule des drapeaux polonais, hongrois, brésilien, une belle banderole allemande qui remerciait Benoît XVI et, bien sûr, un drapeau italien, d’ailleurs frappé du Sacré-Cœur. Les Français, nombreux, ne portaient pas de signes distinctifs.

Un message du pape François adressant ses « pensées cordiales et ses vœux les meilleurs aux pèlerins qui gardent vivante dans l’Eglise l’antique liturgie » fut lu au début de la cérémonie. « Que leur venue jusqu’au siège de Pierre rende fervente leur adhésion au Christ et leur donne un nouvel élan pour la profession de leur foi catholique et le témoignage de leur charité fraternelle », ajoutait le pape.

C’est Mgr Pozzo, secrétaire de la commission pontificale Ecclesia Dei, qui célébrait. Il salua Benoît XVI pour avoir rendu à l’Eglise la forme antique du rite romain. Il n’hésita pas à évoquer la grave crise liturgique que nous traversons. Selon lui, ce n’est pas le manque de vocations ou de messes que nous devons déplorer le plus, mais ce signe d’une crise inédite jusqu’à nos jours : la perte de la foi en l’Eucharistie, en la présence réelle.
Rendre sensible la vérité
Le dimanche 17 septembre, la messe de clôture du pèlerinage avait lieu à La Sainte-Trinité des Pèlerins, non loin du palais Farnèse. L’église était trop petite pour contenir tous les assistants. Le père Dominique-Marie de Saint-Laumer, prieur général de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, célébrait dans le rite dominicain – car le rite traditionnel peut lui aussi s’enorgueillir d’une certaine « diversité » – , mais c’est le père de Blignières qui prêcha, s’appuyant sur la phrase : « Le rite rend sensible la vérité. » La vérité sur Dieu : un nouvel assistant au rite traditionnel est frappé par l’ambiance sacrée, la disposition, le lieu réservé aux ministres, l’orientation, le mystère du « Canon » etc. ; il sent la confiance avec laquelle les participants adressent leurs prières à leur Père des cieux. La vérité sur l’homme qui, laissé à lui-même, est perdu et ne trouve pas de sens à la vie ni d’explication au scandale du mal ; parlant d’expérience, le père de Blignières a témoigné combien les convertis étaient touchés par le besoin de rédemption du pécheur. Enfin, la vérité sur le Christ, passage entre l’homme et Dieu, la messe étant véritablement sacrifice propitiatoire pour le salut des hommes. Rappelant que les prières du Canon romain avaient été déclarées « pures de toute erreur » par le concile de Trente, le prédicateur a rappelé que cette messe, qui a fait pleurer saint Dominique et saint Thomas d’Aquin, offrait une grande sûreté doctrinale au prêtre.

Après une période de confusion et d’injustice, a-t-il conclu, rendons grâce à l’Eglise d’avoir redonné place à ce rite qui a conduit et conduira tant d’hommes vers le Christ. Conclusion qui résume bien toute l’âme de ce pèlerinage d’action de grâce.

Anne Le Pape